Tronçon pont Fahd-Cicb : Le calvaire des motocyclistes 

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Circuler en moto sur le tronçon pont Fahd-centre international de conférences de Bamako relève d’un parcours du combattant. Car en plus de l’étroitesse de la route réservée aux motocyclistes sur le pont, il faut compter désormais sur les nombreux désagréments au niveau du raccourci pour ceux qui se rendent vers l’Aci 2000 et autres quartiers de la zone. Suivez notre enquête.

Il est 6 h 10 mn, ce mardi 26 avril, et nous voici emprunter le tronçon Quartier Mali en direction du Centre international des conférences de Bamako (Cicb), naturellement en passant par le pont Fahd. C’est juste au lendemain d’un long week-end, en raison de la fête de Pacques, difficile de se frayer un chemin pour rallier le centre-ville. Surtout quand on est en moto. Néanmoins, après quinze minutes de moto, nous voici aux portes du Cicb. Mais avec toutes les peines du monde que cela nous a coûté. D’abord il a fallu jongler pour monter sur le pont en raison de la fréquence de véhicules sotrama, bus, taxis et autres personnels. Non loin de là, un agent de la circulation routière cherche de façon ardente à mettre de l’ordre ; il ordonne aux conducteurs de véhicules de céder le passage aux motocyclistes, qui constituent le gros lot du contingent. Du coup, commence une folle course, la traversée s’avère délicate au niveau du croisement des deux voies (l’une venant de vers la cité administrative et l’autre, en provenance de la rive droite) là où les motocyclistes doivent monter impérativement sur le petit couloir qui leur est réservé. Car depuis plus de 2 ans, interdiction a été faite aux engins à deux roues de circuler sur les chaussées du pont.

Dans cet endroit exigu, c’est le sauve-qui-peut, de deux à deux motos jusqu’à trois, la tension monte d’un cran entre usagers. En fait, une jeune fille vient de cogner un vélo cycliste, la circulation est interrompue quelques minutes avant qu’un policier, posté sur le coté est du pont, ne demande aux deux usagers de se comprendre et de résoudre leur problème à l’amiable. La randonnée continue jusqu’à la descente. Ici, un trou ou nid de poule crée un embouteillage. Comme si cela ne suffisait pas, au moment où on se décarcasse à faire le tour en direction de l’Aci 2000, un attroupement se forme, ce sont des passagers qui viennent de descendre de la sotroma. Un agent de la compagnie de la circulation routière siffle brusquement pour faire traverser ce beau monde. Du coup, les motocyclistes sont obligés de freiner. Le choc est grand, des motos se cognent les une contre les autres. Heureusement, personne n’est blessé. Mais nombre des feux rouges sont endommagés. Maintenant, il faut se battre pour se frayer un passage. En face du Cicb, deux policiers s’affairent pour réglementer la circulation. Mais sans compter sur la maladresse de nombreux motocyclistes, car avant même d’arriver au point « conventionnel » de virage qu’est la piste d’entrée du Cicb, certains forcent le passage. Un véhicule, une fourgonnette pour être plus précis, d’un hôtel de la place percute un motocycliste, comme guidé par un démon. Le pauvre motocycliste arrive heureusement à se débarrasser de son engin.

Le véhicule, lui, termine sa course sur l’engin abandonné. Les deux parties réclament un constat. Pendant ce temps, des motocyclistes qui sont arrivés au niveau des agents de la police ont aussi créé un désordre indescriptible. Impuissants devant ce spectacle, les poulets étaient obligés de demander aux sotrama qui sont garées à côté de se dégager. Ce qui n’a pas été facile. Une vive altercation s’éclate entre d’une part policiers et chauffeurs et d’autre part entre syndicats des transports et policiers. C’est après quelques minutes que les nombreux usagers ont pu s’en libérer et s’en suit une débandade totale.

Les langues se diluent…
Sur ce tronçon, les accidents de la circulation sont fréquents et frisent l’inquiétude.’’ Il ne passe pas une journée où on ne nous signale un accident sur le couloir des motocyclistes du pont Fahd ou devant le Cicb, mais le constat que nous avons fait, ce sont surtout des motocyclistes les principaux coupables’’, nous a signalé un agent de la protection civile. Même son de cloche chez un agent de la Ccr : ’’c’est un endroit que nous autres appelons le couloir de la mort du fait de nombreux accidents qui s’y passent. C’est vrai qu’au départ nous avons tout fait pour empêcher aux motocyclistes de faire le tour mais la résistance est grande. Nous sommes même impuissants et fatigués, le résultat est là, catastrophique, le plus inquiétant dans cette situation ce sont les jeunes et les femmes qui sont victimes la plupart du temps‘’, nous a fait remarquer Soumaila Coulibaly, de la compagnie de la circulation routière, en faction dans les alentours. Du côté des motocyclistes, la colère est grande et on ne comprend pas pourquoi les autorités ferment les yeux sur leur calvaire.’’ Je me demande comment on peut nous empêcher de traverser par ici, alors qu’il n’y a même pas de routes pour rallier les quartiers comme Lafiabougou, Djicoroni-Para, Aci 2000 et autres’’, dira, très en colère, Amadou Yalcoué, sur sa moto de marque Star. Et un autre d’ajouter : ’’ je ne comprends pas le silence des autorités, sinon dans une ville où les motos sont plus nombreuses que les autres moyens de déplacement dire qu’il n’y a pas de passage spécifique réservé aux motocyclistes c’est inacceptable ? Vous voyez la gymnastique que je fais pour passer ?’’. Pour comprendre la situation nous avons pu nous entretenir avec un responsable de la direction régionale des routes, en la personne d’Ibrahima Traoré. Selon M. Traoré, des études sont en cours pour construire un échangeur derrière l’Hôtel Salam. Cela va faciliter la circulation des engins à deux roux, estime-t-il. En attendant, le calvaire de motocyclistes continue…
Mahamane Cissé

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