ADO : mi –ange, ni démon

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Le monde entier salue sa prise du pouvoir…par les armes. Le chemin qu’il aura emprunté est parsemé de morts et… de maux. L’ex-premier ministre de feu Houphouët Boigny est-il l’homme de la situation ?

On le présente, comme un économiste hors pair. Un compliment qu’il doit, à ses longues années passées au FMI et à la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Rien ne prédisposait, pourtant, cet homme à une carrière politique. C’est en 1989 que le Président Félix Houphouët Boigny lui fait appel pour sortir la Côte-d’Ivoire de la crise économique. Il le fait avec brio. Mais dans la douleur. Alassane Dramane Ouattara a réussi le « miracle ivoirien », mais dans la douleur. Pour redresser l’économie, ADO a imposé la carte de séjour, aux ressortissants étrangers (ceux-ci représentaient, à l’époque plus de 30% de la population ivoirienne), réduit le salaire de certains enseignants…

Toute grogne sociale était réprimée. Et les partis politiques, mis sur coupe réglée. L’économiste s’est révélé comme un efficace homme d’Etat. Au grand plaisir du Président Félix Houphouët Boigny, qui le nomme Premier ministre.

Au fil des ans, Alassane Ouattara prend goût au pouvoir (d’Etat), au point de contester la légalité constitutionnelle, qui fait du Président de l’Assemblée nationale, le président de la République en cas de vacance de pouvoir. En 1993, après le décès du président Félix Houphouët Boigny, il a, en effet, refusé de dissoudre le Gouvernement dont il était le Premier ministre. Et conteste la légitimité d’Henri Konan Bédié, devenu président de la République sous l’effet de l’article 11 de la constitution ivoirienne.

Henri Konan Bédié réussit à se maintenir à la présidence de la République. Mais il devrait compter avec Alassane Dramane Ouattara, plus que jamais, déterminé à succéder au président Félix Houphouët Boigny. D’abord, il devient le parrain d’un parti politique RDR (Rassemblement Des Républicains), sorti des entrailles du PDCI, qui devrait, plus tard, le servir de rempart pour le palais présidentiel, après le décès de son président, Djeni Kobenan.

Le coup d’Etat de 1999

La guerre entre Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara, bien que feutrée, laisse apparaître des failles dans la cohésion sociale qui, jadis, faisait la fierté, mais surtout, la force de la Côte-d’Ivoire. Le concept d’ivoirité, lancé par Henri Konan Bédié, pour empêcher son rival d’accéder au pouvoir, a divisé les Ivoiriens. Mais qui est responsable de cet effritement de la cohésion sociale ? On ne saurait le dire. Le coup d’Etat de 1999, qui a précipité le régime d’Henri Konan Bédié (contraint à l’exil) a fini par convaincre que la Côte-d’Ivoire, s’était engagée sur le chemin de la violence. Ce coup d’Etat, bien qu’ayant porté au pouvoir le Général Robert Guei, porte la marque d’Alassane Dramane Ouattara. Parmi ces putschistes on retrouve trois de ses proches. Il s’agit des généraux Lassana Palenfo, Abdoulaye Coulibaly et le sergent -chef Ibrahim Coulibaly dit « IB », le chef du « commando invisible » qui vient de combattre aux côtés des forces d’Alassane Ouattara.

Mais les difficultés de Robert Guei surviennent quand ce dernier a annoncé ses intentions de se présenter aux élections présidentielles, à l’issue de la transition qu’il était censé mener à terme. Les trois « lieutenants » d’Alassane Dramane Ouattara l’accuseront de rouler pour lui-même. Après une tentative manquée de renverser le Général Guei (dans la nuit du 17 au 18 septembre 2000), ceux qu’on considère comme les « hommes de main » d’Alassane, quitteront le pays.

Entre -temps, des élections sont organisées à l’issue desquelles, un certain Laurent Gbagbo se proclame vainqueur. Avant de semparer du pouvoir.

Tentative de coup d’Etat en 2002

Comme si la Côte-d’Ivoire était maudite, condamnée qu’elle était à ne plus retrouver sa légendaire stabilité, une rébellion part du nord et se dirige vers Abidjan. C’était en septembre 2002. Objectif : renverser le pouvoir en place. Le nom d’Alassane Ouattara n’est pas cité parmi les « insurgés ». Mais on retrouve parmi les leaders de la rébellion, certaines personnes qu’on dit être proches d’ADO. Ou de son parti politique : Tuo Fozié, Watao, Koné Zakaria, Guillaume Sorro, Ibrahim Coulibaly…

Un regard rétrospectif, permet, de croire que ce qui vient de se passer (chute de Gbagbo), n’est que l’aboutissement d’un long processus, entamé en 1993, après la mort du « Vieux ».

Cette implication, si elle est avérée, risque d’être préjudiciable au retour de la paix en Côte-d’Ivoire. Même si, la « communauté internationale » tente de faire croire qu’avec la chute de Laurent Gbagbo, le pays va se réunifier. Les cœurs ivoiriens sont trop meurtris pour espérer un retour immédiat à la paix. Le défi, est de taille, pour le nouvel homme fort de la Côte-d’Ivoire.

Aimé

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