Le 15 octobre 1987, un acte crapuleux, insolite, apatride et ignoble a été commis dans le pays des hommes intègres. Ce jeudi noir pour tous les peuples d’Afrique et du reste du monde, le camarade Thomas Sankara que l’on appelait affectueusement «Thom Sank» a été froidement abattu juste devant la porte d’entrée de la salle de réunion du Conseil de l’Entente à Ouagadougou. Ce jour sombre restera à jamais gravé dans toutes les mémoires comme l’est le 4 août 1983, jour où un soleil nouveau s’est levé à l’horizon d’Afrique pour tous les peuples de la terre.
En ce 4 août 1983, un homme, pas comme les autres, a dit avec profonde conviction que désormais en Afrique et en particulier dans le pays des hommes intègres, rien ne sera plus comme avant. La prise du pouvoir par Thomas Sankara, le 4 août 1983, a consacré la fin d’une époque en Haute Volta. Un an plus tard, ce pays sera rebaptisé Burkina Faso. Cette époque à laquelle la révolution du 4 août mettait ainsi fin se caractérisait en Haut Volta, comme partout ailleurs en Afrique, par l’oppression et l’exploitation des peuples épris de paix et de justice sociales. Cette période s’est illustrée, hélas, par l’ignoble règne du pouvoir des nantis sur les damnés de la terre.
Quatre (04) courtes années après le 4 août, le monde entier s’est rendu à l’évidence que Sankara s’est battu sans réserve pour la dignité, l’honneur et le mieux être de son peuple et donc de tous les autres peuples d’Afrique et du reste du monde.
A la tribune des Nations Unies, en 1984, «Thom Sank» a expliqué à la face des dirigeants de la planète que sa bouche est celle de tous les peuples écrasés par l’oppression et l’exploitation bourgeoises, que sa voix est celle de tous les «laissés pour compte», et que son combat est celui de tous les peuples d’Afrique et du reste du monde, ces peuples écrasés par la misère, l’injuste dette qu’ils n’ont à aucun moment consommée. Cela est si patent qu’il est établi que les dettes contractées, hier comme aujourd’hui par les dirigeants africains aux lobbies occidentaux, n’ont jamais servi et ne servent nullement à éradiquer de l’Afrique des maux comme la faim, les maladies les plus bénignes, le manque de nourriture décente et de logement pour les plus démunis de la terre.
Thomas Sankara disait à la face du monde: «Je parle au nom de ces milliers d’êtres qui sont de cultures différents et qui bénéficient d’un statut à peine supérieur à celui d’un animal. Je souffre au nom des indiens massacrés, écrasés, humiliés, et confinés depuis des siècles dans des réserves (…) Je parle au nom des femmes du monde entier qui souffrent d’un système d’exploitation imposé par les mâles (…) Oui !, je veux donc parler parce que je suis homme et rient de ce qui est humain ne m’est étranger».
En quatre (04) courtes années d’exercice du pouvoir révolutionnaire, des changements qualitatifs profonds ont eu lieu dans la vie sociopolitique et économique du peuple travailleur du Burkina Faso. Les succès de la révolution du 4 août furent si éclatants qu’ils forçaient l’admiration de tous, jusque dans les rangs des Nations Unies.
Pour témoignage, l’ex-rapporteur spécial pour les Nations Unies, en la personne de Jean Zigler, n’a pas manqué de reconnaître en toute honnêteté que Sankara a réussi en quatre (04) ans de gestion des affaires ce que d’autres n’ont pas pu réaliser pendant des décennies de pouvoir. Jean Zigler a dit notamment de Thomas Sankara: «Il a vaincu la faim ; il a fait que le Burkina Faso, en quatre (04) ans, est devenu alimentairement autosuffisant».
Au plan politique, Sankara a posé les pierres angulaires de la science qui devait désormais illuminer les luttes révolutionnaires des peuples d’Afrique et du reste du monde. Il a notamment appris aux jeunes à se libérer des déclarations mensongères, politiques, esthétiques, religieuses et artistiques des sangsues des peuples de la terre.
Thomas Snakara avait fait sien cet avertissement illuminé de Vladmir Ilich Oulianov Lénine: «Les hommes ont toujours été et seront toujours les dupes naïfs des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes».
Sankara est tué, le jeudi 15 octobre 1987, au petit soir dans la cour du Conseil de l’Entente à la faveur d’une réunion que présidait le camarade Thom Sank. Ont connu le même sort, tous qui sont sortis de la salle de réunion sous la pression du commando venu attenter à la vie du Capitaine Thomas Noël Sankara. Il a été froidement abattu avec douze (12) autres compagnons d’uniforme et enterrés à la hâte (wassa-wassa, comme on le dirait en moré) au cimetière de Daganouin à la faveur de la nuit noire du crime. Il a fallu attendre quatre (04) jours pour voir un homme, cet homme au regard de cruel, Blaise Compaoré, son «ami» et compagnon, frère, s’adresser au peuple du Faso sur les écrans de télévision nationale, pour dire que le camarade Sankara s’était trompé et qu’il allait trop vite et surtout qu’il était un mégalomane.
C’est en ce moment précis que nous avons compris que Blaise Compaoré était le commanditaire de cet assassinat crapuleux d’un homme qui a servi tous les peuples. Et depuis cet assassinat sans scrupule de Sankara, les assassins ne cessent de courir. Mais, l’histoire nous enseigne que de tels crimes ne peuvent rester impunis surtout s’ils sont commis contre des peuples.
Une façon de dire que Blaise Compaoré a bien son tour chez le coiffeur quand bien même il s’est naturalisé Ivoirien pour échapper à la vindicte populaire du peuple laborieux du Faso. Il doit se rendre à l’évidence qu’il rendra compte de ce crime horrible au peuple du Burkina Faso. Il ne peut en être autrement car tous les peuples d’Afrique lui en veulent à mort.
Aussi, le général Gilbert Diendéré aura lui aussi à s’expliquer sur cet affreux crime contre l’honneur et la dignité des masses laborieuses du Burkina, d’Afrique et du reste du monde. Cela est indubitable, et Blaise le sait tout autant qu’il a conscience que les hommes passent et les peuples demeurent. Il ne peut plus longtemps bénéficier du parapluie d’Alassane Dramane Ouattara, encore moins de la France car tous les indicateurs montrent que les peuples d’Afrique ont déjà compris que le pouvoir colonial français doit être combattu en vue de l’indépendance réelle du continent et pour des rapports de coopération radicalement nouveaux.
Le Mémorial «Thomas SANKARA» érigé à Ouagadougou à la mémoire de l’illustre disparu est l’expression parlante de ce combat résolu des Peuples épris de paix et de développement durable contre l’impérialisme français et ses valets et suppôts américano-euro-africains.
La lutte continue et la vérité triomphera nécessairement, quand bien même les assassins de Thom Sank ne sont pas encore débusqués officiellement !
Dors en paix Camarade Thomas Sankara ! Votre lutte ne restera pas vaine et le crime contre votre vie ne restera pas impuni !
Fodé KEITA