Un accord financier entre Dominique Strauss-Kahn et la femme de chambre guinéenne qui l’accusait d’agression sexuelle pourrait mettre fin ce lundi aux poursuites contre l’ancien patron du FMI à New York, épilogue d’une extraordinaire saga judiciaire.
Une audience est prévue à 14H00 (19H00 GMT) au tribunal du Bronx à New York, en présence de Nafissatou Diallo, de ses avocats, et de ceux de DSK.
“Elle ne devrait pas durer plus de 30 minutes”, a précisé à l’AFP Douglas McKeon, le juge chargé du dossier. Le magistrat n’a pas requis la présence de M. Strauss-Kahn à cette audience, qui vise à faire le point sur les négociations menées ces derniers mois pour parvenir à cet accord.
Mais il a demandé celle de Mme Diallo, que personne n’a revue depuis l’été 2011, pour qu’elle approuve les termes de l’accord s’il est effectivement conclu, a-t-il expliqué.
Le montant du chèque et autres détails resteront probablement confidentiels, comme souvent dans ces transactions.
L’avocat de DSK, William Taylor, avait cependant qualifié de “complètement fausses” la semaine dernière des informations selon lesquelles l’ancien patron du FMI, 63 ans, aurait accepté de payer six millions de dollars à la femme de chambre de 33 ans.
Mais ce chiffre est plausible, selon l’avocat et ancien procureur Matthew Galluzzo. L’ancien patron du FMI pourrait avoir à verser “entre 3 et 10 millions de dollars, plus probablement autour de cinq” a-t-il estimé.
Des accords très fréquents
Les accords financiers, qui mettent fin aux poursuites civiles, sont extrêmement fréquents aux Etats-Unis. Ils évitent un procès long et coûteux à l’issue incertaine. Ils ne sont pas un aveu de culpabilité. Mais ils évitent aussi à l’accusé d’avoir à donner sa version des faits.
Si l’accord est finalisé, DSK, qui n’a jamais expliqué à la justice ce qui s’était passé dans sa suite de l’hôtel Sofitel, en aura fini avec les tribunaux américains, 19 mois après le scandale qui l’avait contraint à démissionner du FMI et a mis fin à ses ambitions présidentielles en France.
Il s’est aussi depuis séparé de son épouse, la journaliste Anne Sinclair.
La procédure pénale avait déjà été abandonnée le 23 août 2011, le procureur estimant que les mensonges répétés de Mme Diallo sur certains aspects de son passé avait “sérieusement entamé sa crédibilité de témoin” en cas de procès.
La femme de chambre immigrée, veuve et mère d’une adolescente, n’a pas été revue en public depuis. Elle a déménagé nul ne sait où, est toujours salariée du Sofitel mais en congé maladie.
Elle avait accusé DSK de l’avoir contrainte à une fellation dans sa suite du Sofitel où elle était venue faire le ménage le 14 mai 2011.
Elle avait lancé sa procédure civile – indépendante de la procédure pénale – le 8 août 2011 pour obtenir des dommages et intérêts.
DSK a reconnu une brève relation sexuelle “inappropriée” avec la jeune femme qu’il ne connaissait pas, mais a affirmé qu’il n’y avait eu ni violence ni contrainte.
Après le classement de la procédure pénale, il avait pu rentrer en France.
Il y a depuis été mis en examen pour proxénétisme aggravé en bande organisée dans l’affaire dite du Carlton, qui porte sur l’organisation de soirées libertines avec des prostituées.
Ses défenseurs ont demandé la nullité de la procédure et la justice doit se prononcer le 19 décembre.
Ces derniers mois, DSK a amorcé une réapparition dans la vie publique, accordant une interview à un hebdomadaire et participant à plusieurs conférences à l’étranger. Il a aussi créé une société de conseil à Paris.