En prenant tout le monde de court à travers sa démission surprise le mardi 21 novembre, le désormais ex-Président du Zimbabwe, Robert Gabriel Mugabe, se sauve de l’humiliation. Un retour à la raison qui permet à son pays de tourner une ère pour ouvrir la voie à une autre, afin que les zimbabwéens puissent commencer à écrire un nouvel épisode de leur histoire, celui-ci plein d’espoir.
Mais, si l’immense majorité des citoyens de l’ex-Rhodésie du Sud (ancienne appellation du pays), pour la plupart des jeunes qui n’ont pas connu la dure lutte d’indépendance, ont manifesté leur joie dans une liesse après l’annonce de cette démission, il n’en demeure pas moins que des incertitudes existent en ce consiste l’avenir. Ce, dans la mesure où son successeur constitutionnel, l’ancien vice-président, Emmerson Mnangagwa, est un homme du sérail très connu naguère pour sa grande fidélité au « vieux lion ». Toute chose qui fait douter de la capacité de ce Monsieur de soixante-quinze ans, très malade, à assurer au pays une transition démocratique inclusive permettant à ses compatriotes de reconstruire leur nation.
Le Zimbabwe est un pays totalement en ruine, avec une population très pauvre et pour la plupart exilée, une économie anéantie par la corruption. Ainsi, en dépit de ses richesses minières et de son potentiel agricole avéré (le Zimbabwe à l’indépendance en 1980 était le grenier de l’Afrique australe), les caisses de l’Etat sont quasi-vides. Ce départ de Mugabe fait renaître chez la majorité des zimbabwéens l’espoir d’une vie de paix, de liberté et la voie ouverte à la reconstruction véritable de l’économie de leur pays.
Toutefois, afin que cet espoir ne se transforme en un mirage, l’opposition, la société civile ainsi que les citoyens de tous bords, doivent maintenir la pression sur l’armée et le parti au pouvoir, pour qu’ils participent non seulement au nouveau gouvernement d’après-Mugabe mais aussi à l’organisation de nouvelles élections libres et démocratiques à venir. D’ailleurs, ils doivent veiller à ce que la transition ne s’éternise pas et que le pays sorte de sa léthargie, sinon la chute de l’ancien maître du pays n’aurait rien servi.
De même, la Communauté internationale doit se ressaisir pour jouer son rôle, tout son rôle en apportant illico presto son aide financière et technique au Zimbabwe pour sa reconstruction économique et sociopolitique. Cette aide internationale est indispensable, d’autant que Mugabe n’est pas le seul responsable de la déconfiture de son pays. Il faut rappeler que, la non-tenue de l’engagement international dans les clauses de « Lancaster House » (accord signé en 1980 entre le nouveau pays indépendant et la Grande Bretagne pour l’indemnisation des fermiers blancs contre la cession des terres arables à des fermiers noirs) et le long blocus économique imposé au pays sont, en grande partie, responsables du marasme zimbabwéen.
Puisse ce pays redevenir la puissance économique qu’il était en Afrique australe !
Gaoussou Madani Traoré