Afrik actu * : Au Libéria, Weah peut réussir le challenge

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George Weah et son épouse Clar à Monrovia le 22 janvier 2018.
George Weah et son épouse Clar à Monrovia le 22 janvier 2018. © REUTERS/Thierry Gouegnon

Né dans le plus grand  bidonville de la capitale, élevé par sa grand-mère, Georges Weah  suscite beaucoup d’espoir. Weah est un « autochtone », terme employé au Liberia pour marquer la différence avec les 5% de descendants d’esclaves afro-américains libérés, qui se sont  installés  au Liberia au début du XIXème siècle. Il devient le 24ème président du Libéria, mais  également le second président non « congo » (nom usuel pour désigner ces descendants d’esclaves afro-américains),  après Samuel Doe, à accéder au pouvoir à Monrovia. Une situation injuste dont  le nouveau président a  apparemment conscience.

Raison pour laquelle, dès  son investiture,  l’ancien footballeur s’est  fortement engagé à construire un « nouveau Liberia, pays  d’égalité, de liberté, de dignité et de respect ».  Un pays pour lequel,  il a promis que la lutte contre la corruption sera son cheval de bataille. En dépit  d’un PIB de 7,5% par an (d’après l’indice de développement humain des Nations Unies), le Liberia demeure  l’un des pays les moins  nantis  au monde. C’est  ce challenge du développement  socioéconomique que  le Président Weah  va  forcément  devoir  relever  pendant son mandat.

Or pour se développer, son équipe gouvernementale  devra en priorité lutter  contre la corruption.  Ce qui  ne sera pas possible  si elle  ne  cherche pas au préalable  à garantir  aux fonctionnaires un salaire décent. Cela est à la portée du  nouveau Chef de l’Etat libérien, bien que les finances publiques dépendent substantiellement  des rentes minières et forestières.  Tant  il  est évident que son pays possède des ressources naturelles et humaines considérables internes et  que lui-même a désormais d’énormes soutiens externes pour  faire face à ce challenge.

Toutefois,  estime  Mathias Hounkpé, politologue spécialiste du Liberia au sein de l’Open Society Initiative for West Africa (Osiwa), « Weah va maintenant devoir faire preuve de lucidité et d’une grande humilité. Il doit prendre conscience de ses propres limites et chercher des conseillers techniques de haut niveau. S’il veut bien gouverner, il devra savoir bien s’entourer et dans le même temps, se méfier de tous ceux qui chercheront à le manipuler ».

En 2017, pendant la précampagne  électorale,  des portes africaines  et internationales ont été ouvertes  à Weah. Ainsi, l’ancien attaquant  du foot s’est  lancé dans une vaste tournée. Cela  l’a conduit  plusieurs fois  en France où il a pu rencontrer une quantité  d’hommes français d’influence. En Israël, lors  d’un forum sur la sécurité, il rencontra  plusieurs ministres, dont le Vice-ministre des Affaires étrangères, ainsi que des chefs d’entreprises spécialisées dans l’agriculture, un secteur qu’il devra développer.

En Afrique, le ghanéen Nana Akufo-Addo fut le premier chef d’État à le recevoir, début 2017. Puis, Ali Bongo Ondimba l’accueille à Libreville. Au Sénégal, Weah arrive à s’entretenir avec Macky Sall. Aussi, il a  pu rapprocher  les présidents congolais, Denis Sassou Nguesso, malien, Ibrahim Boubacar Keïta, burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, sans compter le Nigérien Mahamadou Issoufou.

Toutes ces cartes d’adresses,  compilées  avec les ressources humaines compétentes nationales,  devraient  normalement servir  à l’ancienne star du football de gérer au mieux les relations économiques internationales, mais aussi, de gagner la bataille de l’égalité et du développement.

Good luck, Mister Georges !

Gaoussou Madani Traoré

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