Après avoir été renvoyé officiellement par la Cour Constitutionnelle à l’exercice d’un second septennat comme Chef d’Etat du Gabon, Ali Bongo Odimba peut encore jubiler. Puisqu’avant l’ultime proclamation de cette victoire serrée sur son rival Jean Ping, certains analystes politiques n’avaient pas écarté une possible victoire de celui-ci. Une réalité dont le président sortant et son camp étaient bien conscients.
Lors de son investiture, Ali n’a alors pas manqué de reconnaître le sens du doute et de la déception de certains de ses compatriotes à l’endroit desquels et surtout de l’opposition, il s’est dit ouvert pour un dialogue inclusif, sans tabou ni soupçon. Mais s’il a pu se tenir, ce dialogue annoncé pourra-t-il permettre aux gabonais de solder leurs querelles intestines afin de s’adonner au développement socioéconomique de leur pays ? Les acteurs politiques gabonais sont bien condamnés devant l’histoire à s’entendre sur l’essentiel afin de permettre un climat propice pour pouvoir débattre de toutes les questions, sans exclusive, de la nation.
Comme cela, même s’il est évident que le pouvoir en place détient dans son escarcelle l’essentiel de l’alchimie pour permettre de décrisper la désastreuse situation postélectorale, l’opposition devra aussi se résoudre à jouer sa partition en acceptant la main tendue du vainqueur. Cela est d’autant plus nécessaire qu’entre deux adversaires politiques, il faut forcément une bonne dose de compromis. Sans laquelle, un dialogue politique n’est jamais possible. Autrement dit, il faut que le principal opposant, Jean Ping, sorte de sa logique de boycott pour reconnaître le verdict de la Cour constitutionnelle de son pays. Une institution républicaine devant laquelle, il avait volontairement soumis ses plaintes électorales.
Mieux, l’opposition gabonaise, en tirant simplement les leçons des différentes élections présidentielles qui ont lieu en Afrique bien avant celles du Gabon, doit comprendre que la clef de la résolution de ce différend politique ne peut provenir d’aucune autre main que celle des gabonais. Même si la France, les USA et les pays occidentaux en général ont émis de sérieux doutes sur les résultats officiels de la Cour constitutionnelle et n’ont pas félicité le vainqueur, leurs intérêts économiques et stratégiques font qu’ils n’iront jamais au-delà de ces déclarations.
Ce serait d’ailleurs trop naïf de comprendre que les puissances économiques et militaires occidentales se soucient de la promotion de la démocratie en Afrique. Ils ne soutiennent en réalité que le pouvoir qui ne compromet pas leurs intérêts. Même si celui-ci n’a pas gagné dans les règles de l’art. Leur attitude actuelle envers le pouvoir en place au Gabon, n’est que passagère.
Ce n’est plutôt qu’un simple coup de semonce adressé à celui-ci, sinon les affaires vont continuer de plus belle entre eux.
Toutefois, le nouveau président devra, pour ne pas être entravé dans l’exercice de son second septennat, s’investir prioritairement à rechercher tous les voies et moyens pour ramener le calme dans son pays, mais aussi et surtout la concorde et la confiance entre son pouvoir, son opposition et ses compatriotes. S’il y parvient, tant mieux. Mais le contraire ne pourra que conduire le Gabon sur une très mauvaise piste. Que Dieu en garde les gabonais !
Gaoussou M. Traoré