La stratégie de la terre brûlée n’a plus eu lieu au Sénégal, puisqu’à trois jours de la présidentielle, l’ancien président Abdoulaye Wade, qui demandait à ses compatriotes de brûler les bulletins de vote le jour du scrutin, s’est finalement rétracté. Suivant les conseils, dit-il, du président Alpha Condé de la Guinée et des religieux sénégalais, il ne demandait plus de les brûler mais de résister à «une élection truquée» par le président sortant, Macky Sall.
Fort heureusement, hier 24 février, les bureaux de vote ont quasiment tous ouvert à 8 heures et fermé les portes à 18 heures GMT. Si quelques résultats ont été publiés, comme en 2012, par les médias dès la fermeture des bureaux, les citoyens sénégalais devront attendre au moins 48 heures pour connaître les résultats officiels provisoires. Compte tenu des délais légaux de la proclamation des résultats officiels et de possibles contestations, un éventuel second tour se tiendrait vraisemblablement le 10 ou le 17 mars.
Ils étaient déjà nombreux, les observateurs politiques, à estimer le scrutin joué d’avance d’autant que le président sortant était face à des candidats qui ne pesaient pas lourd. Les concurrents de taille, Khalifa Sall et Karim Wade ayant été recalés par la Cour Constitutionnelle, le véritable enjeu du scrutin n’était-il pas de savoir si le président Macky Sall pouvait sortir victorieux dès le premier tour ? Le président sortant visait, tout au long de la campagne, une victoire dès le premier tour de la présidentielle d’hier. Réussir ce «coup KO» contre ses quatre opposants était en réalité le principal enjeu du scrutin. Macky Sall était le seul de tous les candidats à avoir occupé à la fois les plus hautes fonctions exécutives (président de la République et Premier ministre), et la plus haute fonction législative (président de l’Assemblée nationale).
En tant que président sortant, il est nanti de nombreuses années d’exercice du pouvoir sans compter le bilan globalement positif de son septennat sur le plan économique avec la réalisation de nombreux grands ouvrages (le Plan Sénégal Emergent), la réalisation d’autoroutes, de ponts, mais aussi et surtout l’introduction des bourses familiales et de la couverture maladie universelle (CMU). Un argument économique et social de taille en sa faveur qui lui permettait de gagner dès le premier tour. Mais que sait-on ? Que l’esprit démocratique prévale pour l’intérêt de la démocratie au Sénégal. Dans la sous-région, le Sénégal n’est-il pas le seul pays à ne pas connaître de coup d’Etat ? Le pays de la Terranga connaît une alternance par les urnes depuis 1998.
Gaoussou M. Traoré