En effet, comme s’il vivait encore, Modibo Kéita continue d’inspirer les Maliens, par ses nombreuses qualités d’homme d’Etat, panafricaniste convaincu et patriote. Sa réputation dépassait les frontières du Mali.
Pour marquer l’évènement, les autorités ont mis en place une Commission interministérielle, présidée par le compagnon de lutte de Modibo Kéita, l’auteur de l’hymne national du Mali, Seydou Badian Kouyaté, une mémoire vivante de notre histoire. Cette commission s’est prêtée aux questions des journalistes, le jeudi 4 juin dernier au Mémorial Modibo Kéita.
Seydou Badian Kouyaté était entouré du président de l’UM-RDA, Vice-Président de la Commission, Bocar Moussa Diarra, et de compagnons de lutte du père de la nation malienne. La conférence de presse a été marquée par des témoignages, aussi émouvants les uns que les autres, sur la vie et les idéaux de l’infatigable combattant de la lutte contre le colonialisme.
La célébration de ce Centenaire, qui se poursuivra jusqu’en janvier 2016, sera marquée par plusieurs activités, après son lancement officiel le 11 juin prochain, sous la présidence du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. Elle prévoit, entre autres, l’organisation des funérailles officielles de Modibo Kéita et l’organisation d’un colloque international, qui réunira des historiens et des intellectuels, venus du monde entier magnifier l’évènement.
Des conférences – débats et d’autres activités multiformes sont aussi à l’agenda de ce Centenaire. Déjà, on peut signaler la présentation d’un livre contenant les grandes déclarations et les discours de Modibo Kéita, une œuvre du doyen Amadou Djicoroni Traoré, et une exposition de photos à la Galerie La Médina.
Au cours de cette rencontre avec les journalistes, le doyen Seydou Badian Kouyaté est revenu sur l’élaboration de l’hymne national de notre pays. Il a fait savoir qu’à l’époque, à l’éclatement de la Fédération du Mali, ils étaient rentrés à Bamako sans devise nationale, sans drapeau et sans hymne national. C’est ainsi que le Père de la nation malienne lui a demandé de s’atteler à cette tâche, qu’il a réussie avec brio.
Il a déclaré également à l’assistance qu’à l’indépendance, le Mali avait l’armée la plus forte de l’Afrique au sud du Sahara. C’est pourquoi il a affirmé que s’ils avaient été là, le Mali n’aurait pas fait appel à la MINUSMA. «Parce que nous savons comment nous avons géré la rébellion. Les rebelles savent qui nous sommes», a-t-il déclaré.
«Lorsque nous étions sur le bateau, à Koulikoro, on a dit à Modibo de ne pas rentrer car Bamako était prise. Il a dit qu’il viendrait quand même, ajoutant: je ne veux aucune effusion de sang. Quand on a pris la route, ils nous ont tendu une embuscade. Ils ont pris le véhicule présidentiel. Ils ont amené Modibo à la Maison du peuple. Ils nous ont enfermés, Mariam et moi, dans un bureau, avec sa petite-fille. Nous avons passé toute la journée sans manger ni boire. Modibo était dans un autre bureau, contigu au nôtre. Quand ils lui ont demandé de démissionner, il a refusé. Et quand ils ont demandé à Modibo d’abandonner sa politique socialiste, il a aussi dit non, déclarant que le socialisme avait été choisi par le peuple malien», a témoigné Youssouf Traoré, qui était à bord du bateau avec Modibo Kéita en novembre 1968.
Auparavant, le Vice-Président de la Commission d’organisation avait rappelé les valeurs morales qu’incarnait Modibo Kéita, notamment la fidélité à la parole donnée, le dévouement à la cause générale, la considération pour l’identité d’en face et le respect du bien public.
Autant de valeurs qui sont aujourd’hui foulées aux pieds. Il urge donc de mettre à profit ce Centenaire pour appeler l’ensemble des Maliens à redevenir eux-mêmes, pour le bonheur de notre Nation et sa survie.
Youssouf Diallo