2023 : Année de transition vers un monde multipolaire ?

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« Nous ne nous soucions pas du nombre d’Ukrainiens qui vont mourir. Combien de femmes, d’enfants, de civils et de militaires. Nous nous en moquons..Nous nous battrons jusqu’au derrier ukrainien. » (Richard Blake)

« Nous ne nous soucions pas du nombre d’Ukrainiens qui vont mourir. Combien de femmes, d’enfants, de civils et de militaires. Nous nous en moquons. L’Ukraine ne peut pas prendre la décision de la paix. La décision de la paix ne peut être prise qu’à Washington. Mais pour l’instant, nous voulons continuer cette guerre, nous nous battrons jusqu’au dernier Ukrainien. » (Richard Blake, ancien sénateur américain)

Résumé

Nous avons traversé une année 2022 horribilis. À bien des égards, les épreuves ont été difficiles aussi bien pour les besogneux qui suent sang et eau, quelle que soit leur latitude, quels que soient les régimes politiques aussi bien dans les pays occidentaux que dans les pays autoritaires. Trois grands événements ont structuré l’année 2022. Il s’agit, tout d’abord, de l’urgence climatique qui ne semble pas préoccuper les grands pollueurs comme le montre l’échec de la COP27 et dont nous avons dénoncé les limites du fait que les engagements ne sont pas contraignants. La planète se réchauffe, les convulsions climatiques seront plus récurrentes.

Le deuxième grand problème est celui des conflits de décolonisations bâclées, non résolus, notamment au Sahel, au Sahara occidental mais aussi au Yémen et, naturellement, celui de la Palestine. Ces conflits sont ignorés par les médias mainstream occidentaux. Par contre, la guerre en Ukraine est « vendue » aux naïfs comme un conflit dit de civilisation. Il n’en est rien, c’est toujours le néolibéralisme prédateur qui est à la manœuvre. L’empire veut garder l’hégémonie d’un monde unipolaire même s’il ruine ses pays vassaux au sein de l’Europe et qu’il fasse la guerre jusqu’au dernier ukrainien !

Les pays vassaux européens ont un comportement de meutes. Ceux qui ne pèsent pas lourds sont les plus agressifs vis-à-vis de la Russie. Ils veulent la destruction de la Russie ! Imaginez un territoire immense de 17 millions de km2, deux fois les États-Unis, 31 fois la France, 60 fois l’Allemagne et compte 11 fuseaux horaires sur 9000 km, et 17 frontières terrestres avec 17 pays. Il possède toutes les énergies, tous les métaux, c’est une puissance agricole. Jugez-en : 50 000 milliards de m3 de gaz, producteur de gaz et producteur de 500 millions de tonnes de pétrole. Et c’est ce pays que l’Occident, relayé par des « spécialistes » des plateaux TV, veut abattre !

La Russie, même affaiblie, sera toujours là. 2023 sera aussi une guerre possible de l’Empire et de ses vassaux avec la Chine. Nous allons  assurément vers le chaos planétaire qui, au mieux, donnera un sursis à l’Occident qui veut continuer à régenter le monde depuis Christophe Colomb. Il est inéluctable qu’un nouveau monde multipolaire émerge et que les peuples puissent enfin avoir la possibilité de se développer sans ingérence extérieure et s’occupent ensemble au vrai problème qui est de sauver une planète à bout de souffle.

La destruction de l’Union soviétique programmée avant la guerre froide

Les racines de l’animosité de l’empire américain contre la Russie plongent dans la tentation de régenter le monde après la Seconde Guerre mondiale. Michel Chossudovsky, fondateur du site mondialisation.ca, explique que la destruction par l’atome de l’URSS devait suivre celle du Japon. Des documents déclassifiés montrent que même le nombre de bombes atomiques a été évalué : « (…) D’un point de vue historique, les États-Unis et leurs alliés menacent la Russie depuis plus de 104 ans. La menace américaine de guerre nucléaire contre la Russie a été formulée il y a plus de 76 ans en septembre 1945, lorsque les États-Unis et l’Union soviétique étaient alliés. Il consistait en un ‘’plan directeur de la troisième guerre mondiale’’ de guerre nucléaire contre l’URSS, ciblant 66 villes avec plus de 200 bombes atomiques. (…) »1.

« L’URSS a, en fait, gagné la guerre contre l’Allemagne nazie, avec 27 millions de morts, en partie à cause de la violation flagrante du commerce avec l’ennemi par Standard Oil. Les médias occidentaux ont largement concentré leur attention sur la confrontation entre les États-Unis et l’URSS pendant la guerre froide ; en fait, c’est le plan américain publié en septembre 1945 pour anéantir l’Union soviétique qui a motivé Moscou pour développer ses capacités d’armement nucléaire. Si les États-Unis avaient décidé de ne pas développer d’armes nucléaires, la course aux armements nucléaires n’aurait pas eu lieu. Cette liste initiale de 1945 a été mise à jour au cours de la guerre froide (1956) pour inclure quelque 1200 villes d’URSS et des pays du bloc soviétique d’Europe de l’Est. Les bombes H devaient être utilisées contre des cibles prioritaires en Union soviétique, en Chine et en Europe de l’Est. La « mini-bombe nucléaire » B61-12 devrait être déployée en Europe occidentale, visant la Russie et le Moyen-Orient. Elle a un rendement de 50 kilotonnes, trois fois celui d’une bombe d’Hiroshima qui a fait plus de 100 000 morts en quelques minutes»[1].

Nous nous souvenons que dans « The End of History ? » Francis Fukuyama affirmait en 1992 après la chute de l’empire soviétique et la tentation de l’hyperpuissance américaine qui annonçait un nouvel ordre, que la démocratie libérale pourrait bien constituer « le point final de l’évolution idéologique de l’humanité » et « la forme finale de tout gouvernement humain ». Trente ans après, il persiste et signe et n’a pas abandonné l’idée d’une supériorité de la démocratie libérale, malgré les contestations multiples qui la frappent. Cette « fin de l’histoire » même nuancée par l’auteur garde pour l’essentiel le principe d’une supériorité intrinsèque de la démocratie libérale. De ce fait, en Occident, prenant leurs désirs secrets pour des certitudes, les analystes cathodiques et les diplomates Nostradamus annoncent la chute de la Russie et la voie à suivre pour continuer, malgré tout, à ne voir dans la Russie classée comme pays du Sud qu’un réservoir de matières premières !

Pourquoi l’Occident est-il autiste devant la réalité du monde ?

Pour l’analyste Chandran Naïr, la situation actuelle en Ukraine plonge ses racines dans le logiciel de la conviction que l’Occident est investi d’une mission divine, celle de gouverner le monde et de dicter la norme du bien et du mal. Il n’est que de se rappeler « La destinée manifeste », bréviaire des États-Unis. Il rappelle la sentence de Samuel Huntington, précurseur du « Choc des civilisations » : « L’Occident a gagné le monde non pas par la supériorité de ses idées, de ses valeurs ou de sa religion… mais plutôt par sa supériorité dans l’application de la violence organisée. Les Occidentaux oublient souvent ce fait ; les non-Occidentaux ne le font jamais »2.

« Il y a aussi, poursuit-il, une absence de référence au sentiment des non-Occidentaux à l’égard des siècles de colonisation violente et de domination continue de l’Occident ; un déni qui a renforcé le sentiment occidental de supériorité et encadré la vision occidentale du monde. La guerre russo-ukrainienne n’est pas l’événement géopolitique le plus cataclysmique depuis la Seconde Guerre mondiale. Au contraire, c’est un parmi tant d’autres, dont plusieurs que l’Occident tarde à reconnaître. Ce piège est une continuation de la construction narrative coloniale et post-coloniale pour raconter sélectivement l’Histoire, minimiser la culpabilité occidentale dans une grande partie des horreurs de l’ère impériale et placer positivement l’Occident à l’épicentre des événements clés qui façonnent le monde. Le passé colonial a conféré à l’Occident des privilèges qui devront être abandonnés s’il doit y avoir un nouvel ordre mondial fondé sur l’équité. Pourtant, la gravité de ces crimes est activement minimisée ou niée par l’Occident »[2].

« Pour beaucoup dans le monde non occidental, l’ordre mondial occidental a été caractérisé par les horreurs de la période coloniale et les interventions de la période postcoloniale. Les influences coloniales préservent la domination occidentale dans trois grands domaines : l’économie, la géopolitique et la culture. Sur le plan économique, ce n’est un secret pour personne que les entreprises occidentales ont accumulé d’immenses richesses grâce à l’exploitation du monde non occidental. Sur le plan géopolitique, le système international fondé sur des règles a été mis en place et développé selon les lignes de pensée occidentales. Il est fondé sur l’idée d’égalité souveraine – que chaque État est égal et devrait être autorisé à mener ses affaires intérieures sans ingérence. Pourtant, l’Occident – l’Amérique en particulier – est tristement célèbre pour ses interventions dans d’autres nations, soit par des sanctions, soit par des moyens militaires. Les interventions font désormais partie du discours occidental autour de la « responsabilité de protéger » : les lignes des droits de l’Homme sont définies par l’Occident. Culturellement, l’utilisation sélective de l’éducation pour immortaliser les succès occidentaux, allant des guerres à l’évolution de la science, de la technologie et de la philosophie et même le poids culturel des films, de la musique, du sport et de la mode occidentaux, tous soutiennent la civilisation occidentale »[2].

La nécessité de ne pas imposer « la démocratie aéroportée occidentale »

« Avec la guerre russo-ukrainienne, l’Europe est désormais dans une position d’asservissement aux États-Unis. Chandra Nair  invite à prendre la perception de la réalité celle d’un monde du partage : « Le résultat est une Europe qui est de plus en plus redevable à la direction hégémonique des États-Unis. L’Occident devrait maintenant prêter attention à ces perceptions non occidentales s’il veut faire une transition pacifique et prospérer dans l’inévitable monde post-occidental. L’Europe – et l’Occident plus largement – devrait apprendre à accepter la pluralité politique dans le cadre de la transition vers le nouvel ordre mondial. La Charte des Nations unies, signée en 1945, ne faisait aucune mention de « démocratie » – parce que c’est le droit souverain de chaque nation de poursuivre des systèmes politiques différents, légitimés uniquement par « Nous les Peuples ». La démocratie n’est qu’une approche parmi d’autres. Ainsi, l’Occident devrait s’efforcer de reconnaître que la diversité des systèmes politiques est l’ordre naturel des choses dans un monde complexe et changeant que, en tant que communauté mondiale, nous devons apprendre à accepter et à travailler pour rendre la coopération multilatérale plus efficace. Le monde continuera d’avancer, et l’Occident devrait reconnaître que le nouvel ordre mondial sera celui de la désoccidentalisation et non de la démondialisation ou de la régression. Pour beaucoup dans le monde non occidental, ce sera un ordre mondial plus juste, étant donné que la désoccidentalisation est synonyme de lutte pour la liberté après la plus longue période d’oppression de leur histoire »[2].

Allant plus loin, Ellen Taylor replace les causes du conflit dans le contexte premier du logiciel fondateur du rapport des États-Unis au monde et qui leur enjoint de se déployer dans le monde. Elle écrit : « La doctrine Monroe est un panneau d’interdiction d’intrusion cloué à la porte de la politique étrangère américaine depuis près de 300 ans. Des exercices navals sont effectués par les États-Unis dans des endroits comme la mer Jaune et la mer de Chine méridionale. Adoptées par d’autres pays au large de nos côtes, elles seraient pourtant impensables. Cependant, lorsqu’il s’agit des besoins de sécurité d’autres pays, les États-Unis ignorent leur demande d’une sécurité équivalente. Avec nos près de 1000 bases navales à travers le monde, installées dans d’autres pays, et notre Full Spectrum Dominance : de la mer, de l’air et de l’espace, la doctrine Monroe s’est transformée en plan pour le nouveau siècle américain, une création de Dick Cheney et ses amis qui date des années 90 et toujours respectée aujourd’hui »3.

Expliquant les racines du conflit OTAN-Russie, Ellen Taylor cite le Docteur Benjamin Abelow, qui discute des conséquences de cette politique dans son ouvrage « How the West Brought War to Ukraine ». « Au mépris de l’accord entre Gorbatchev et Reagan, négocié à la fin des années 1980 après la chute du mur de Berlin, l’OTAN a commencé à encercler la Russie avec des bases militaires. Sept pays du Pacte de Varsovie ont été invités à rejoindre l’OTAN, une organisation dont la raison d’être était l’inimitié envers la Russie. Il décrit le flux incessant de provocations OTAN/US contre l’Ukraine. Il raconte les provocations d’avant et d’après le coup d’État de 2014 ». « Vraiment, ajoute Abelow, quelle personne sensée pourrait croire que placer un arsenal occidental à la frontière russe ne produirait pas une réponse forte ? Quelle personne sensée pourrait croire que placer cet arsenal renforcerait la sécurité américaine ? »[3]

Le plan de découpage de la Russie : la résistance des 85% de la planète

La guerre en Ukraine n’est, de ce fait, pas fortuite, elle fait partie d’une stratégie américaine visant à détruire ou à réduire durablement la puissance de la Russie. Il n’est pas étonnant que dans le camp de l’empire et de l’Europe, sa vassale, la parole se libère, on parle de défaite de la Russie héritière de l’Empire soviétique. Pour le président Poutine, « depuis des décennies, l’idée de démanteler l’Union soviétique et la Russie est constamment cultivée dans les pays occidentaux. Malheureusement, à un moment donné, l’idée d’utiliser l’Ukraine pour atteindre cet objectif a été conçue. C’est précisément ce que certains pays occidentaux – sous la houlette des États-Unis – cherchent à faire : créer une enclave anti-russe et nous menacer de ce côté. Empêcher que cela ne se produise est notre objectif premier »4.

La vindicte est telle que l’Europe en rajoute. Ainsi, « les Occidentaux travaillent à exclure la Russie de toutes les organisations intergouvernementales. Ils y sont déjà parvenus au Conseil de l’Europe et pensaient y arriver aussi aux Nations unies comme, en 1939, ils avaient exclu l’URSS de la SDN. (…) le 13 octobre, ils ont été 143 États à condamner « l’invasion » de l’Ukraine par la Russie et seulement 35 à saluer son application de la résolution 2202. Cependant, le 30 décembre, la majorité a changé de camp. Ils ont été 87 États à voter que la Cour internationale de justice (CIJ) devait déclarer l’occupation des territoires palestiniens illégale, contre 26 pour qui le monde régi par les règles occidentales doit s’accommoder de 75 ans de non-droit »5. C’est un signal important, les 85% qui étaient sans voix manifestent leurs droits au sein d’une enceinte des Nations unies de plus en plus démonétisée.

La boule de cristal des analystes occidentaux : des vœux pieux

À en croire les analystes occidentaux, la cause est pliée : l’Ukraine va vaincre la Russie. Les élites occidentales, européennes surtout, communient avec ferveur autour d’une obsession, celle de vaincre Poutine, d’écraser la Russie. Elles n’envisagent pas un seul instant de se pencher sur les causes de cette guerre ; le Russia bashing fait son œuvre. Ainsi, pour Michel Duclos, ancien ambassadeur français, « les sorties de crise possibles dans le conflit ukrainien, autour de deux hypothèses de base : la première, celle d’une impasse durable, excluant une fin de partie en 2023 ; c’est le scénario « guerre de Corée », celle d’un dénouement en 2023 pouvant résulter d’un éventail de scénarios : une défaite ukrainienne (peu probable) ; un effondrement de l’armée russe (plausible) (…) Les experts militaires n’excluent pas que l’armée russe finisse par s’effondrer »6.

À propos de l’Iran, toujours les mêmes certitudes : la diabolisation de l’Iran et le souhait qu’Israël s’en occupe ! Nous lisons : « Les risques d’ouverture de nouveaux fronts au Proche-Orient. L’Iran fait le choix d’aller jusqu’au bout de l’acquisition d’un stock de matières fossiles lui permettant d’atteindre le statut d’« État du seuil ». Ne peut-on imaginer dans ce contexte que les Israéliens, de nouveau dirigés par Netanyahou, cette fois à la tête du gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël, procède à une campagne de frappes contre les installations nucléaires iraniennes ? »[6]

Le Nouvel Ordre Occidental version Empire et vassaux

Il faut que tout change pour que tout reste comme avant ! Tel serait la devise ! Nous lisons ce que Michel Duclos préconise pour le futur : « L’Europe doit revoir sa politique énergétique et même son modèle économique ; repenser les frontières de l’UE et donc ses institutions et réarmer le continent, si possible, dans le cadre d’un contrat transatlantique renouvelé ». Il explique la victoire du Nord par la force de frappe occidentale, le dollar et les circuits financiers. Il en appelle à de nouvelles relations : « Une défaite russe est le résultat le plus probable (…) Ils ne peuvent pas gagner. Mais ils pourraient avoir une chance de compenser ou d’atténuer cette défaite militaire par une victoire politique. À ce titre, il est important de s’interroger sur les conditions d’une telle « victoire » occidentale. (…) Cependant, un point essentiel doit être souligné : il n’y aura pas de retour en arrière, pas de « restauration » du monde d’avant. Le déclin relatif de la puissance occidentale se poursuivra. Si l’Occident « gagne », ce sera de justesse. Le ressentiment dans le Sud ne disparaîtra pas. Les moyennes puissances décomplexées ne tomberont pas dans le rang. En d’autres termes, la tâche de reconstruire un ordre mondial – ou, plus modestement, d’éviter le chaos – nous attend. Il peut être nécessaire de distinguer entre la sécurité collective et les enjeux mondiaux et la régulation de la mondialisation (…) Le Nord et le Sud partagent le même impératif de sauver la planète, ce qui signifie que les interdépendances créées par la mondialisation doivent être gérées dans un esprit de compréhension mutuelle. En l’absence d’un Ordre mondial « avec un O majuscule », on peut imaginer un monde dans lequel les États du Sud comme du Nord se réapproprient les mécanismes multilatéraux, y compris ceux de la famille onusienne »7.

Après la Russie, le tour de la Chine en face de l’Empire 2023

À l’opposé, il nous plaît de citer Michel Raimbaud, un autre ex-ambassadeur français qui, au contraire, remet objectivement les pendules à l’heure. Il écrit : « Conflit en Ukraine, rivalité Chine/Occident ou réorientations diplomatiques des pays du Sud. La crise ukrainienne allait mettre en évidence l’impossibilité d’un dialogue, Joe Biden décrétant que l’Amérique devait « à nouveau guider le monde comme elle l’avait toujours fait » (sic), une idée baroque qui passe désormais très mal. En phase avec Xi-Jinping, Vladimir Poutine martelait à Moscou en août 2022 : « Je répète que l’ordre mondial unipolaire est en train de devenir une chose du passé ». Peu importe la force avec laquelle les mondialistes s’accrochent à la situation, c’est voué à l’échec »8.

« L’opération spéciale » entreprise par la Russie en février 2022 n’a pas créé la crise ukrainienne, entretenue depuis 2004 par l’hégémonisme américain. Le camp atlantique dirigé par Washington, obsédé par Israël, cherche à préserver le privilège hégémonique confirmé par la chute de l’URSS. Cet Occident préfère les « règles » qu’il fabrique lui-même au droit international qu’il ignore systématiquement. On ne compte plus ses méfaits depuis Hiroshima, sans parler du chaos semé à tous vents et des sanctions criminelles dont il arrose depuis trois décennies les États « rebelles ». Face à l’hégémon en titre, le reste du monde, où vivent 85% des Terriens répartis sur trois continents (Asie, Afrique, Amérique latine), met ses espoirs dans le projet conduit par la Russie, la Chine et des puissances eurasiatiques, proposant un monde multipolaire respectueux des souverainetés et des stratégies nationales. Il y a bel et bien deux « communautés internationales », qui ne partagent ni les mêmes repères ni les mêmes valeurs »[8].

Michel Raimbaud parle d’un deuxième défi en 2023 : « Dans le rôle du diable, la Chine succède à la Russie, les vassaux européens se voient dissuadés de recourir à l’Empire du Milieu comme partenaire économique de rechange. Selon Macron, l’UE accepterait de durcir sa position à l’égard de la Chine, à condition (sic) que Washington renonce aux lois incitant les entreprises européennes à migrer outre-Atlantique… L’Occident a déjà perdu la guerre économiquement et sans doute militairement : l’Union européenne serait bien avisée de réfléchir aux moyens d’éviter un naufrage global. la « construction européenne » est et a toujours été un projet américain. L’UE se voit comme un géant en puissance, mais elle a perdu tout contact avec la Russie et fera de même avec la Chine pour les mêmes raisons. (…) Le flirt de l’Arabie saoudite avec la Chine et la Russie confirme ce que l’on devinait : Mohammad Ben Salmane (MBS) est exaspéré lui aussi par l’arrogance de l’Occident et l’opportunisme désinvolte des États-Unis oublieux du pacte du Quincy… Paiement du pétrole en yuans, refus d’augmenter la production de l’OPEP, voire demande d’adhésion aux BRICS… Trop, c’est trop. Ce grand écart s’inscrit dans l’effervescence du monde arabe et dans le mouvement de révolte qui bouleverse les arrière-cours de l’Occident, le Sahel, l’Afrique et l’Amérique latine. L’Iran est un cas exemplaire. La coopération avec Moscou, le pacte stratégique avec Pékin, l’adhésion aux BRICS démontrent qu’il a choisi son camp, l’Iran est un élément-clé de l’axe de la résistance, qui peut se permettre de renégocier l’accord nucléaire sans rien sacrifier de sa liberté d’action »[8].

2023 sera-t-elle l’année du nouvel ordre mondial multipolaire ?

« Pour beaucoup d’observateurs, écrit Mehdi Messaoudi, l’année 2022 a été celle de la « désoccidentalisation » et celle annonciatrice d’un nouvel ordre mondial multipolaire plus juste. D’ailleurs, de plus en plus de pays contestent l’hégémonie du néolibéralisme et ses valeurs, que comptent les USA et leurs alliés imposer au reste du monde. Sur ce plan, de plus en plus d’États, de la Chine, de l’Afrique à l’Amérique latine en passant par l’ASEAN, rejettent discrètement, mais fermement, l’ordre mondial occidental, note le financier chinois Wang Wen. Selon lui, en 2023, cette tendance ne fera que se consolider. Pour le politologue Tiberio Graciani, la confrontation entre l’Occident et les pays en développement rapide se poursuivra en 2023. Le conflit entre l’Occident et les pays BRICS se poursuivra en 2023, afin de maintenir la domination mondiale du premier et de créer un système multipolaire du second. Graciani a déclaré dans une interview à l’agence TASS : « Si nous parlons de politique internationale, alors cette année est marquée par la tension entre la « géopolitique conservatrice » de l’Occident qui vise à maintenir l’hégémonie mondiale et la « géopolitique progressiste ». Pour les pays BRICS, qui seront rejoints par d’autres pays comme l’Algérie, il sera question de mobiliser et sensibiliser le reste du monde d’aller vers un ordre mondial multipolaire plus juste. Le BRICS visent à élargir le nombre de pays participant à la prise de décision internationale. Il a exprimé sa conviction que la politique occidentale continuera à nier la souveraineté d’autres pays, tandis que les pays en développement chercheront au contraire à établir un système multipolaire »9.

Comment se présente 2023 pour l’Algérie ?

En Algérie, il a fait chaud pendant tout le mois de décembre, il n’a pas neigé sur le Djurdjura. Selon l’ONM, « l’hiver de cette année pourrait connaître des épisodes de pluie intenses de courte durée avec des quantités de pluies localisées très importantes susceptibles d’engendrer des inondations ». Le dernier Conseil des ministres a décidé de renforcer le dessalement. Gageons qu’une étude sur le prix de l’eau soit engagée et que le citoyen soit responsabilisé. 2023 est une année charnière avec le démarrage de grands chantiers notamment celui de la transition énergétique avec un Plan Marshall pour la mise en place de l’hydrogène vert dans toutes ses dimensions  notamment de la formation et de la  recherche

La situation de dépendance de l’Europe du gaz ne va pas durer au plus en 2030 ; quelques années qui permettront à l’Europe, notre partenaire naturel, de ne plus dépendre totalement des énergies fossiles.  En effet, elle prévoit un modèle à 55% renouvelable en 2030 et graduellement pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Ce qui veut dire que nous avons une fenêtre de quelques années et le ministre des Affaires européennes, Joseph Borell, a affirmé que l’Union européenne était plus incitée à se désengager du gaz d’ici 7 ans que d’investir dans un gazoduc avec du gaz nigérian.

Dans ces conditions, il est venu le moment de relancer plus le plan solaire algérien avec un partenariat visant à mettre en place avec l’Europe (Allemagne, Italie, Chine) les 20 000 MW, avec un plan hydrogène vert robuste ; le financement se fera par les contrats gaziers : la conjoncture est favorable, le gaz est de plus en plus cher, jusqu’à 180 euros le MWh, et le MWh solaire à moins de 15$. On prévoit même des prix de 10$ le MWh. Bref, pour chaque mètre cube de gaz, l’équivalent de 10 kWh de gaz, sachant qu’une stratégie énergétique robuste est aussi un argument de poids qui doit peser dans nos atouts pour la mise en place du chantier multidimensionnel de l’adhésion aux BRICS et qu’il serait judicieux de lancer.

Conclusion

La Russie de Pierre Le Grand, celle de la Grande Catherine, renaîtra de ses cendres et n’a pas dit son dernier mot. 2023 est un point de bascule. Nul doute que l’Occident jette ses dernières forces tous azimuts, entraînant ce qui reste de la Vieille Europe et ceci jusqu’au dernier Ukrainien. Pourtant, il y a de la place pour chacun dans un monde sans ingérence avec le doux commerce et la préoccupation première qui est de sauver notre alma mater bien abîmée du fait de la folie des hommes en pleine ébriété et qui ont perdu le sens de la sobriété ! Bonne année sur Terre aux femmes et aux hommes de bonne volonté.

Chems Eddine Chitour

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1 commentaire

  1. Pas d’autres options qu’un monde multipolaire car nous n’allons pas continuer a servir l’empire et laisser l’Occident nous exploiter a nue! Debout sur les ramparts nous allons continuer a lutter pour une Afrique libre et souveraine!

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