Ministres et présidents d’institution au Mali ont commencé depuis quelque temps à étrenner leurs limousines flambant neuves de fonction. Il s’agit de véhicules Toyota V8 dont le prix unitaire est estimé à une quarantaine de millions de F CFA. Le parc automobile ministériel ne fait qu’augmenter, alors que la crise sévit dans le pays.
L’omerta autour des véhicules flambant neufs de l’Etat mis en circulation, intrigue. Ce d’autant que la transparence dans les dépenses publiques est une exigence de bonne gouvernance. Le contribuable doit être informé des tenants et aboutissants d’une telle opération. C’est son droit le plus absolu. Toute autre attitude serait du mépris à l’égard de ces femmes et hommes qui suent sang et eau pour payer taxes et impôts.
En tout état de cause, la rigueur la plus absolue est requise par ces temps de galère du moins pour la masse laborieuse. Les autorités demandent aux Maliens de consentir des sacrifices en vue de permettre au pays de passer ce cap difficile. Il est ainsi question de revoir certains avantages octroyés aux fonctionnaires. Tout cela est bien beau. Mais l’exemple devrait venir du sommet. Les syndicats ne cessent de le répéter, on ne peut demander au peuple de se serrer la ceinture quand les dignitaires vivent dans un luxe insolent. Le train de vie de l’Etat ne diminue pas.
Pis, il ne fait que s’aggraver, à l’image de ces Toyota V8 qui ornent les parkings ministériels. L’Etat ne peut convaincre personne de l’urgence d’un tel achat. Par ailleurs, personne ne croira plus en l’existence d’une quelconque difficulté financière. Car au même moment, le gouvernement ne se gêne pas d’effectuer des dépenses inopportunes, dispendieuses et mondaines.
Le plus indignant, c’est que cela intervient dans un contexte pénible pour les forces de défense et de sécurité qui se trouvent dans un état de dénuement total. C’est pourquoi l’initiative de doter le gouvernement et les institutions de voitures de fonction luxueuses n’est ni heureuse ni opportune. Elle est choquante au regard de la pauvreté extrême des Maliens dont une partie (environ deux millions d’âmes) est du reste menacée par la famine.
Quand on ajoute à ce problème structurel, les crises multiformes nées ces derniers temps et dont la plus grave est le terrorisme, il y a de quoi s’indigner de certains choix visiblement hasardeux du gouvernement. Ces errements ne peuvent que renforcer la conviction que les dignitaires se permettent tout, mais demandent au reste du peuple de faire des sacrifices.
Cet appel au patriotisme face à la crise sécuritaire et économique passera mal. Il faudrait donc s’attendre à voir les syndicats durcir le ton pour exiger de meilleures conditions de vie et de travail.
Assi de Diapé