En quittant la Maison Blanche, Donald Trump ne partira pas les mains vides. Une loi, le Former Presidents Act, prévoit plusieurs avantages à vie pour les anciens présidents qui n’ont pas été démis de leurs fonctions.
Il a levé le poing, salué la foule des employés de la Maison Blanche et déclaré : « Ce fut un grand honneur, l’honneur d’une vie. » Puis Donald Trump a embarqué à bord de l’hélicoptère Marine One, direction la base aérienne d’Andrews, à quelques kilomètres de là, pour une cérémonie d’adieu à ses partisans, le mercredi 20 janvier, jour de l’investiture de son successeur, Joe Biden. Il s’est ensuite envolé vers la Floride, qui l’a soutenu jusqu’au bout.
Une loi pour assurer l’avenir des anciens présidents
Une chose est certaine : il ne partira pas les mains vides. Le Former Presidents Act (FPA), une loi sur les anciens présidents des Etats-Unis, a été voté en 1958 et plusieurs fois amendée. Elle prévoit plusieurs avantages à vie pour les présidents retraités – qui n’ont pas été démis de leurs fonctions, en application de l’article 2, section 4, de la Constitution américaine, qui traite de la destitution (« impeachment »).
Cette loi visait à combler un vide. Auparavant, le gouvernement fédéral américain ne versait aucune pension ni autre prestation de retraite aux anciens présidents des Etats-Unis. En 1912, l’industriel et philanthrope Andrew Carnegie avait proposé de doter les anciens présidents d’une pension annuelle de 25 000 dollars (soit plus de 600 000 dollars d’aujourd’hui), mais les membres du Congrès se sont interrogés sur le bien-fondé d’une telle pension privée. Ce qui a obligé les élus à réfléchir et à légiférer pour offrir des avantages aux anciens présidents. En 1958, lorsque le FPA est entré en vigueur, seuls Herbert Hoover et Harry S. Truman étaient encore vivants. Le premier est mort en 1964, à l’âge de 90 ans, le second est mort en 1972, à l’âge de 88 ans.
Protection à vie par le Secret Service
A l’origine, la loi prévoyait de garantir une protection à vie par le Secret Service, les services de sécurité de la présidence. En 1994, elle a été réduite à dix ans pour les présidents entrant en fonction après 1996. Mais le Congrès a amendé cette disposition avec la loi de 2012 sur la protection des anciens présidents : tous les anciens présidents et leurs conjoints ont désormais le droit de bénéficier de la protection à vie des services secrets. Leurs enfants ont droit à une protection jusqu’à l’âge de 16 ans.
Richard Nixon, mort en 1994, est le seul président à avoir renoncé à la protection du Secret Servi en 1985. Selon ses services, c’était pour faire économiser des dollars aux contribuables américains. Cette protection représente un budget de 1 million de dollars par an pour le président et 500 000 dollars pour son épouse.
Une retraite dorée
Dans une courte vidéo publiée sur son compte Twitter dans le cadre d’une séance de questions-réponses au siège new-yorkais de Twitter, Donald Trump déclarait, le 21 septembre 2015 : « Je renonce totalement à mon salaire si je deviens président. » Le milliardaire estimait pouvoir faire l’impasse sur 400 000 dollars de traitements annuels prévus par la loi. Ce qu’il a fait, en le reversant tous les trimestres, entre 2017 et 2019, à différents ministères. Avant lui, Herbert Hoover et John F. Kennedy avaient renoncé à leur salaire de président. Pour ce qui est de la retraite, Donald Trump ne s’est pas prononcé.
En pratique, le secrétaire au Trésor (équivalent du ministre des finances) verse une pension imposable égale à la rémunération d’un ministre aux anciens présidents. En 2020, elle correspondait à 219 200 dollars par an.
Cette pension est payable immédiatement après le départ du président. Le conjoint d’un ancien président peut également recevoir une retraite annuelle à vie de 20 000 dollars s’il renonce à toute autre pension légale. Mais en ont-ils besoin ? Sachant que Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama sont devenus des « machines à cash », en donnant des conférences, en écrivant des livres ou en produisant des documentaires pour Netflix.
Un bureau et du personnel
L’administration des services généraux (General Services Administration, ou GSA), l’agence du gouvernement fédéral américain créée pour aider à la gestion et au fonctionnement des autres agences fédérales, s’occupe de la location des bureaux et des traitements du personnel recruté par l’ex-président.
Ce personnel est recruté par l’ancien président et n’en réfère qu’à lui dans le cadre de l’exercice de ses fonctions. Chaque ancien président fixe les rémunérations, qui n’excèdent pas un total annualisé de 150 000 dollars pour les trente premiers mois et 96 000 dollars par la suite. Le président peut aussi recruter du personnel payé sur des fonds privés.
En 2019, le budget alloué aux quatre anciens présidents s’élevait à 3,9 millions de dollars. En décembre, le Congrès a accordé une rallonge de 500 000 dollars pour porter ce budget à 4,4 millions de dollars et prendre en charge Donald Trump, rapporte Roll Call, un journal spécialisé sur la vie du Congrès et de Washington.
Prise en charge des frais de santé
Les anciens présidents ont droit à une prise en charge médicale par les hôpitaux militaires. Ils paient cette prise en charge au taux fixé par le Bureau de la gestion et du budget, service dont la mission est d’assister le président dans la préparation du budget. Les présidents ayant effectué deux mandats peuvent souscrire une assurance-maladie dans le cadre du programme de prestations de santé des employés fédéraux.
Un immeuble pour les visites à Washington
Ayant décidé de quitter Washington, une ville qu’il n’a jamais aimée, et disposant d’un Trump Hotel sur Pennsylvania Avenue, il est peu probable que Donald Trump se rende un jour au Presidential Townhouse. Situé au 716 Jackson Place, à un jet de pierre de la Maison Blanche, ce bâtiment appartient au gouvernement américain et, depuis 1969, il est réservé à l’usage exclusif des anciens présidents des Etats-Unis. L’immeuble de cinq étages comprend deux salles à manger, plusieurs chambres et un espace pour l’escorte du Secret Service.
Une bibliothèque présidentielle pour raconter « son » histoire
Comme ses prédécesseurs, Donald Trump va devoir se pencher sur la création de sa bibliothèque présidentielle (Presidential Library). Depuis les deux mandats de Calvin Coolidge (de 1923 à 1929), tous les présidents ont créé ce lieu dans lequel sont préservés et rendus accessibles les documents, enregistrements et objets historiques reçus pendant leur mandat. Elles sont administrées par le Bureau des bibliothèques présidentielles, qui fait partie de la National Archives and Records Administration (NARA).
Avant de partir, Donald Trump aurait discuté des plans d’une bibliothèque et d’un musée commémoratifs au budget pharaonique de 2 milliards de dollars, que ses partisans seraient chargés de financer, rapporte le Washington Post. Mais Donald Trump n’est pas n’importe quel président. Il est celui des « réalités alternatives ». « Mentionnera-t-elle les deux procès en destitution, la pandémie, son rôle dans l’assaut sur le Capitole, le 6 janvier ? », s’interroge CNN. Sa bibliothèque présidentielle « pourrait contenir une section de mur avec le Mexique, des lettres de Kim Jong-un », se hasarde à imaginer le Times.
Reste à savoir ce que fera Donald Trump en Floride. Va-t-il jouer au golf, lancer une chaîne de télévision, comme il l’envisageait en cas de défaite en 2016, préparer son retour en 2024 ou encore passer le flambeau à ses enfants, Ivanka et Donald Trump Jr. ? Avant d’embarquer à bord d’Air Force One au son de Y.M.C.A. de Village People, Donald Trumpa a lancé : « Nous reviendrons d’une manière ou d’une autre. » Tout dépend surtout des suites judiciaires données aux enquêtes le visant.
Source: https://www.lemonde.fr/