Abidjan évoque un mandat de la CPI contre Charles Blé Goudé

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Charles Blé Goudé, lors d'un meeting à Abidjan, décembre 2010. © REUTERS
Charles Blé Goudé, lors d’un meeting à Abidjan, décembre 2010. © REUTERS

ABIDJAN – Le gouvernement ivoirien a évoqué vendredi et samedi l’existence d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre Charles Blé Goudé, l’ex-chef des +jeunes patriotes+, inculpé de crimes de guerre par la justice ivoirienne pour son implication présumée dans la crise postélectorale de 2010-2011.

 

Vendredi soir, le ministre de la Justice Gnénéma Mamadou Coulibaly a affirmé devant les caméras de la télévision publique ivoirienne que Charles Blé Goudé fait effectivement l’objet d’un mandat d’arrêt.

 

Mais Abidjan n’a pas encore été sollicité par la CPI pour assurer son transfèrement à La Haye, a-t-il précisé au cours de la même interview.

 

Nous n’avons pas encore, au niveau du gouvernement, statué sur le cas Blé Goudé. C’est lorsque la CPI lève le mandat d’arrêt, le rend public, qu’elle demande à un État le transfèrement de la personne visée par ce mandat d’arrêt, a-il expliqué. Le gouvernement, au moment opportun, apportera la réponse qu’il faut à une telle demande si elle était formulée, a-t-il ajouté.

 

Des propos inattendus alors que le cas Blé Goudé est extrêmement sensible en Côte d’Ivoire, deux ans après la crise postélectorale qui a fait plus de 3.000 morts en 2010-2011.

 

Samedi, M. Coulibaly, sollicité par l’AFP, n’a pas souhaité être interviewé.

 

Le porte-parole du gouvernement Bruno Koné, par ailleurs ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, qui avait dans un premier temps évoqué un lapsus du ministre de la Justice, a ensuite usé du conditionnel pour ce dossier.

 

Il semblerait qu’il y ait un mandat d’arrêt de la CPI qui n’est pas rendu public. C’est seulement quand il le sera que le gouvernement réagira sur le sujet, a-t-il déclaré à l’AFP.

 

Charles Blé Goudé, ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo et chef des +jeunes patriotes+, milices pro-Gbagbo parfois extrêmement violentes, a été arrêté le 17 janvier au Ghana après plus d’un an et demi de cavale et extradé dès le lendemain. La justice ivoirienne l’a inculpé le 21 janvier notamment de crimes de guerre, mais aussi d’assassinats, vols en réunion, dégradation et destruction de biens d’autrui.

 

Sous sanctions de l’ONU depuis 2006 et considéré par des ONG internationales comme responsable de nombreuses violences, Charles Blé Goudé, 41 ans, surnommé général de la rue pour sa capacité de mobilisation, est régulièrement cité comme une cible possible de la CPI.

 

Laurent Gbagbo est actuellement détenu à La Haye, où il a été transféré fin 2011, accusé de crimes contre l’humanité par la juridiction internationale pour son rôle dans la crise postélectorale, quand il avait refusé de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara. Ce refus avait provoqué de sanglants combats entre les deux camps.

 

Abidjan a refusé vendredi de transférer sa femme Simone devant la CPI, au motif que la justice ivoirienne était désormais en capacité d’assurer équitablement son procès.

 

Une pétition a récemment été lancée pour exiger la libération de M. Blé Goudé pour des raisons humanitaires. En août, un collectif d’avocats lui ayant rendu visite avait dénoncé des traitements cruels, inhumains et dégradants à son encore et constaté des séquelles de la torture.

 

Charles Blé Goudé se porte bien. Je n’ai pas été saisi d’une situation anormale le concernant. Je peux affirmer qu’il se porte bien, a indiqué Gnénéma Mamadou Coulibaly vendredi.

 

Le régime d’Alassane Ouattara est régulièrement accusé de favoriser une justice des vainqueurs, aucune figure de son camp n’ayant été inquiétée pour les graves crimes commis durant la dernière crise. Il n’y aura d’impunité pour personne, a lancé le ministre de la Justice, précisant qu’une instruction était en cours.

(©AFP / 21 septembre 2013 20h42)

 

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