Affaires, politique, vie privée : DSK se confie

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Ejecté de la scène politique en mai 2011 par l’affaire du Sofitel, Dominique Strauss-Kahn sort de son silence en accordant un long entretien au « Point », à paraître jeudi. A 63 ans, DSK, qui aspire à une « vie normale » et partage son temps entre des conférences économiques à l’étranger et une activité de consultant privé, y livre ses vérités.

Le juge Douglas McKeon en charge de l’affaire, rejette l’immunité diplomatique invoquée par les avocats de Dominique Strauss-Kahn (AFP)

Le huis clos du Sofitel

DSK ne s’était exprimé qu’une fois sur l’affaire du Sofitel de New York et sa relation sexuelle avec la femme de chambre Nafissatou Diallo qui l’a accusé de viol. « Une relation inappropriée, une faute morale, sans contrainte ni violence », avait-il déclaré au 20 Heures de TF1. Des propos qu’il regrette aujourd’hui : « L’essentiel, c’est que ce qui s’est passé dans cette chambre ne tombe pas sous le coup de la loi. Le reste ne regarde personne », résume DSK au « Point » sans en dire plus en raison de la procédure civile en cours engagée par Nafissatou Diallo. « Aux Etats-Unis, on n’intente ce type de procès qu’à quelqu’un qui est riche. Les avocats de la plaignante ont cru que je l’étais. Je ne le suis pas. »

Le traumatisme de la prison

Ses quatre jours passés au pénitencier américain de Rikers Island l’ont marqué. « C’était incroyablement dur, confie DSK au Point. Il a suffi que je demande un somnifère pour arriver à dormir et je me suis retrouvé dans le pavillon réservé aux suicidaires. Je n’avais pas le droit à des vêtements normaux […] juste une robe de chambre comme dans un hôpital. Et je ne pouvais me déplacer hors de ma cellule qu’avec des chaînes aux pieds. » Malgré tout, DSK estime que le système judiciaire américain fonctionne bien. « On vous jette en prison, on vous humilie — j’en sais quelque chose —, mais le procureur est capable, au bout d’un mois et demi d’enquête, d’écrire qu’il s’est planté et d’abandonner les poursuites. » Il égratigne en revanche la justice française qui, si elle a « plus d’égards », traînerait en longueur, allusion directe à l’affaire du Carlton de Lille (Nord) dans laquelle il est mis en examen pour « proxénétisme aggravé en bande organisée ». Depuis mars, seulement.

Sa version de l’affaire du Carlton

L’étiquette de proxénète présumé fait bondir celui qui répète ne jamais avoir été condamné. « La réalité, c’est qu’un de mes copains organisait des soirées auxquelles j’ai participé. Comme il y avait des prostituées, me voilà accusé d’avoir conçu un réseau de prostitution à mon service […] c’est aussi artificiel qu’absurde. » DSK répète qu’il ignorait que certaines filles étaient payées. Comme Nafissatou Diallo, certaines prostituées ont fait état — mais sans porter plainte — d’un comportement brutal de DSK. Cette image le blesse : « Je ne me reconnais pas dans ce portrait. Tous ceux qui me connaissent savent que la violence m’est étrangère, odieuse même. »

Un mea culpa sur sa vie privée

L’ex-favori des sondages regrette d’avoir « causé une double déception aux Français ». D’abord à ceux choqués d’apprendre des choses qu’ils ne connaissaient pas sur (sa) vie privée. « J’ai longtemps pensé que je pouvais mener la vie personnelle comme je l’entendais sans incidence sur l’exercice de mes responsabilités. Y compris des comportements libres entre adultes consentants — il existe à Paris de nombreuses soirées pour cela, vous seriez surpris d’y rencontrer certaines personnes… J’ai été naïf, pour ne pas dire plus […] J’étais trop en décalage avec la société française sur ce point pour un responsable politique. Je me suis trompé. » DSK avertit cependant :« Le jugement moral que certains portent sur ma vie privée n’autorise pas tous les abus. »

L’Elysée ne le faisait pas rêver

DSK regrette ensuite d’avoir « déçu » ceux qui misaient sur lui pour 2012. Mais il qualifie son ex-dessein présidentiel de « devoir » et non d’ambition. DSK assure au « Point » ne jamais avoir rêvé de l’Elysée. « Le pouvoir n’a jamais été toute ma vie, on me l’a assez reproché […] Un jour, quand j’étais directeur du FMI, Nicolas Sarkozy m’a demandé quelles étaient mes ambitions pour l’avenir. Pour esquiver, je lui ai répondu : A l’Elysée, tu as 80% d’emmerdements, 20% de trucs passionnants. Moi, au FMI, c’était l’inverse. Je le pensais vraiment. » Son avenir désormais? « Je ne suis candidat à rien », confie DSK, qui se sent la « possibilité de s’investir dans de grands projets internationaux ». Mais il sait qu’il devra patienter. « Pour l’instant, je suis encore entravé par ma situation. »

Le Parisien / 10.10.2012, 06h43

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