Au contraire des autres groupes jihadistes cosmopolites écumant la région, ceux d’obédience Peuhle ont été mal inspirés en incluant des revendications territorialistes et hégémonistes dans leurs mouvements suscitant du coup une vive réaction des autres communautés. Une attitude à l’origine profonde de la déliquescence en cours et du risque génocidaire pesant sur leur ethnie dans tout le Sahel.
Selon les statistiques pour le moins macabres, l’année 2018 a enregistré le plus fort nombre de victimes civiles au Mali. Et Décembre a été le mois le plus meurtrier, avec 56% des décès concentrés dans la région centrale de Mopti et 31% dans la région Nord de Gao. On déplore en l’occurrence les tueries enregistrées dans la nuit 1er au 2 janvier 2019 ayant fait plus de 40 victimes parmi les populations civiles et majoritairement de l’ethnie peuhle dans le centre du pays (Mopti).
L’on déplore le même phénomène funèbre au Burkina Faso où les violences ont causé la mort de plus de 50 personnes majoritairement de l’ethnie peuhle au Centre-Nord le 1er janvier 2019.
Au-delà du Mali et du Burkina, la communauté peuhle est prise à partie dans le bassin du lac Tchad où elle subit les mêmes types de violences avec mort d’hommes.
L’association peuhle Tabital Pulaaku Internationale (TPI), parle de génocide, phénomène se définissant comme «l’extermination systématique d’un
Groupe humain de même race, langue, nationalité ou religion par racisme, ou par folie». Et elle accuse de présumées milices sous la coupe des Etats eux-mêmes.
Dans une déclaration rendue publique en fin de semaine dernière, elle (Tabital Pulaaku Internationale) accuse en effet les associations d’autodéfense (Dan Nan Ambassougou en l’occurrence) constituées par des chasseurs dogons et issus d’autres ethnies. Et l’objectif, selon elle, serait tout simplement de nettoyer la zone de tous ses habitants peuls.
Mais pourquoi les Peulhs ? Parce qu’ils composeraient les groupes armés terroristes. Pour autant, ces groupes armés en questions recrutent dans toutes les autres ethnies (Touaregs, Arabes, Maures, Bambaras…).
C’est tout simplement parce que le FLM (Front de Libération du Macina) réclame un territoire (le creuset de l’Empire Peulh du Macina et par extension une hégémonie) que les autres composantes ethniques se ont dressées. Instinct de survie oblige.
Bien entendu, ces groupes armés peuls ont été vivement encouragés par le cas MNLA et surtout, le silence coupable et complice des Organisations de défense des Droits de l’Homme dont la réaction semble assujettie à l’appartenance ethnique des bourreaux et des victimes, voire de la couleur de la peau des protagonistes.
Et puisque les Etats concernés ont la même préoccupation que les autres composantes de la population (unité nationale, intégrité territoriale…), la jonction a été vite trouvée. D’où l’impression d’une complicité active. Une impression ? Bien entendu !
Dans le cas malien en l’occurrence, ce n’est nullement l’Etat qui planifie les opérations militaires contre les Peuhls. Que nenni ! Mais plutôt les ressortissants des autres communautés victimes d’exactions du FLM et affidés, soucieuses de la préservation de leurs terres en l’occurrence. Autrement, pourquoi les services de ce même Etat (la police en l’occurrence) procéderaient à la traque et l’interpellation des vendeurs et acheteurs d’armes en destination des zones de conflit ? Aussi, tous les suspects interpellés dans ce cadre à Bamako affirment sans ambages avoir agi dans le souci de préserver les leurs ainsi que leurs terres dans les zones concernées.
Aussi, l’on notera qu’aucune autre organisation jihadiste hormis celle se déclarant d’obédience peuhle n’est confrontée à cette menace génocidaire au Mali, voire dans la sous-région. Et si, à titre illustratif, Ançar-dine d’Iyad Ag Ghaly s’était voulue une organisation à la fois Jihadiste et ethnique (bambara, Maure, Arabe, Touareg ou Peulh), elle aurait été confrontée à ce qui semble être une réponse à une guerre territoriale et hégémonique (sous le prétexte de la région) d’une ethnie imposée aux autres.
B.S. Diarra