Affaire Bettencourt : pas de mise en examen pour Nicolas Sarkozy

0
Nicolas Sarkozy devrait être entendu par le juge Gentil cette semaine, dans le cadre de l’affaire Bettencourt.

Après douze heures d’audition, l’ex-chef de l’Etat est sorti du bureau du juge sous le statut de témoin assisté. Pour lui, l’affaire pourrait se conclure par un non-lieu.

Surprise :c’est sous le statut de témoin assisté que Nicolas Sarkozy a quitté, hier à 21h30, le bureau du juge d’instruction bordelais chargé de l’affaire Bettencourt. Entendu dans le volet « abus de faiblesse » du dossier, l’ancien chef de l’Etat a eu droit à une audition marathon au terme de laquelle la plupart des observateurs pariaient, au contraire, sur sa mise en examen pour « recel d’abus de faiblesse ».

Situé à mi-chemin entre celui de témoin simple et de mis en examen, le statut de témoin assisté indique que le magistrat estime n’avoir pas suffisamment d’éléments pour établir la culpabilité du mis en cause. Il permet à Nicolas Sarkozy d’avoir accès au dossier, mais l’épée de Damoclès que constitue un éventuel renvoi devant le tribunal correctionnel s’éloigne : si le juge Jean-Michel Gentil maintient ce statut jusqu’au terme de la procédure, l’ancien chef de l’Etat bénéficera automatiquement d’un non-lieu.

Aucun traitement de faveur

La séance entre les deux hommes a dû se passer dans une atmosphère tendue. « C’est la méthode du juge qui le veut, explique un avocatdu dossier. Il reprend point par point tous les éléments du dossier qu’il estime à charge, demande à son interlocuteur de s’expliquer longuement sur chacun et, si la réponse ne lui convient pas, revient ensuite à la charge. Il faut être solide, face à Gentil. Ce n’est pas un tendre. »

Accompagné de son avocat Me Thierry Herzog, l’ancien président de la République — qui est lui-même avocat — a sans doute bataillé ferme pour convaincre le juge. Sur la base du témoignage de l’ex-comptable Claire Thibout, mais aussi des agendas croisés de Nicolas Sarkozy, de son ancien trésorier de campagne Eric Woerth, de l’ex-gestionnaire de fortune Patrice de Maistre, de Liliane Bettencourt, le magistrat souhaitait notamment savoir si des espèces issues des comptes de la milliardaire avaient pu servir à financer la campagne de l’ancien candidat à la présidentielle. Les réponses qu’il a obtenues hier ont, pour le moment, estompé ses soupçons.

Nicolas Sarkozy n’aura en tout cas bénéficié d’aucun traitement de faveur. « Ce n’est pas le genre de ce juge de faire des courbettes », dit un magistrat qui l’a connu jadis. Les principaux acteurs du dossier, mis en examen notamment pour « abus de faiblesse », peuvent en témoigner : le photographe François-Marie Banier et son compagnon Martin d’Orgeval ont effectué deux jours de prison avant d’être entendus; l’ex-gestionnaire de fortune Patrice de Maistre a passé deux mois derrière les barreaux; et Eric Woerth, l’ex-trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy, n’a pas évité la mise en examen. Pour Me Thierry Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy, la décision des magistrats bordelais peut être considérée comme une belle victoire. Nicolas Sarkozy, qui a perdu son immunité présidentielle le 15 juin, était, après Jacques Chirac, le deuxième ex-président convoqué par la justice. Il reste sous la menace d’autres auditions, dans l’affaire Karachi et dans celle des sondages de l’Elysée.

leparisien.fr/ ÉLISABETH FLEURY | Publié le 23.11.2012, 08h11

Commentaires via Facebook :