Selon le Procureur du pôle antiterroriste « l’un des problèmes majeurs de cette affaire-là, c’est de parvenir à désarmer les milices » Cette constatation fait suite à l’enquête conduite par Boubacar Sidiki Samaké sur l’attaque barbare de Sabane Da, survenue le 9 juin dernier faisant 35 morts
Le procureur du pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, Boubacar Sidiki Samaké, était face à la presse le mardi 18 juin, dans la salle de conférences du ministère de la Justice, pour faire le point des premiers éléments d’enquête de l’attaque barbare de Sabane Da, survenu le 9 juin dernier aux environs de 17 heures, faisant 35 morts. Cette enquête du procureur fait suite à l’instruction du ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Garde des Sceau d’ouvrir une enquête.
A cet effet, le procureur du pôle antiterroriste s’est rendu le 11 juin 2019, accompagné de 36 enquêteurs composés des enquêteurs de la Brigade d’investigation spécialisée de lutte contre le terrorisme, des agents de la police technique et scientifique, les gendarmes spécialistes en police technique et scientifique, et les enquêteurs de la Légion de gendarmerie de Mopti.
Au cours de cette enquête, Boubacar Sidiki Samaké et ses hommes ont séjourné pendant trois jours à Sabane Da et au retour se sont arrêtés à Sangha pour recueillir des éléments d’enquête. Selon le procureur, au cours de leur séjour l’équipe d’enquête a procédé à la fixation de la scène de crime, aux recueils et des auditions des victimes et de témoins.
Selon l’information recueillie par le procureur, le 09 juin 2019 aux environs de 17 heures plusieurs motocyclistes détenant des armes de guerre et des fusils de chasse s’attaquèrent au hameau de culture de Sobane Da du village de Koundou dans la commune de Sangha. Selon le témoignage l’attaque dura jusqu’aux environs de 23 heures. Selon les résultats de l’enquête plusieurs motocyclistes criant Allahou Akbar s’attaquaient au hameau de Sobane Da. Un premier groupe rentrait dans le hameau, il incendiait, tirait et terrorisait les habitants, un second groupe rassemblait le bétail et demandait de l’argent aux habitants tandis qu’un troisième groupe empêchait quiconque de rentrer et de sortir du village. Ainsi pris en otage, les habitants de Sobane Da subissaient les exactions d’individus souvent connus des habitants du hameau par ce qu’étant leurs voisins, a expliqué le procureur du pôle antiterroriste.
Intervenant pour la première fois devant la presse sur le dossier de l’attaque de Sobane Da, Boubacar Sidiki Samaké a fait le bilan de l’attaque susceptible d’évoluer au fur et à mesure que les investigations progresseraient. « Atteintes à l’intégrité physique, il y a eu 35 morts ; 09 personnes blessées dont 7 par brûlure et 02 se trouvant dans un état de choc ; 108 personnes composées uniquement de femmes et d’enfants déplacés dans le village de Koundou et d’autres personnes dont le nombre reste à déterminer se sont déplacées dans les villages voisins. Dommages à la propriété, environ 07 enclos pour bétail incendiés ; un bovin brûlé ; 03 ovins brûlés ; 11 caprins brûlés ; 1 âne brûlé ; 3 poulets brûlés ; 1 cheval brûlé ; 22 greniers brûlés ; 16 maisons brûlées ; 1 cuisine brûlé ; 03 magasins brûlés ; 07 poulaillers brûlés ; 03 charrues brûlées ; 04 charrettes brûlées ; 05 motos brûlées ; 05 cantines brûlées ; 02 vélos brûlés ; 02 jantes de charrette brûlées ; 01 Toguna brûlés », a-t-il détaillé. Et d’ajouter que les investigations ont permis de rassembler des pièces à conviction composées essentiellement d’étuis de 7,62 et de fusils de chasse. 29 personnes ont été déjà entendues par les enquêteurs et une dizaine de personnes ont été interpellées en lien avec ces faits.
Il faut noter une parfaite synergie entre l’ensemble des services de l’Etat pour mettre la lumière sur tous ces faits et traduire les auteurs en justice, a-t-il noté, ajoutant que l’un des problèmes majeurs de cette affaire-là, c’est de parvenir à désarmer les milices.
AMTouré