Mme Manassa Danioko, celle qui a écrit son nom en lettres d’or dans les annales de l’histoire contemporaine du Mali par son combat pour plus de justice et d’équité, a du mal aujourd’hui à dire le droit et à défendre la loi fondamentale. Elle qui avait été qualifiée de dame de fer par Me Koureissi Bah, l’un des grands avocats du Barreau de Dakar, lors du procès crimes de sang de l’un des plus grands dictateurs du 21e siècle, à savoir le généralissime Moussa Traoré, peine aujourd’hui à donner espoir à un peuple qui l’avait tant adulée. Manassa Danioko, puis que c’est d’elle qu’il s’agit est en train de devenir de plus en plus méconnaissable. Par deux fois, les décisions de sa Cour se sont révélées « contre le Droit ». La première décision, fut à l’occasion des élections législatives partielles d’Ansongo quand elle débouta l’ADEMA et l’URD de leurs plaintes à juste raison contre le bourrage des urnes à Tessit. La seconde décision qui rendit sa Cour presqu’impopulaire fut le cachet de constitutionnalité donnée à la loi sur les autorités intérimaires que tous les bons juristes jugent violer la Constitution.
L’une des conséquences aujourd’hui de ce mauvais casting de la Cour Constitutionnelle dont notamment la loi sur les autorités intérimaires est la répression dans le sang de la marche pacifique et à mains nues des jeunes patriotes de Gao faisant 4 morts et de nombreux blessés. Va-t-elle enfin se ressaisir alors qu’il est encore temps ? Mesure-t-elle le danger que peut causer un verdict inique ? Le fait que les décisions de la Cour soient rendues en premier et dernier ressort, donc inattaquables juridiquement, autorise-t-elle cette dernière à prendre des décisions aux conséquences déstabilisatrices pour le pays ? Se souvient-elle des conséquences du tripatouillage des résultats par le Conseil Constitutionnel de la Côte d’Ivoire en 2011 qui a occasionné plus de 3000 morts ou des décisions légalement déclarées constitutionnelles au Burkina Faso sous Blaise Compaoré ou sous l’Apartheid en Afrique du Sud ?
La génération des élèves et étudiants de 1991 qui a battu le pavé sous Moussa Traoré au prix d’énormes sacrifices pour demander le multipartisme et une amélioration des conditions de vie et de travail, se souvient de cette dame à la voix autoritaire qui a occupé le banc du ministère public dans le procès crimes de sang de GMT. Mme Manassa Danioko avait émerveillé plus d’un par son réquisitoire historique et percutant qui avait fini par mettre à nu toutes les tares du régime qui venait d’être renversé par le peuple après 23 ans de règne sans partage. Ce procès considéré comme celui du siècle à l’époque, a marqué la conscience collective des maliens. L’image de la femme émancipée qu’elle avait donnée est restée graver dans la mémoire et a permis à la classe politique de faire de la promotion de la femme son cheval de bataille électorale. Nommée Présidente de l’une des prestigieuses Institutions de la République, Mme Danioko parait aujourd’hui méconnaissable. Ses détracteurs pensent qu’elle a mordu à l’hameçon du pouvoir. L’erreur de la Cour Constitutionnelle, dans la caution à elle donnée à la controversée loi sur les autoritaires intérimaires semble la rattraper. Aujourd’hui, ce sont les députés mêmes de la majorité présidentielle qui ont voté cette loi qui élèvent si hautement la voix pour la dénoncer, après la bavure policière sur les jeunes de Gao. Si la Cour Constitutionnelle avait pris son courage à deux mains en la rejetant, on n’en serait pas aujourd’hui dans cette situation tragique.
En définitive, pour rappel, les Hommes qui se sont rendus immortels dans l’Histoire l’ont été sur des petits détails. Après une carrière professionnelle si bien remplie, Mme Manassa Danioko ne doit plus être intéressée par un quelconque prestige ou un confort matériel, mais plutôt préoccupée par l’image qu’elle doit laisser à la postérité. Le verdict du tribunal de l’histoire est sans appel !
Youssouf Sissoko
Elle est l’image du Mali:nous ne vivons que de souvenir. Tieba a fait ceci, Sounjata a fait cela, …
Pauvre peuple, reveille toi
Et comme le souvenir ne remplit pas un ventre, j’en deduis que les maliens ont faim
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