A propos de… Israël et crime contre l’humanitaire

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Le monde entier est encore sous le choc de ce qui vient de se passer au large de Gaza. La bande de Gaza, c’est ce minuscule territoire, dévasté et déshérité, où l’Etat hébreu consent, de mauvais gré, d’ailleurs, à parquer le peuple palestinien. Non sans s’efforcer de le faire mourir de faim, de soif et de délabrement. Et depuis trois longues années, la bande de Gaza est retranchée et coupée du reste du monde, ses populations parviennent à survivre, subissant un embargo décrété par un Etat qui entend poursuivre sa politique de sionisme, fort de ses alliés occidentaux, dont, notamment la toute puissante et arrogante Amérique.

Le tort des Palestiniens, selon les Israéliens, c’est d’avoir permis l’arrivée du Hamas à la tête de l’Autorité palestinienne, une victoire obtenue, pourtant, à l’issue d’élections libres et populaires, les populations ayant préféré les radicaux aux modérés du Fatah. Ce qui n’était pas du goût d’Israéliens qui veulent tout décider, y compris choisir des dirigeants, à la place des Palestiniens.

Il y a quelques jours, les ressortissants d’une cinquantaine de pays ont décidé de défier Israël et ses affidés, de briser les chaines qui entravent les Palestiniens, de rompre l’embargo, et d’apporter leur soutien matériel à la bande de Gaza. En somme, une opération simplement humanitaire et humaine. Ils ont donc constitué une flottille de six navires, avec pour seul fret, non pas des armes et des munitions, mais des vivres et médicaments ; aux seules fins, non pas de mettre de l’huile sur le feu et d’inciter les populations à se révolter contre un sort injuste, mais d’essayer d’alléger quelque peu les souffrances d’un peuple meurtri et brimé depuis des décennies.

C’était sans compter avec la détermination des Israéliens de laisser mourir tout un peuple, à petit feu, dans sa prison forcée. Les six navires de l’action humanitaire ont été proprement arraisonnés et pris d’assaut par une des armées réputées la plus puissante et professionnelle du monde. Et ces militaires puissants et professionnels n’hésiteront pas à succomber à la tentation de justifier leur réputation de tueurs autorisés. Plusieurs passagers, qui n’avaient pour seules armes que des paquets de médicaments, des sacs de vivres et des cartons d’habits et de couvertures, ont, de fait, été tués. On parle d’une vingtaine de morts. Les autres ont été faits prisonniers. Officiellement, il s’agit de six cent quatre-vingt-dix-huit passagers.

Si la communauté internationale, dans un bel élan de solidarité, s’est émue et a condamné l’agression israélienne, l’Organisation des Nations Unies, quant à elle, sans évoquer les sanctions qui s’imposent, s’est bornée à demander une enquête indépendante et crédible sur ces tragiques événements. Mais l’ONU non plus n’a pas su compter sur les Etats-Unis d’Amérique. L’administration Obama a réagi promptement en demandant une enquête conduite par Israël. Insensé, car c’est demander à Tsahal, l’armée israélienne, d’enquêter objectivement et impartialement sur une opération qui ne pouvait avoir lieu sans le feu vert de la hiérarchie. En réalité, les Etats-Unis ne veulent pas que la vérité soit dite, que la lumière soit faite sur cette opération militaire de crime contre l’humanitaire.

 Selon la version officielle de l’Etat hébreu, les navires ont été arraisonnés dans leurs eaux territoriales. Une thèse qui prouve à suffisance qu’Israël ne reconnaît pas l’espace territorial de la Palestine, qu’il considère Gaza comme étant une propriété israélienne, malgré les décisions de l’ONU et les accords et concessions qu’il a signés et ratifiés. Mais cela, personne ne doit s’en étonner lorsqu’on se réfère à la politique de colonisation de la Cisjordanie où les Israéliens continuent de construire des résidences.

Mais le caractère criminel de cet assaut ne fait l’objet d’aucun doute. En effet, selon plusieurs témoignages, même si Gaza était une partie du territoire israélien, les six bateaux ont été pris d’assaut dans les eaux internationales, largement au loin des côtes de la bande de Gaza. Selon les mêmes témoins, il n’y a eu, de la part des passagers, aucune velléité de résistance, a fortiori de défense. Ils n’avaient qu’une mission à caractère purement humanitaire qu’ils comptaient mener à terme. Cette agression en haute mer a fait dire à beaucoup de spécialistes et d’observateurs qu’il ne s’agit, ni plus ni moins, que d’un acte de piraterie et de terrorisme. De fait, les passagers, pour ceux qui ont survécu à la sauvagerie et à la barbarie sionistes, ont été enlevés et séquestrés, avec leurs embarcations et leurs contenus, pendant plusieurs nombreuses heures, sous la garde des forces armées et de sécurité israéliennes.

Aux dernières nouvelles, Israël, qui a déjà expulsé certains (moins d’une cinquantaine) des passagers qu’il détenait injustement, s’engage à libérer tous les autres, même, suprême ironie, ceux qualifiés, il y a peu, d’islamistes, de djihadistes, de terroristes, d’extrémistes, etc. De qui se moque-t-on ?

Cela devrait éclairer les Etats-Unis d’Amérique, leur indéfectible et solide allié, sur l’honnêteté et l’intégrité d’un Etat résolu à continuer sa politique sioniste.

Cheick Tandina


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