Au four et au moulin, de jour comme de nuit, les services de sécurité du Mali font montre d’un professionnalisme avéré, en mettant hors d’état de nuire les terroristes qui mettent actuellement le pays à feu et à sang. Un à un, ces illuminés sont en train de passer à la trappe de la Direction générale de la sécurité d’Etat (Dgse). Souleymane Keïta, émir du front de libération du Macina ; Alou Doumbia, chauffeur des assaillants de Grand Bassam ; Seidou Diepkilé et Adama Maïga, complices de l’attentat du Radisson Blu ; Hamadi Niagando, adjoint du chef de la Katibat Halid Ibn Walid ; et Fawaz ould Ahmeida…sont tous déjà dans les mailles de la Sécurité d’Etat. Chronologie d’exploits réalisés par ce service.
Sans doute, la Dgse retrouve ses lettres de noblesse. Elle convainc, de plus en plus, au sujet de son aptitude à apporter la riposte nécessaire au péril terroriste qui menace le pays. Ces derniers (les terroristes) sont traqués et dénichés dans leurs derniers retranchements par les services de renseignements. Ce, sur toute l’étendue du territoire nationale, et même au-delà avec la complicité des services de sécurité d’autres pays. Conséquence : les arrestations de terroristes et de leurs complices sont devenues courantes, depuis un certain temps.
En juin 2015, l’opinion nationale découvrait véritablement l’efficacité de ses services de sécurité qui, en quelques jours, avaient cherché et retrouvé Mohamed Ali Ag Wadoussène, poursuivi pour terrorisme, association de malfaiteurs, prise d’otages et séquestration. Le malfrat s’était évadé de la prison centrale de Bamako le 16 juin 2015, après avoir tué un surveillant de prison. Il a fallu du tact aux unités spéciales de la gendarmerie nationale et des services de la Sécurité d’Etat pour « capturer vivant» ce terroriste. Mais il sera relâché au profit de compromis et de compromissions entre le gouvernement et les groupes armés du nord, avant d’être abattu, le dimanche 5 juillet 2015, au cours d’une opération de ratissage de la Force française dans les chaines de montagne du Tégharghar.
Le 19 août 2015, quatre auteurs des attaques de Misseni et Fakola sont mis aux arrêts par la Police ivoirienne qui avait bénéficié de l’appui et de l’expertise de la Dgse du Mali. Les quatre malfrats (Hamadi Niangadou, Ali Touré, Walladine Sacko et Yacouba Traoré) étaient des membres de la Police islamiques de Tombouctou pendant l’occupation djihadiste.
Activement recherchés par la Dgse malienne depuis leurs forfaits dans les deux villages du cercle de Kolondièba, Hamadi Niagando, l’adjoint du chef de la Katibat Halid Ibn Walid et son groupe financés par Iyad Ag Ghaly s’étaient réfugiés dans la forêt de Sama, à la frontière ivoiro-malienne. Ils y avaient été délogés à la suite de l’opération de ratissage des Forces armées maliennes. Le groupe s’est dispersé et Niangado (gendre du leader du Sud de la Katibat, Souleymane Keïta) et ses Lieutenants se sont retranchés dans le village de Tingrela sur le territoire ivoirien, en prenant soin de changer leurs identités. Leurs attitudes suspectes ont réveillé les soupçons des chasseurs « Donso » des villages frontaliers ivoiriens qui les ont interpellés et remis à la police ivoirienne. Au regard de leur nationalité malienne, les forces de sécurité ivoirienne ont voulu les conduire au-delà de la frontière, lorsque la Dgse malienne a attiré leur attention. C’est dire que n’eut été la vigilance de la SE, ces terroristes, considérés par la partie ivoirienne comme de vulgaires individus suspects, se seraient retrouvés dans la nature. Ainsi, ils ont été recueillis par le service antiterroriste de la Sécurité d’Etat du Mali. Ils ont reconnu être membres de la Katibat Halid Ibn Walid au compte de laquelle ils ont reçu une formation au maniement des mines, pièges et explosifs au niveau de la mine d’Or de Ganakoro en Côte d’Ivoire.
Le 7 septembre 2015, une cellule terroriste est démantelée à Bamako. Dans le filet, se trouvait les trois cerveaux des attentats contre la Minusma et les postes de Sécurité à Bamako et Baguineda. Il s’agit de Hassan Dicko, alias Abou Leila ; de Ayouba Sangaré et de Ali Sangaré, tous impliqués dans les attaques contre les logements du personnel de la Minusma à Mangnabougou Fasso Kanu, de la Brigade de la Gendarmerie de Baguinéda (8 août 2015) et du Poste de Police de l’auto-gare de Sogoniko (13 août 2015). Aussi, ce sont ces mêmes éléments qui proféraient des menaces contre des hommes de presse.
Le jeudi 25 novembre 2015, deux présumés complices des auteurs de l’attentat perpétré à l’hôtel Radisson Blu de Bamako sont mis hors d’état de nuire. Une fin de cavale rendue possible grâce à des enquêtes des services de renseignement et la collaboration de certaines bonnes volontés. Les deux terroristes, Seidou Diepkilé et Adama Maïga, ont été appréhendés, respectivement à Missabougou et à Sangarébougou – Marseille. Les auditions des deux suspects ont apporté plus d’éclairage sur les motivations des auteurs de l’attentat sanglant perpétré à l’hôtel Radisson. Lequel acte barbare et ignoble a fait 22 morts.
Fin mars 2016, Souleymane Keita, Emir d’Ansar dine du Sud, passe à la trappe. Leader de la Katibat Halid Ibn Walid, filiale du sud de l’Ansar dine (groupe terroriste dirigé par Iyad Ag Ghaly), M. Keïta a été arrêté à la lisière nord de la forêt du Wagadou, vers la frontière mauritanienne. L’homme était en cavale depuis juin 2015, après l’arrestation de plusieurs membres influents de son groupe par la Dgse et le démantèlement d’une de leurs bases située dans la forêt de Sama. Il s’était réfugié en Guinée, puis en Sierra Leone et en Gambie, avant de rejoindre début mars les bandes armées qui évoluent dans la forêt du Wagadou. Souleymane Keita a été arrêté alors qu’il s’apprêtait à rejoindre son mentor Iyad Ag Ghaly dans l’Adrar des Ifoghas. Parti en Egypte afin de poursuivre ses études, il a profité de son séjour pour s’exercer au maniement des armes et des explosifs et effectuera plusieurs voyages en Arabie saoudite. Il faisait d’ailleurs des prêches dans une mosquée à Bamako où il fit ainsi la connaissance de Iyad Ag Ghaly et se lia d’amitié avec ce dernier. Pendant la crise, il a servi comme sergent recruteur des jeunes talibé au profit des djihadistes qui avaient occupé le septentrion malien. Aujourd’hui, il est sous les verrous, comme plusieurs de ses lieutenants, dont Hamadi Niagando alias Jogormé, logisticien du groupe, ancien membre de la police islamique, homme de confiance et gendre de Souleymane Keita.
Le 16 avril 2016, les éléments de la force spéciale de la Dgse ont mis la main sur Alou Doumbia dit Man, conducteur du véhicule V8 ayant servi au transport du commando auteur de l’attentat de Grand Bassam. Après l’attentat, l’homme avait trouvé refuge à Magnambougou. Agé d’une trentaine d’années, Alou Doumbia travaillait dans la filière de transport et de vente de véhicules d’occasion. Aujourd’hui, l’on assure du côté de la SE que les auditions de Man et autres suspects arrêtés vont conduire à l’arrestation des commanditaires réels de cette barbarie perpétrée à la station balnéaire de Grand Bassam.
Et le 21 avril dernier, le terroriste Fawaz ould Ahmeida, de nationalité mauritanienne, a été arrêté, à Bako-djikoroni golf, alors qu’il s’apprêtait à commettre des attentats sur des cibles occidentales à Bamako. Fawaz alias Ibrahim 10, chef des opérations de al Mourabitoune est aussi l’auteur de l’attentat de la Terrasse en mars 2015 et planificateur principal des attentats de Radisson, de Sévaré et l’hôtel Nord-sud. Un important lot d’explosifs et d’armes de guerre ont été retrouvés à son domicile.
Ce tableau, loin d’être exhaustif, démontre à suffisance le travail abattu par les « grandes oreilles » du Mali. Mais toujours est-il que les menaces islamistes, trop évolutives, exigent une étroite collaboration entre les services de renseignements et les forces de sécurité ainsi que les contributions des populations. En tout cas la Sécurité d’Etat semble décidé à jouer sa partition jusqu’au bout. Notons que plus d’une dizaine de projets d’attentat sur le territoire national ont été déjoués par la Dgse et ses partenaires.
Issa B Dembélé
Il ne faut surtout pas qu’il s evade avant un jugement,ou qu’on le libère contre je ne quoi
Bravo aux services de renseignements
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