17e Conférence des Nations unies sur le changement climatique : Les fortes attentes de l’afrique

0

Le continent attend beaucoup des conclusions de « sa » conférence. Mais le début des travaux à Durban, annonce une négociation difficile.

Les travaux de la 17è conférence des Nations unies sur le changement climatique se poursuivent à Durban en Afrique du sud. Depuis l’ouverture officielle par le président sud-africain Jacob Zuma, les négociateurs sont à pied d’œuvre pour préparer les projets d’accord à l’intention des ministres dont les travaux débutent ce lundi. Pour le moment, rien ne laisse présager qu’à Durban les négociations aboutiront à des accords à la satisfaction générale. Le principal point d’achoppement des discussions entre pays développés et pays pauvres, est la question du Protocole de Kyoto qui impose une réduction des émissions de gaz à effet de serre aux Nations industrialisées afin de faire baisser la température de la planète dangereusement élevée selon les conclusions des scientifiques du Groupe international des experts sur le changement climatique (GIEC). Ces scientifiques soutiennent qu’une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre est indispensable pour maintenir la hausse de la température de la Terre en dessous de 2°C. L’objectif est d’atteindre 1.5°C. Les pays africains comme le nôtre, durement frappés par les sécheresses et les inondations, et l’ensemble des petits Etats insulaires, déjà menacés par la montée du niveau de la mer due à la fonte des glaces des deux pôles, soutiennent une nouvelle période d’engagement du Protocole de Kyoto.

La convention en vigueur expire le 31 décembre prochain. L’Afrique, conformément à sa position commune adoptée à Bamako en septembre dernier, estime qu’à défaut d’une seconde période d’engagement, les négociations de Durban doivent aboutir à une période transitoire permettant de maintenir une convention juridiquement contraignante qui imposera aux pays industrialisés de réduire d’au moins 40% en 2020 leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Les Européens, les Américains, les Japonais et les Chinois rechignent à s’engager sur un texte juridiquement contraignant. Les Américains estiment carrément que les objectifs actuels de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont suffisants pour éviter de dépasser l’augmentation de température de 2°C. Le représentant spécial des Etats-Unis, Jonathan Pershing, l’a fait savoir lors d’une conférence de presse tenue à Durban le 29 novembre dernier. Quant à l’Union Européenne, elle serait en train de chercher à repousser la signature d’un accord ambitieux et contraignant au plus tôt à 2021. La question de la réduction des émissions de gaz à effet de serre n’est pas la seule qui divise les négociateurs. Celle de la réduction des impacts du changement climatique suscite aussi des controverses. Les pays africains sont loin d’être satisfaits de la mise œuvre du fonds vert à décaissement rapide annoncé depuis 2009 et qui devait être dopé d’une cagnotte de 30 milliards de dollars (13500 milliards de Fcfa).

Ce fonds vert devrait permettre aux pays les plus vulnérables d’obtenir des financements pour les projets et programmes d’atténuation et d’adaptation aux effets du changement climatique. Le Centre africain pour la politique climatique de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) a publié récemment un rapport qui confirme que les attentes n’ont pas été comblées. Sur 30 milliards de dollars annoncés en 2009, seulement 2,8 milliards (1260 milliards de Fcfa) sont des financements nouveaux. En clair, les bailleurs de fonds n’ont fait que comptabiliser les financements déjà acquis dans le cadre de projets et programmes en cours d’exécution. L’étude souligne aussi un déséquilibre dans le financement entre les projets d’atténuation et les projets d’adaptation. Près de 62% des fonds sont alloués à l’atténuation tandis que 25% vont à l’adaptation et 13% à la protection des forêts qui peut être considérée aussi comme de l’atténuation.

L’étude note que le financement actuellement disponible pour l’Afrique et les autres pays vulnérables est insuffisant pour la mise en œuvre des activités convenues dans le cadre de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique. « Il existe peu de repères convenus pour les finances du climat. Il y a donc une transparence limitée et une responsabilité diffuse quant à la façon dont l’argent est fourni », conclut le rapport du Centre africain pour la politique climatique. Il revient au ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, Tiémoko Sangaré, en sa qualité de président de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement, de diriger le groupe africain dans ces négociations difficiles. Au moment où notre pays vient de perdre un de ses éminents spécialistes des questions du changement climatique en la personne de Mama Konaté, qui était le directeur national de la Météorologie. Mama Konaté présidait un des groupes scientifiques chargés de fournir des avis techniques sur le climat dans le monde. Il est décédé en Allemagne en novembre dernier. Un hommage appuyé lui a été rendu à Durban lors de la cérémonie d’ouverture de la présente conférence.

Brehima TOURE

CM/MEA

Les évènements en marge

Le Mali est fortement représenté à cette conférence. En plus du ministère de l’Environnement et de l’Assainissement, la délégation malienne comprend des représentants du ministère de l’Energie et de l’Eau, de l’Assemblée nationale, des ONG. Tous ces experts devraient faire de la participation malienne une réussite. C’est ainsi que notre pays a organisé conjointement avec l’Allemagne une conférence sur les projets financés par la coopération allemande sur le changement climatique. Demain, le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, Tiemoko Sangaré, et son homologue allemand signeront un protocole au terme duquel l’Allemagne accordera à notre pays la somme de 10 millions d’euros (6,5 milliards de Fcfa) pour financer les projets de lutte contre le changement climatique. B. T.

Commentaires via Facebook :