Une rue désertée dans la zone verte, où étaient localisées les ambassades occidentales et bâtiments officiels afghans, à Kaboul, le 17 août 2021.
Une rue désertée dans la zone verte, où étaient localisées les ambassades occidentales et bâtiments officiels afghans, à Kaboul, le 17 août 2021. © Wakil Kohsar, AFP
Alors que des milliers de personnes tentaient de fuir l’Afghanistan après l’arrivée au pouvoir des Taliban, les insurgés ont annoncé mardi 17 août une amnistie générale pour tous les fonctionnaires de l’État afghan, les appelants à retourner au travail.
“Une amnistie générale a été déclarée pour tous (…), donc vous devriez reprendre vos habitudes de vie en pleine confiance”, ont indiqué les Taliban dans un communiqué.
Depuis qu’ils sont entrés à Kaboul dimanche, après une fulgurante offensive qui en à peine dix jours leur a permis de prendre le contrôle de quasiment tout le pays, les Taliban ont multiplié les gestes d’apaisement à l’égard de la population.
La vie reprenait lentement ses droits, mardi, à Kaboul, sous le nouveau régime taliban, même si les habitants, apeurés, restaient sur leurs gardes, pendant qu’à Washington le président Joe Biden défendait résolument le retrait des troupes américaines.
Les magasins avaient rouvert dans la capitale afghane, le trafic automobile avait repris et les gens sortaient de nouveau dans les rues, où des policiers faisaient la circulation, les Taliban eux tenant des postes de contrôle. Peu de femmes osaient toutefois se risquer dehors.
“Les gens ont peur”
Mais des signes montraient aussi que la vie ne serait plus celle d’hier. Les hommes ont troqué leurs vêtements occidentaux pour le shalwar kameez – l’ample habit traditionnel afghan – et la télévision d’État diffuse désormais essentiellement des programmes islamiques.
Pour nombre d’Afghans, la confiance sera dure à gagner. Du temps où ils étaient au pouvoir (1996-2001), les Taliban avaient imposé une version ultra-rigoriste de la loi islamique. Les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier, et voleurs et meurtriers encouraient de terribles châtiments.
“Les gens ont peur de l’inconnu”, a confié, mardi, à l’AFP un commerçant de la capitale. “Les Taliban patrouillent la ville en petits convois. Ils n’importunent personne, mais bien sûr les gens ont peur”.
Malgré les assurances des Taliban, certaines informations semblaient suggérer qu’ils continuaient à rechercher des responsables gouvernementaux, un témoin racontant que des hommes à eux étaient entrés dans la maison d’un de ces officiels pour l’emmener de force. et qu’ils ont investi le palais présidentiel, déserté par le président Ashraf Ghani, en fuite à l’étranger,
Le fulgurant triomphe final des insurgés, dimanche, a déclenché des scènes de panique monstre à l’aéroport de la capitale afghane. Une marée humaine s’est précipitée vers ce qui est la seule porte de sortie d’Afghanistan, pour tenter d’échapper au nouveau régime que le mouvement islamiste, de retour au pouvoir après vingt ans de guerre, promet de mettre en place.
Vols d’évacuation
Quelques heures plus tôt, le président américain Joe Biden avait défendu bec et ongles la décision de retirer les troupes américaines du pays.
“Je suis profondément attristé par la situation, mais je ne regrette pas” la décision de retirer les forces américaines d’Afghanistan, où elles étaient entrées 20 ans plus tôt pour chasser les Taliban du pouvoir, a déclaré Joe Biden dans une adresse à la nation très attendue.
Cible de vives critiques, aux États-Unis comme à l’étranger, après être resté muet tout au long d’un weekend, il a répété que la mission de Washington n’avait jamais été de bâtir une nation démocratique dans un pays instable, mais “d’empêcher une attaque terroriste sur le sol américain”.
Washington a envoyé 6 000 militaires pour sécuriser l’aéroport et faire partir quelque 30 000 Américains et civils afghans ayant coopéré avec les États-Unis qui craignent pour leur vie.
De Madrid à La Haye, en passant par Paris, Bucarest, Londres, plusieurs autres pays s’activent toujours pour rapatrier leurs ressortissants d’Aghanistan, pays déjà déserté par le président Ashraf Ghani, en fuite à l’étranger,.
Avec AFP