INFO LE FIGARO – La femme de chambre n’a pas fait le ménage dans une autre suite avant de déclarer l’agression, selon les expertises.
«L’enquête continue»: c’est le message officiel délivré par le procureur Cyrus Vance vendredi, après la levée de l’assignation à résidence de Dominique Strauss-Kahn.
Pourtant, pendant ce long week-end férié d’Independence Day, les spéculations se poursuivent, dans l’attente des prochaines révélations du côté de la défense ou de l’accusation sur un dossier qui tremble sur ses bases.
Plusieurs points restent à éclaircir. Parmi eux, la scène de l’agression au Sofitel décrite par Nafissatou Diallo demeure encore bien mystérieuse. L’idée que la femme de chambre ait pu mentir devant le «grand jury», dans la semaine qui a suivi l’arrestation de DSK, est l’un des principaux éléments ayant sapé sa crédibilité. Mentir sous serment devant ces jurés est un crime, selon les critères américains. Or, selon les informations du Figaro, l’analyse des cartes magnétiques de l’hôtel apportent des précisions sur la chronologie de cette fin de matinée du 14 mai. Elle accrédite le récit initial de la Guinéenne.
Voici le déroulement des faits tel que l’ont reconstitué au Figaro des sources new-yorkaises.
Les expertises des cartes magnétiques donnant accès aux chambres montrent que l’employée ne serait pas allée faire le ménage dans une autre chambre avant de déclarer l’agression, comme le laissait entendre sa dernière version. D’après les relevés de ces cartes, saisis dans les ordinateurs de l’hôtel, la femme de chambre a nettoyé la suite 2820, au 28ème étage, avant d’entrer dans la suite 2806, au même étage, à 12h06. Elle croise alors un employé du room service qui lui indique que la voie est libre.
Puis, après 12h26, la clé magnétique de l’employée ouvre successivement la suite 2820 – pendant une minute au plus – puis la 2806. Le scénario serait donc le suivant: Nafissatou Diallo, après avoir quitté précipitamment la suite occupée par DSK, se réfugie dans la chambre 2820 qu’elle sait inoccupée, avant d’être trouvée par la responsable de son étage. Sa supérieure hiérarchique la conduit alors dans la 2806 pour qu’elle lui explique ce qui vient de se produire et qu’elle reprenne ses esprits. Telle est la version donnée d’emblée aux enquêteurs par la responsable d’étage du Sofitel et par Nafissatou Diallo. Mais la confirmation par les cartes magnétiques n’est parvenue que tardivement à l’accusation. Selon le site Daily Beast, ce n’est que vendredi que le procureur Cyrus Vance a reçu les résultats des expertises. Mais il avait alors déjà rendu publics ses doutes sur la crédibilité de la femme de chambre… A l’origine, seules les données sur les passages dans la suite 2806 avaient été expertisées, a confié au Figaro une source proche de l’enquête.
Retard incompréhensible
Dans ce schéma, les raisons qui ont poussé la plaignante à modifier sa version sur le tard restent bien obscures. «On sous-estime peut-être les problèmes de compréhension d’une femme qui maîtrise mal l’anglais et dont les relations avec les enquêteurs sont devenues très tendues», note un avocat familier des méthodes des limiers de Cyrus Vance.
Voici donc le type d’indices que l’équipe du procureur s’emploie à vérifier en reprenant les déclarations des employés du Sofitel, en recoupant les versions et en les confrontant aux éléments matériels recueillis. Avec un retard incompréhensible, notent les commentaires d’avocats ou procureurs cités par la presse américaine, de plus en plus critiques sur la conduite de l’enquête.
Un autre point soulève encore bien des interrogations: les motivations de Nafissatou Diallo lorsqu’elle est entrée dans la suite de l’ancien patron du FMI. À l’origine, elle expliqua qu’elle avait cru la chambre vide, l’un de ses collègues du room service lui disant que la voie était libre, et qu’elle ne connaissait absolument pas l’identité VIP de son occupant. Des explications corroborées par les premiers interrogatoires de ses collègues du Sofitel. Mais aujourd’hui mises à mal par la personnalité trouble de la jeune Guinéenne, sa relation étroite avec un homme en prison et cette phrase accablante prononcée au téléphone, selon des sources officieuses: «Ne t’inquiète pas, ce type a plein d’argent. Je sais ce que je fais.»
Depuis ces révélations, l’hypothèse d’une femme de chambre ayant l’habitude de relations sexuelles tarifées avec certains clients de l’hôtel ou ayant tenté de soutirer de l’argent à DSK est fortement envisagée. Le New York Post, tabloïd qui fait rarement dans la nuance, a même assuré ce week-end, après avoir traité le Français de «pervers» à la une en mai, que la jeune femme pouvait appartenir à un réseau de prostitution guinéen. Les avocats de DSK maintiennent, eux, leur ligne de défense: «Il n’existe aucun élément démontrant une relation sexuelle non consentie» entre les deux protagonistes. Et c’est par un communiqué cinglant, mais somme toute sibyllin, que Benjamin Brafman et William Taylor ont répliqué dimanche aux rumeurs sur une éventuelle relation tarifée qui aurait mal tourné: «Il n’y a pas eu de dispute entre les parties parce qu’il n’a pas été question d’argent.»
Mouvements suspects sur le compte bancaire de Nafissatou Diallo, épluchage des appels reçus ou donnés depuis les téléphones portables en sa possession: l’équipe du «district attorney» peut encore procéder à d’ultimes vérifications. «Fermer les dernières portes», comme disent souvent les enquêteurs… Mais ils savent aussi qu’après le bref répit du week-end, une immense pression va s’exercer pour que le mot «Fin» s’inscrive au plus vite sur le scandale du Sofitel.
Par Le Figaor – 05/07/2011
Le procureur va abandonner les charges contre DSK (New York Post)
«Pop the champagne, DSK». Littéralement, «DSK, débouche le champagne». Le procureur de New York, Cyrus Vance, va abandonner les charges contre Dominique Strauss-Kahn lors de sa prochaine audience ou même avant. C’est ce qu’avance aujourd’hui le New York Post, citant un enquêteur haut placé, pour qui cette éventualité ne fait aucun doute.
«On sait tous que ce cas n’était pas tenable», explique cette source, citée sur le site internet du quotidien new-yorkais. Raison invoquée : le manque de crédibilité accordé à Nafissatou Diallo, qui accuse DSK, dont l’assignation à résidence a été levée vendredi, de tentative de viol. « On ne peut rien croire qui sorte de sa bouche », explique cette source, ajoutant qu’il est désormais possible qu’on ne connaisse jamais le fin mot de cette affaire.
Sollicité par le quotidien, l’avocat de DSK, Benjamin Brafman, a refusé de répondre au sujet d’un éventuel abandon des charges ou sur une rencontre, prévue demain, entre la défense et le procureur.
lefigaro.fr – 05/07/2011