Affaire Khalifa Sall: les sous-entendus du président sénégalais

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Sénégal: Macky Sall renonce à réduire la durée de son mandat en cours
Le président sénégalais Macky Sall, le 1er décembre 2015, lors de la COP21 à Paris. © LOIC VENANCE / AFP

Silencieux depuis le déclenchement de l’affaire Khalifa Sall, le président Macky Sall, qui est en tournée économique dans la boucle du fleuve Sénégal, a évoqué vendredi, lors d’un discours, ce dossier sensible, mais sans citer directement le maire de Dakar. Le maire est soupçonné du détournement de deniers publics à hauteur de 2,7 millions d’euros ; de l’argent issu d’un fonds de l’Etat qu’il n’aurait pas justifié.

Depuis dimanche dernier, Macky Sall suit le fleuve Sénégal. Parti de Saint-Louis, le chef de l’Etat inaugure à tour de bras : pont, route, château d’eau…

Pour boucler cette tournée, le président a prononcé un discours de trente minutes et expliqué que si toutes ces réalisations sont possibles, c’est grâce à la bonne gestion de l’Etat : « Si le Sénégal est capable aujourd’hui de lancer tous ces projets, c’est parce qu’il y a bien une gestion rigoureuse des deniers publics de l’Etat. Si je le dis, ce n’est pas destiné à quelqu’un, ce pays est en train de changer. Evidemment, cela appelle des ruptures ! Et malheureusement tout le monde ne comprend pas le sens de ces ruptures. »

Accusé par le camp Khalifa Sall de diriger la justice, Macky Sall est aussi critiqué pour partir en tournée économique à quatre mois des législatives. Pour l’opposition, il est donc en campagne. Le président leur a répondu, en wolof : « Je suis inquiet car quand je voyage, on dit que je voyage trop à l’étranger. On dit que quand je vais en région, je suis en campagne électorale. Qu’est-ce qu’ils veulent ? Que le président reste dormir au palais. Je ne suis pas ce genre de président. »

Avec ses déclarations, le président Macky Sall s’engage donc clairement dans la bataille pour les législatives de juillet 2017.

 ■ Les soutiens du maire de Dakar manifestent

Les partisans de Khalifa Sall s’étaient donné rendez-vous à la mairie de Dakar. « Je suis Khalifa » sur les tee-shirts, « Dakar soutient son digne maire » sur les grandes affiches, ce rassemblement avait des airs de meeting.

Et l’ancien premier adjoint de Khalifa Sall, Cheikh Gueye, maire de Dieuppeul-Derkle, s’est exprimé sans évoquer le dossier judiciaire, mais en critiquant vivement le président Macky Sall : « Khalifa Sall a été injustement emprisonné dans les geôles de Macky Sall, sous le couvert d’une justice politique partiale et expéditive. »

Dans la foule, de nombreux soutiens de Khalifa Sall : « Il y a un seul médecin qui doit soigner, c’est Khalifa Sall. »

Mais il y a aussi des jeunes, déçus de la gestion du chef de l’Etat : « Nous avions tellement confiance en lui. Mais vraiment ils nous a déçus, ils nous totalement déçus. Vraiment Macky Sall nous a déçus. »

Comme ils le font depuis le début de cette histoire, les proches de Khalifa Sall ont appelé au combat politique. Cheikh Gueye : « Vive le maire de Dakar, vive la lutte pour la libération du maire Khalifa. »

L’hymne national n’y a rien changé, le Sénégal semble divisé : le passage de véhicules de la présidence devant la mairie a entraîné des sifflets, qui ont entraîné des tirs de gaz lacrymogènes mettant fin dans le chaos à ce rassemblement.

Par RFI Publié le 11-03-2017

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