Haut Conseil des Collectivités : Une institution ou un dortoir ?

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Malgré le transfèrement de son siège dans la luxueuse bâtisse de l’ex-Primature, cette institution de la République du Mali est dans un silence et une torpeur sans précédent. D’aucuns estiment que la personnalité embarrassante de son président (jugé de griot d’ATT) lui colle à la peau, mais aussi, ses missions confiées à des conseillers qui n’ont plus rien à prouver aux Maliens, après tant d’années sans rien réussir. Même si elle ne sera plus érigée en Sénat, cette institution, en attendant la fin du mandat prorogé des conseillers nationaux,  a surtout besoin de sang neuf.

 

 

Depuis le transfèrement de la Primature à la cité administrative, le chef suprême de cette institution, l’inamovible Oumarou Ag Ibrahim Haidara s’est précipité pour demander au président ATT, le transfèrement du siège de cette institution à l’ex-Primature. Les raisons sont connues : Oumarou Ag Ibrahim Haidara et Amadou Toumani Touré, l’ex-chef de l’Etat déchu par le coup d’Etat du 22 mars 2012 étaient unis autour de la même cause : la révision de la constitution à travers ce qu’ils ont appelé dans leur jargon au CARI (Comité d’Appui aux Réformes Institutionnelles), dirigé par Daba Diawara, « la réforme institutionnelle ».

En effet, dans ces réformes qui se sont butées au niet catégorique d’une frange importante de la population, il était prévu l’érection du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) en Senat.

Donc, Oumarou Ag Ibrahim Haidara serait, d’office le président de cette nouvelle institution. Raison pour laquelle, il était l’un des plus fervents défenseurs de cette réforme institutionnelle.

Mais en réalité, l’homme ne visait que son propre intérêt quand il prêchait que cela permettrait de renforcer la pratique démocratique au Mali. Et  il pouvait compter sur son ami ATT pour être « nommé » comme président de cette institution, si jamais la reforme avait eu lieu.

HCCT, une institution amorphe !

Le Haut Conseil des Collectivités du Mali faut-il le rappeler, est une institution de la République  qui ne peut être dissoute. Il représente les collectivités auprès de l’Etat. La mise en place de la décentralisation relève de sa compétence à travers une approche participative pour impulser le développement.

Le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) est la dernière-née des institutions  de la République du Mali, à l’exception de la haute Cour de Justice qui vient de voir le jour à l’A.N.  Il tire sa force  dans une volonté politique forcement  exprimée depuis la conférence nationale de 1991, de doter le pays d’une institution  qui se dédie entièrement à la mise en œuvre de la décentralisation  avec en ligne de mire la création  des collectivités fortes  et l’émergence  de nouveaux acteurs : les élus locaux chargés de promouvoir le développement local  et régional.

Cependant, la crise que le pays vient de traverser prouve à suffisance que cette institution ne joue pas son rôle.

En effet, institution chargée de la décentralisation, elle n’a joué aucun rôle pour éviter au Mali de vivre une telle crise. Elle n’a pratiquement posé aucune action  dans ce sens. Mieux, elle n’a rien entrepris dans le cadre de la sortie de crise ou de la réconciliation nationale.

Cette institution n’est visible que par la personne de son président que l’on aperçoit seulement lors des grandes cérémonies, habillé en grand boubou, la tête enturbannée. Habitué des discours kilométriques, dignes d’une diatribe « griotique », surtout quand ATT était au pouvoir.

Même l’Association des Municipalités du Mali (AMM) qui regroupe l’ensemble des maires du Mali est plus visible que cette institution. Elle pose plus d’actions. On l’a vu lors de l’occupation des trois régions du nord avec les nombreuses actions qu’elle a posées, les plaidoyers que ses membres ont fait à l’intérieur comme à l’extérieur du pays pour que la communauté internationale vienne en aide à notre pays.

Mieux, selon des sources politiques, le président de cette institution serait d’ailleurs très décrié et contesté dans le milieu des collectivités.  Et c’est en raison de cette situation qu’il se serait présenté aux élections législatives, pour tenter d’avoir un poste de député dans la circonscription électorale de Goundam, car son parti, l’ADEMA, n’est plus aux affaires. Mais il en a pris pour son grade.

Cette institution, comme d’autres a aujourd’hui besoin de sang neuf afin de lui permettre de remplir les missions pour lesquelles elle a été mise en place. Sinon, ses locaux serviront de bon endroit pour recaser les commerçants déguerpis.

Georges Diarra

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