Ouverture de comptes bancaires sans l’autorisation du ministre chargé des Finances ; octroie d’avantages indus au personnel ; exécution de dépenses inéligibles ; recrutements non conformes de coquins et coquines par le Directeur général de l’AGEROUTE; simulation de mise en concurrence par le Dg du service lors de la passation des marchés… Telles sont, entre autres, les pratiques à l’origine de l’évaporation de 895 millions FCFA (895 512 029F) pendant les périodes 2016, 2017, 2018 et 2019 (1er Octobre) à l’Agence d’Exécution des Travaux d’Entretien Routier (AGEROUTE).
Décidément, les eaux de l’administration malienne sont troubles et charrient des affaires plus nauséabondes les unes que les autres. Et l’AGEROUTE nous donne des exemples carrément décalés par rapport à l’image qu’on avait ou qu’on se faisait de cette structure dans l’exécution des dépenses sur le fonds d’entretien routier en république du Mali.
En effet, la Direction de l’AGEROUTE est le pilier de l’exécution des dépenses de fonctionnement qui a exorcisé la mauvaise gouvernance, depuis 2016 et entretenu, un flou artistique autour de l’exécution sur les dépenses du fonds d’entretien routier.
Mais force est aujourd’hui de reconnaître que cette image de transparence dans l’exécution du fonds d’entretien routier est en train de partir en lambeaux, tant les coups tordus et autres deals sur les deniers publics prennent de plus en plus de l’ampleur. Les derniers épisodes en date : la soustraction frauduleuse de plus de 895 millions de francs CFA. En effet, le bureau du Vérificateur Général, au cours d’une mission sur la gestion financière de l’Agence a décelé des irrégularités dans la passation des marchés.
Des irrégularités à tous les niveaux
La passation des marchés au niveau de l’AGEROUTE est un véritable fiasco. Dans le rapport du Bureau du Vérificateur Général, il ressort que le DG de l’AGEROUTE attribue des marchés d’entretien routier en violation des procédures. L’AGEROUTE procède à une pré-qualification chaque année en publiant un dossier de pré qualification des entreprises pour les travaux d’entretien routier au titre du programme de chaque exercice. Sur la base dudit dossier, les critères de pré qualification sont donnés et ainsi les entreprises présentant la capacité et la compétence requises sont qualifiées. Cette pré-qualification est sanctionnée par un « rapport d’analyse des offres de la pré qualification au programme d’entretien routier » qui contient la liste des entreprises qualifiées pour chaque nature de travaux, chaque taille et chaque niveau (montant) de travaux.
Au regard de tous ces chemins à parcourir, la mission a constaté que le DG de l’AGEROUTE n’a pas respecté la procédure de mise en concurrence. Des marchés ont donc été attribués à des entreprises qui ne figurent pas sur la liste des entreprises sélectionnées suivant le rapport d’analyse des offres pour la pré-qualification. En effet, des marchés n’ont pas été exécutés dans les règles de l’art. Il s’agit entre autres du Marché N°T1-ER4I-0118-7701/2018/AGEROUTE/MTD relatif aux travaux d’entretien courant de la RN17 (Gao-Ansongo- Labbezanga- Fleuve-Niger) d’un montant de 185 320 000 FCFA.
Pour la circonstance, le mandataire du groupement ne figure pas sur la liste des entreprises pré qualifiées de 2018. S’y ajoute, le Marché N°T1-ER4I-0119-0701/2019/AGEROUTE/MTD relatif aux travaux d’entretien de la RN 16 (Wami-Gao) d’un montant de 682 788 970 FCFA. Selon la mission du BVG, le titulaire dudit marché n’a pas candidaté pour l’appel d’offres ouvert n°01-DAO/AGEROUTE/2019 du 27 novembre 2018 relatif à la pré-qualification des entreprises pour les travaux d’entretien routier au titre du programme de l’exercice 2019. Ces marchés irrégulièrement passés par l’AGEROUTE ont laissé un trou de 895 millions FCFA (895 512 029 F) dans la caisse.
Adama Coulibaly