Afrik actu * : Zimbabwé, une page de l’histoire s’est tournée

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Robert et Grace Mugabe le 8 novembre 2017. CRÉDITS : AP
Robert et Grace Mugabe le 8 novembre 2017. CRÉDITS : AP

Après le coup d’Etat des militaires, les choses se sont accélérées au  Zimbabwe. Le  samedi dernier, le glas du pouvoir de Robert Mugabe a fini par sonner. Comme pour donner l’assaut final, le chef des anciens combattants de la guerre d’indépendance du Zimbabwe, Christopher Mutswanga, et la société civile, appellent à manifester dans les rues d’Harare pour exiger le départ du Chef de  l’Etat. Cette   manifestation qui fut autorisée par la police avait vu le  peuple, notamment  de nombreux militants de la ZANU-PF,  se mobiliser massivement  dans les rues de la capitale zimbabwéenne. La réussite de cette manifestation a fait perdre à  Robert Mugabe toute légitimité  à garder le pouvoir.

Un  Chef de l’Exécutif  qui avait réussi  à se maintenir aussi longtemps au pouvoir grâce à l’armée et aux anciens combattants.  Or, ce sont ces derniers qui ont incité le peuple à sortir. Lequel avait décidé de porter haut sa voix pour exiger le départ du Chef de l’Etat.  Ainsi  les « War Vets », naguère  piliers du régime et ultime soutien du président Mugabe, étaient devenus ces derniers moments  très critiques.

Pourtant, visiblement l’armée zimbabwéenne, en détenant de facto l’ensemble des  pouvoirs  institutionnels et refusant de reconnaître l’existence du coup d’Etat, aurait bien voulu que l’alternance politique se fasse dans les règles constitutionnelles. C’est pourquoi avec la médiation internationale, pilotée par le président sud-africain,  tous les scénarii avaient été engagés. Tel le  remplacement   de  Mugabe  par le  Vice-président Emmerson Mnangagwa,  prévu  par la Constitution.  Ce qui exigeait la  démission  préalable du Chef de l’Etat  qui  est resté dans l’obstination à garder son pouvoir.  Cette option était privilégiée à une destitution, également prévue par la Constitution, si les deux tiers du Parlement en font la requête.  Mais attendre sept jours, cela devenait long pour les militaires pour continuer à maquiller leur putsch. Ils n’avaient eu alors d’autres choix que de parachever la destitution du vieux  leader. Ce, pour permettre qu’une page de l’histoire du Zimbabwe se tourne.

Dans l’intérêt supérieur de la nation  et pour une sortie honorable, le Chef de guerre de la lutte de libération nationale  et père de  l’indépendance  qu’incarne Mugabe, devrait  cesser de s’accrocher au pouvoir pour une  retraite dignement méritée.  Son départ n’était plus  négociable et  était devenu une exigence par  la complexité et la gravité  des derniers évènements qui se sont déroulés  dans son pays.

D’ailleurs, après avoir  passé  quasiment  quarante ans aux commandes du pays, le patriarche Robert  Mugabe devrait  savoir raison garder afin  de permettre  à son pays de connaître  un renouveau politique. Malgré cela,  Mugabe avait refusé de démissionner mais les contradictions politiques  et  le soulèvement du peuple ont eu raison de lui. Tant mieux, si l’on est arrivé à ce stade  pour pouvoir tourner cette  page de l’histoire politique du Zimbabwe.

Gaoussou Madani Traoré

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