Comme différentes sources l’évoquaient ces derniers jours, Nicolas Sarkozy est convoqué jeudi à Bordeaux par le juge d’instruction en charge du dossier Bettencourt, a-t-on appris mardi, et aux fins d’une mise en examen, selon des sources concordantes.
L’ancien président de la République est convoqué dans le volet abus de faiblesse de l’affaire, ce qui ne signifie pas qu’il sera forcément mis en examen à la fin de l’audition, celle-ci pouvant aussi s’achever par son placement sous le statut de témoin assisté. Sollicité par l’AFP, l’entourage de Nicolas Sarkozy n’a fait «aucun commentaire» à propos de sa convocation.
150 000 euros en liquide au coeur des interrogations
Le juge Jean-Michel Gentil et ses deux consoeurs souhaitent manifestement confronter l’ancien président aux déclarations de l’ex-comptable des Bettencourt Claire Thibout qui avait déclaré à la police en juillet 2010 s’être vu réclamer 150 000 euros en liquide par l’ancien homme de confiance des Bettencourt, Patrice de Maistre, début 2007, celui-ci assurant vouloir les donner à Eric Woerth, alors trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy.
Ils veulent aussi savoir s’il a pu y avoir des échanges d’argent lors des visites que Nicolas Sarkozy rendait à cette époque à l’héritière de l’Oréal et à son mari. Lui-même n’a reconnu qu’une visite à leur domicile pendant la campagne, en février 2007.
Les magistrats, qui avaient saisi le 3 juillet les agendas de Nicolas Sarkozy, ont également relevé de nombreuses coïncidences de dates entre des moments-clés de l’affaire Bettencourt et ses rendez-vous avec des protagonistes du dossier, notamment Patrice de Maistre et l’ancien procureur de Nanterre Philippe Courroye, en charge du dossier jusqu’à novembre 2010.
Une enquête préliminaire vient d’être ouverte après une plainte de l’association Anticor visant indirectement Nicolas Sarkozy et son entourage. Elle porte sur les conditions de commandes de sondages par l’Elysée de 2007 à 2012. Déposée début octobre, cette plainte est la seconde d’Anticor dans cette affaire.
La première avait été déposée pour favoritisme en 2010, mais bloquée en raison de l’immunité du chef de l’Etat. Cette seconde plainte de l’association vise Nicolas Sarkozy et les sociétés ayant passé un contrat avec l’Elysée, en particulier la société Publifact de son conseiller Patrick Buisson.
Comme en 2010, l’association vise la convention conclue en 2007 entre l’Elysée, représentée par Emmanuelle Mignon alors directrice de cabinet, et Publifact pour un montant évalué à 3 millions d’euros pour des sondages et du conseil.