Soloni se souvient du 26 mars : Les sources lointaines du 26 mars 1991

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Le 26 mars 1991 est une étape de l’histoire  du combat démocratique du peuple malien. Cette date ressemble à la phase où le peuple veut imprimer sa marque historique. Ce combat démocratique du peuple malien s’inscrit dans la lutte contre la pénétration coloniale, pour la libération du pays du joug colonial. Cette bataille a commencé bien avant l’indépendance à travers la constitution des formations politiques comme le Parti Démocratique Soudanais en janvier 1947, le Parti Progressiste Soudanais (PSP) en février 1946, l’Union Soudanaise-RDA (US-RDA composée du PDM, PSP, Bloc Soudanais) le 22 octobre 1946.

Les manifestations de l’esprit de libération virent le jour par les différentes élections organisées : Les législatives du 10 décembre 1946 qui virent le triomphe de Fily Dabo Sissoko (PSP), Jean Silvandre (PDS), Mamadou Konaté (US-RDA) ; les législatives du 17 juin 1951 qui donnèrent  le PSP et l’US-RDA vainqueurs ; l’élection des maires et leurs adjoints dans les communes de plein exercice du 18 novembre 1956. Ces élections ont permises l’élection de  Modibo Kéita (Bamako), Mamadou Sidibé (Kayes), M. Nayssie (Ségou) et Barema Bocoum (Sévaré).

La dynamique révolutionnaire est entrée dans sa phase active avec la constitution du premier congrès extraordinaire de l’US-RDA le 22 septembre 1960. Cette occasion fut saisie pour proclamer l’indépendance souveraine de la République Soudanaise en la République du Mali, libre de tout engagement et lien vis-à-vis de la France.

De 1960 à 1968, la lutte démocratique prend un autre visage avec le pouvoir de la passion (exprimé par la répression, la dissolution de quelques instruments démocratiques déjà mis en place tels que l’organisation des élections) sur la raison. Cette autre phase s’est également manifestée par les actes déraisonnables suivants : l’arrestation des militants du PMT en 1969, l’arrestation des membres du Regroupement des Patriotes Maliens pour cause de tracts en 1974, le plein pouvoir accordé au CMLN en mai 1977, la constitution du Congrès de l’UDPM en juin 1979). Les  mécontentements suscités par cette forme du combat démocratique ne se firent pas attendre: la grève des étudiants en 1980,  les tracts délivrés par le front National Démocratique Populaire (FNDP) en mai 1990, la lettre ouverte de cadres et intellectuels au Président de la République pour réclamer l’ouverture démocratique en août 1990, la marche des jeunes diplômés sans emploi en octobre 1990 et la création de partis (CNID : 18 octobre 1990, l’ADEMA : 24 oct.1990) ou associations (AEEM : 27 oct.1990).

Le 10 décembre 1990, le CNID lancera un appel à une marche pour exiger le multipartisme. Ainsi le 30 décembre 1990, le CNID, l’ADEMA et AEEM organisent une marche commune.

Avec l’engagement des masses populaires, les militaires parachèvent l’insurrection populaire en renversant le régime militaire du Général Moussa Traoré.

Ainsi apparut un autre moment du combat démocratique. Cet autre moment est le résultat de la synergie de partis politiques connus ou clandestins, de syndicats et des associations de la société civile. L’objectif de  ce combat  fut le suivant : plus de liberté, de justice et de bonne gouvernance. Il s’agissait de créer les conditions du pluralisme politique.

Le contexte international des années 90 n’a pas été moins stimulant surtout avec la chute du mur de Berlin et le sommet de la Baule pendant lequel la France a conditionné son aide financière à la démocratisation des Etats africains.

Mais il faut le dire, la soif démocratique du peuple malien n’a pas commencé avec les « insinuations » de la Baule. Elle lui est bien antérieure et s’encastre dans l’âme malienne. Du coup, aucun prix n’est assez grand, aucun sacrifice n’est assez fort pour dissuader le peuple malien de la justesse de ce combat.

Enthousiasmé par l’esprit de libération, le peuple malien a accepté volontiers le prix à payer : sa propre vie.

JD

 

Soloni se souvient du 26 mars

Message des martyrs à la Démocratie

Depuis longtemps, je t’ai désirée.

J’ai eu tellement  envie de toi.

L’amour que j’ai eu pour toi m’a tellement étreint que mon cœur battait plus fort au dedans de moi.

L’image que je me suis fait de toi, la pensée que j’ai nourrie à ton sujet m’ont débordé de joie.

C’est ainsi que je me suis engagé avec toi depuis 1992  comme dans un lien de mariage :

  • Un lien qui m’a appris à partager
  • Un lien qui m’a ôté mon moi, mon indépendance personnelle.
  • Un lien qui m’a conduit à ma propre négation.
  • Cette négation de moi-même s’est traduite par 
  • mon sang versé
  • mon corps brisé
  • mon mari arraché à la fleur de l’âge
  • mon épouse contrainte de partir avec un autre homme
  • mes amis, forcés de m’abandonner
  • mes frères et sœurs condamnés à m’entretenir parce que je suis devenu invalide
  • mes enfants abandonnés puisqu’orphelins désormais.

Ah Démocratie ! Si je savais tout cela de toi !

Si tu m’avais dit que ma vie était le prix de notre union,

Si tu m’avais dit que tu pouvais encore cohabiter avec l’injustice, la déchéance morale, l’inculture, l’impertinence de réflexion, la corruption, la prostitution politique, le désordre idéologique ; peut-être  que je réfléchirais par deux fois avant de……

Ah ! Démocratie ! Je te cherche depuis longtemps, dévoile-moi ton visage.

  • M’es-tu apparue pour qu’encore règnent l’injustice et le désordre ?
  • M’as-tu dépossédé de mon moi pour que règne la tyrannie de l’apparence, de l’impertinence ?

Oh que non !!

Nous nous sommes unis pour que:

  • règne la raison et non la passion,
  • la pertinence dans la réflexion soit promue.
  • l’espoir soit nourri
  • la justice règne
  • la pensée juste soit promue.

C’est pourquoi je ne regrette pas mon union avec toi.

Te reconnaitre, marcher avec toi malgré les embuches, est le sujet de ma joie.

J’aime ta présence parce qu’elle contraint les faux hommes à vivre sous l’apparence.

J’aime ta présence parce qu’elle met à découvert tous ceux-là qui pensent qu’ils sont cachés.

J’aime ta présence parce qu’elle me met en face de moi-même.

Pour tout cela, t’avoir choisie, fut la meilleure  des choses pour moi. Le tribut que j’ai payé pour m’unir à toi valait bien la peine. Par ce sacrifice, une lumière  a jailli, un grain d’espoir est né pour mes progénitures.

Un caillou d’espérance s’est fait remarquer dans l’immondice du désespoir.

Josué Djiré

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