14 Juillet : ce qu’il faut retenir de l’interview de François Hollande

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Le président de la République a répondu aux questions des journalistes David Pujadas et Gilles Bouleau. © AFP/ FRANCOIS MORI

Le président de la République a répondu pendant quarante-cinq minutes, sur France 2 et TF1, aux questions des journalistes David Pujadas et Gilles Bouleau, depuis la salle des Portraits de l’Élysée. C’était le dernier exercice du genre du quinquennat de François Hollande, toujours englué dans l’impopularité.

Voici ses principales déclarations :

Le cas Macron. Alors que le ministre de l’Économie s’affranchit de l’autorité de François Hollande depuis quelques semaines, le chef de l’État a tenu à recadrer son ministre. « Il m’accompagne depuis 2012 comme conseiller, puis comme ministre », a rappelé François Hollande. « Il veut rencontrer les citoyens, et c’est utile. Il faut toujours aller à la rencontre des autres », a-t-il poursuivi, avant de rappeler les règles à respecter : « La première règle, c’est la solidarité, c’est l’esprit d’équipe, défendre le bilan, être à plein temps dans sa tâche », a lancé le président. Dans un gouvernement, il n’y a « pas de démarche personnelle. Il faut servir et servir jusqu’au bout ». Et de conclure « fermement et clairement » sous forme d’avertissement : « Respecter les règles, c’est rester au gouvernement. Ne pas les respecter, c’est ne pas rester. » « Chacun maintenant est informé » des règles, a-t-il ajouté.

Face aux deux journalistes, le président en a également profité pour rappeler sa confiance envers son Premier ministre : « Manuel Valls, je l’ai nommé pour diriger le gouvernement, et il le fait avec courage et dans le sens de l’intérêt général. »

Brexit. Alors que le Royaume-Uni vient de changer de Premier ministre et de gouvernement – à la suite du Brexit –, François Hollande a adressé un message à Theresa May : « Plus tôt elle engagera la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, meilleure sera la relation future entre l’Europe et le Royaume-Uni et meilleure sera notre propre situation », a souligné le président français.

Bilan. Interrogé sur l’état du pays à la fin de son quinquennat, Hollande a rappelé qu’il avait « hérité d’un pays qui avait 40 de fièvre ». « On se posait la question de savoir s’il ne fallait pas l’hospitaliser », a ironisé le chef de l’État, avant d’évoquer la dette publique qui « avait augmenté de 600 milliards d’euros ». En direct de l’Élysée, le président a assuré qu’aujourd’hui « la France va mieux » : « La croissance s’est améliorée, ça veut dire qu’il y a un peu plus de pouvoir d’achat, des créations d’emploi. Mais nous sommes encore fragiles », a-t-il nuancé. Et de rappeler les mesures mises en place : « Sur l’emploi, j’ai mis un dispositif pour l’embauche PME, j’ai fait en sorte que nous puissions faire moins d’économies budgétaires que prévu, et je prépare avec la chancelière Merkel un plan pour que nous puissions relancer l’investissement à l’échelle de l’Europe. Ça va mieux en France, mais ça peut se dégrader si nous ne faisons rien. Alors, j’agis. Les choix que j’ai faits étaient les bons. C’était le bon cap, et je pense qu’il faut le suivre. »

Impôts. Il n’y aura de baisse d’impôts en 2017 que si la croissance s’accélère, a prévenu François Hollande. « Je ne ferai de baisse d’impôts que si nous avons la certitude d’avoir une croissance supérieure à celle de cette année », a-t-il affirmé durant cette interview.

Chômage. Concernant la courbe du chômage, le chef de l’État se veut plutôt optimiste : « Nous aurons une inversion de la courbe du chômage à la fin de l’année, mais un chômage qui restera encore trop élevé. Ça veut dire qu’il faudra poursuivre la politique que j’ai engagée », a-t-il déclaré.

Loi travail. Alors que l’opposition maintient la pression face à la loi El Khomri, le chef de l’État a tenu à défendre une nouvelle fois cette réforme, et notamment les accords d’entreprise, au cœur de la contestation. « Une entreprise fait face à une situation et veut signer un accord avec des syndicats. Ce n’est pas possible aujourd’hui », explique-t-il face aux deux journalistes, avant d’ajouter que ces accords « devraient permettent de donner un mieux à l’entreprise et un mieux pour le salarié ». « Peut-être y a-t-il eu une mauvaise présentation initiale », a toutefois admis François Hollande en parlant de la loi travail.

Coiffeur de François Hollande. Le président a également réagi à la polémique sur le salaire de son coiffeur – payé près de 10 000 euros par mois. « Mon salaire a baissé de 30 %, j’ai diminué les effectifs de cette maison », s’est emporté le chef de l’État, qui assure avoir baissé le budget de l’Élysée « de 109 millions en 2012 à 100 millions ». « En ce qui concerne les frais de coiffure, il y avait des frais extérieurs, j’ai préféré que ce soit fait d’ici », s’est-il justifié.

Barroso chez Goldman Sachs. Interrogé sur l’embauche de l’ancien président de la Commission européenne José Manuel Barroso par la banque Goldman Sachs, François Hollande n’a pas caché son désaveu : « Juridiquement, c’est possible, mais c’est moralement inacceptable », a lancé le chef de l’État. La France avait déjà demandé mercredi « solennellement » à l’homme politique portugais, qui a dirigé pendant dix ans la Commission de Bruxelles, de « renoncer » à travailler pour la banque à la réputation controversée.

Économies budgétaires. Les objectifs d’économies budgétaires sur trois ans ont été revus à la baisse à 46 milliards d’euros, contre 50 initialement prévus, en raison de dépenses supplémentaires dans la sécurité, la défense ou encore l’agriculture, a annoncé le président français. « On ne fera pas 50 milliards d’économies. (…) On en fera 46 », a affirmé le chef de l’État, satisfait d’avoir répondu durant son quinquennat aux « exigences de la période » avec ces économies, tout en ayant « fait diminuer le déficit public », « conformément à l’engagement » pris « devant nos partenaires européens et devant les Français ».

État d’urgence. François Hollande a confirmé la levée de l’état d’urgence le 26 juillet prochain. Mis en place le soir des attentats du 13 novembre, l’état d’urgence avait été prolongé pour trois mois le 26 novembre par le Parlement. « Cet état d’urgence, j’ai considéré qu’il fallait le prolonger jusqu’au moment où nous pourrions être sûrs que la loi pouvait nous donner des moyens nous permettant de prévenir la menace terroriste avec efficacité », a déclaré le président de la République.

Candidat en 2017 ? « Nous ne sommes pas dans un temps de campagne électorale », a indiqué François Hollande, qui prendra la décision d’une éventuelle nouvelle candidature à la fin de l’année. « Je ne désespère pas de convaincre » les Français, a-t-il dit en ajoutant : « Je dois protéger la maison France, qui est fragile, qui peut se lézarder. L’idée majeure qui m’anime qui pourrait justifier d’aller devant les Français, c’est de faire en sorte que le pays puisse être maître de son destin.” Aux électeurs frontistes il dit qu’ils « font fausse route ». « L’enjeu de 2017 sera beaucoup plus important que celui de 2012 », a-t-il poursuivi.

Lutte contre Daech. François Hollande annonce un renforcement de la contribution française à l’offensive menée par la coalition contre le groupe État islamique. « Nous allons renforcer l’appui que nous apportons aux Irakiens ; ce n’est pas une intervention au sol, mais il y aura des conseillers militaires français. Nous devons frapper, et frapper fort, au moment où Daech commence à fléchir. »

 Publié le 14/07/2016 à 08:56 | Le Point.fr

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