Comme prévu par toutes les analyses, ADO est réélu, dès le premier tour, à la tête de l’Etat ivoirien. L’annonce en a été faite hier mercredi par la Commission électorale indépendante (Cei). A 73 ans, cet homme de sérail des milieux financiers, plébiscité avec 83% des suffrages (soit 2118229 voix), doit normalement entamer son deuxième mandat dans la sérénité. Mais compte tenu des immenses chantiers sociopolitiques et de développement qui l’attendent, la tâche ne lui sera pas des plus aisées.
C’est pourquoi chez l’ancien président Henry Konan Bédié, à la veille de la proclamation des résultats, il n’a pas manqué de demander à ses compatriotes de tourner définitivement la page de la crise que le pays a longtemps subie, afin de renforcer l’unité et la cohésion nationale. Mais pour qu’ADO soit entendu par les ivoiriens, lesquels sont partagés entre le doute et l’espoir, il lui faudra s’atteler sans perdre de temps à réconcilier les ivoiriens de tout bord autour de l’application de son programme de gouvernement. Comment ?
D’abord il lui faudra, sans perdre de temps, réactiver le processus de réconciliation de la Commission vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) avec des animateurs crédibles venant de toutes les sensibilités sociopolitiques, notamment de la Société civile. Ce forum ne devant pas, en aucune raison, se substituer à l’action judiciaire en cours au pays et à la CPI. Ce, afin que les victimes de la crise postélectorale de 2010 et de la guerre civile, qui aspirent à la manifestation du droit, ne se sentent pas sacrifiées.
Ainsi, en sachant bien que rien ne peut se faire dans un pays dans l’anarchie et l’insécurité, alors le nouveau président doit veiller à ce que les Forces de Défense et de Sécurité soient républicaines et véritablement représentatives des composantes de la nation ivoirienne. Ce qui permettra de rassurer les fils du pays que désormais leurs vies et biens seront préservées mais aussi que l’égalité entre les justiciables va régner dans le pays.
Au-delà de la quête permanente d’une bonne justice et une meilleure sécurité dans un climat de paix et réconciliation, le nouveau Chef d’Etat ivoirien est tenu non seulement de poursuivre les grands chantiers de développement qu’il a entamés durant son premier mandat, mais d’ouvrir d’autres afin de réduire davantage le chômage et la paupérisation dans le pays. ADO doit aussi œuvrer à ce que la croissance économique de plus de 8% que connaît le pays puisse profiter à tous, en l’occurrence au panier de la ménagère des plus démunis, pour que l’écart entre riches et pauvres s’amenuise considérablement.
Le nouveau Chef d’Etat devra continuer d’investir dans l’éducation et la santé, en faisant en sorte que tous les ivoiriens y aient accès. Ainsi, en plus de la scolarisation obligatoire des jeunes ivoiriens de 0 à 16 ans par l’Etat, il doit aussi faire en sorte que tous les bacheliers aient accès à l’université afin de poursuivre normalement leurs cursus. Ce qui lui permettra d’éviter les mouvements sociaux dans ces deux secteurs très névralgiques.
Pour avoir longtemps travaillé au FMI comme grand commis, ADO détient de nombreuses cartes maîtresses. A cet effet, il va bénéficier d’un important lobbying au sein des institutions financières internationales. Lesquelles vont sans nul doute l’aider dans ses œuvres de reconstruction nationale.
Toutefois, malgré tous ses atouts, le nouveau chef d’Etat ivoirien ne doit pas oublier qu’il va marcher sur des œufs durant cette nouvelle mandature. Par conséquent, il sera parfois contraint d’en casser pour faire des omelettes. Car, dans l’exercice de ses fonctions, un Chef est souvent obligé de prendre des décisions impopulaires mais qu’il juge bien pour le pays. Il devra donc se monter à hauteur de souhait. Bon vent ADO, pour ton second mandat !
Gaoussou M. Traoré
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