Violences et terreur à Ke Macina : Un message à prendre au sérieux…

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Le 12 février dernier, un affrontement entre des populations de deux tribus différentes a fait un bilan officiel de vingt morts et seize blessés. Après l’émotion, l’horreur et la stupeur, cette tuerie sanglante de Ké-Macina est un message à l’endroit des plus hautes autorités du pays ! Certes, justice doit être rendue aux victimes. Mais à y voir de très près, il s’agit en réalité d’un message codé à l’intention du président Ibrahim Boubacar Kéita, le Mansa de tout le Mali. Décryptage…

Primo, cette tuerie de Ké-Macina traduit une faillite de la communication gouvernementale pour sensibiliser les populations sur les dangers liés au conflit ethnique.  Plusieurs facteurs, imbriqués les uns aux autres, créent un cocktail explosif. D’abord, le cercle de Macina est une zone où se côtoient des communautés d’éleveurs et des communautés d’agriculteurs. Le schéma traditionnel des conflits, comme il est présenté par les autorités est le suivant : les éleveurs font pâturer leurs troupeaux et occasionnent des dégâts dans les champs des agriculteurs, qui se vengent en lançant des opérations punitives. C’est l’autodéfense communautaire. Or, maintenant cela fait des siècles que ces communautés vivent ensemble : des conflits continuent, mais n’ont jamais pris cette ampleur. Et les Peuls, autrefois nomades, pratiquent aujourd’hui encore la transhumance, mais sont quasi sédentaires : donc dans les localités comme Ké-Macina, les gens se connaissent. En effet, il urge de lancer un appel pressant au président IBK, qui doit faire beaucoup attention, car le danger est là !            Secundo, la tuerie de Ké-Macina illustre une triste évidence concernant le vivre ensemble depuis la crise de 2012 : « loin des yeux, loin du cœur » dit-on.  Très éloignée de la capitale Bamako, la gestion du cercle de Ké-Macina et partant doit être une priorité absolue pour le gouvernement d’IBK. D’ailleurs ses prédécesseurs n’ont pas fait mieux pour cette zone fertile et riche mais qui manque de tout.  Ce sentiment d’abandon est un fardeau pour ces populations qui se sentent trahies. Tenez-vous bien, qui a payé les conséquences directes et indirectes des guerres fratricides au Libéria, en Sierra-Léone et en Côte d’Ivoire ? C’est la forêt ! Ici au Mali on parlera de la zone la plus agricole du pays. A chacune de ces violences, le gouvernement malien utilise la même recette : indexer des groupes rebelles étrangers et envoyer des cadres ressortissants de la région pour éteindre l’incendie. Tertio, la tuerie de Ké-Macina vient confirmer une triste réalité : les maliens ne croient plus en leur justice à cause de l’impunité et le sentiment d’insécurité grandissante dans le pays. Au final, les maliens se replient massivement vers leurs communautés pour mieux se protéger à défaut d’avoir un Etat fort et impartial capable d’assurer leur sécurité commune. Et c’est ce qui explique aujourd’hui le foisonnement des groupes d’autodéfense à travers le septentrion et le centre du pays. En définitive, la tuerie de Ké-Macina qui s’ajoute à notre longue liste de massacres non élucidés, est un signal pour le président Ibrahim Boubacar Kéita. Les maliens sont en train de se diviser, à bout de nerf et surtout en colère contre les élites qui ne pensent qu’à leurs « intérêts égoïstes ». Aujourd’hui, les Maliens en ont marre des promesses futiles, des discours ethnocentristes et le sentiment d’une justice à deux vitesses. Dans ce contexte, la faim et la colère sont des ingrédients explosifs qui risquent de balayer nos apprentis sorciers du gouvernement et nos opposants-opposés à rien. Autant agir maintenant avant qu’il ne soit trop tard. Il ne faudra pas négliger la politique intérieure du pays. Il suffit d’approcher les Maliens pour comprendre que les promesses d’un « Mali émergent » en 2020, souhait du président IBK, n’est plus l’apanage de ses compatriotes et s’en fout pas mal !!! Ce qui compte pour nos compatriotes, c’est l’amélioration de leur quotidien, une justice équitable, une sécurité renforcée, une santé pour tous et de la nourriture accessible à tous ! Et il n’est jamais trop tard pour agir. Car aux promesses stériles, les maliens risquent de répondre par la violence. Pendant ce temps, nos opposants-opposés multiplient les critiques et n’offrent aucune alternative fiable aux yeux de leurs compatriotes.

Paul N’GUESSAN

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7 COMMENTAIRES

  1. L’indépendance totale du Nord est la seule solution et la seule voie durable vers la paix.

    Les gens contournent le problème ou préfèrent appeler les maux autrement.
    Depuis 2012, le régionalisme des bambaras et de leurs alliés du Sud s’est exacerbé.
    C’est ça le vrai problème qui conduit à des règlements de compte et des génocides.
    Bien avant, l’état s’est rendu coupable à travers son armée de génocide contre les touaregs, de massacres odieux.
    Maintenant, c’est le tour des peulhs et après ce sera le tour d’une autre ethnie du Nord car les loups du sud ne se mangent pas entre eux.

    L’armée malienne est complice et épaule les bambaras et alliés contre les peulhs.

    Les élections présidentielles ont eu lieu sur fond de régionalisme, Sanogo et Oumar Mariko en tête.

    Par sentiment régionaliste, IBK a été élu sans programme. Pourtant il était bien connu pour ce qu’on lui reproche actuellement.

    Le président de la République dont l’engagement et les qualités sont déterminantes sera toujours choisi sur des critères subjectifs d’appartenance régionaliste et compromettra toute dynamique constructive et visionnaire.

    Bref, l’indépendance totale du Nord et son union pour former un seul Etat, est la seule solution viable puisque le chef d’état sera toujours un sudiste qui se soucie peu du Nord voire qui veut toujours détruire le Nord et ses ressortissants.

  2. ASSASSINE un vendeur dans sa boutique inacceptable intolérable la justice pour tout le monde .

  3. Ce raisonnement ne tient pas la route. A quoi servent alors les élus de cette localité. Ils sont bien le prolongement de l’état. Pourquoi ne préviennent-ils pas les conflits au lieu d’en devenir spectateurs? Ils sont élus autant par les peuls que par les bambara. Pendant les élections, ils demandent le suffrage de toutes les communautés sans distinction d’ethnies. Une fois élus, ils oublient dans leur approche avec les populations, ce qu’il y a de plus important, qui est le contrôle des mouvements du bétail en période de semences. Il faut prendre les problèmes de vitesse, ne pas attendre qu’ils se produisent pour venir en pompier. La conduite des affaires rurales, surtout en de pareilles zones, nécessite beaucoup d’esprit de prévision et de prévention. Il ne faut pas tout remettre sur le dos du pouvoir, pendant que des élus sont là pour répondre du pouvoir. Il y’ a les élus, les Chefs de villages, le Imams et Chefs coutumiers qui ont tous un rôle à jouer dans la prévention des risques liés aux conflits éventuels qui pourraient se produire pendant l’hivernage. Pourquoi ces instances locales n’organisent-elles pas des rencontre pour appeler les uns et les autres à la conduite à tenir pour prévenir les risques de conflits? C’est du n’importe quoi, s’il faut attendre que ce soit le Président de la République, qui se déplace dans chaque village du Mali pour prôner la paix, la tolérance et le savoir vivre ensemble. Les conflits inter-paysans existent depuis la nuit des temps, c’est leurs modes de règlements qui diffèrent. Chaque année, les mêmes problèmes se posent, mais avec des ampleurs différentes d’une année à l’autre. Alors, que les élus et les Chefs coutumiers sont là pour exercer le pouvoir local. A quoi servent-ils donc?

  4. “un affrontement entre des populations de deux tribus différentes a fait un bilan officiel de vingt morts et seize blessés…” Paul, j’aurais “peut etre” compris ca de la part d’un etranger, mais traiter peulhs et bamabra de tribu est inculte de la part d’un journaliste

  5. C’est bizarre, ces conflits armés entre agriculteurs et éleveurs ( appelés conflits communautaires entre Bambara et Peulhs ) dans le Centre du MALI. De la région d’où je suis originaires, il y a presque autant de non-Peulhs que de Peulhs. Tout le monde ou presque, là-bas, a du bétail et tout le monde sans exception est aussi cultivateur. IL y a certes des mésententes, mais pas à l’ampleur de ce qui se passe à Macina et au MACINA dans le Centre du MALI. Pourquoi cette haine au Centre et au Nord du MALI… ? La peur les Uns des Autres… ?
    D’où je suis originaire, c’est une zone enclavé loin des grandes agglomérations et peu fourni en infrastructures routières. Tout le monde agit de manière à réduire les risques de conflits.
    Quand arrive l’hivernage, et qu’on a commencé les semences, jusqu’au moment des récoltes… chaque famille veille sur ses champs de cultures, par une présence humaine du matin au soir pour éviter que les bovins et les caprins en rentrant de pâturage, ne dévient de leur couloir pour entrer brouter dans les champs.
    Ils ont compris que les conflits armés entrainent parfois mort d’hommes, des destructions de biens toujours et de la destruction du vivre ensemble. Et ça se termine toujours devant des tribunaux. C’est des frais de justice à payer… une catastrophe pour des pauvres paysans… C’est des peines de prisons pour ceux qui seraient en faute… Des vies gâchées quoi… !

  6. Personne n’est contre personne au Mali, Seulement nous sommes dans un pays d’injustice où règne des faux dirigeants avec tous les salles caractères. Quelle honte

  7. Toutes ces guérillas disséquées ça et là sont les œuvres des militaires occidentaux qui sont installés au nord de notre pays par les moyens des hommes de mains qui se promènent d’une frontière à une autre.
    La seule technique d’éradication n’est autre que d’éliminer les instigateurs par les missions particulières y compris ceux qui sont à Bamako.
    Les Bambaras ne peuvent pas être contre les peulhs mais avec vision spéciale tout est possible aujourd’hui au Mali avec absence de l’État réel.

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