Terrorisme – Mossadeck Bally : “Je ne pense pas que ces idéologies du néant puissent prospérer”

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Mossadeck Bally, patron de la chaîne hôtelière Azalaï, est convaincu que le terrorisme finira bien par mourir de sa belle mort. © DR
Mossadeck Bally, patron de la chaîne hôtelière Azalaï, est convaincu que le terrorisme finira bien par mourir de sa belle mort. © DR

EXCLUSIF. Mossadeck Bally est le patron du groupe Azalaï, dont l’hôtel Nord Sud a été attaqué ce 21 mars. Il s’était confié au Point Afrique, notamment sur le terrorisme.

Propos recueillis par Viviane ForsonLe Point Afrique : que pensez-vous de ce qui se passe à propos du terrorisme ?

Mossadeck Bally : Je pense qu’il y a eu la bonne réaction aussi bien des autorités que des partenaires du Mali. Il faut aujourd’hui en tirer les conséquences à tous les niveaux, que ce soit l’appareil sécuritaire malien ou au niveau des sociétés privées. Il va falloir intégrer, comme je le disais tout à l’heure, cette donnée-là. D’abord, c’est un problème universel quand les grandes puissances sont attaquées, comme on l’a vu à Paris ou aux États-Unis, ce ne sont pas les petites qui sont épargnées. Il va falloir intégrer cette donnée-là maintenant dans les choix politiques parce que je pense qu’on va vivre avec cette menace terroriste pendant un certain temps. Mais je suis quand même optimiste, je pense aussi qu’elle va disparaître un jour.

Vous pensez ?

Oui. Fondamentalement, je ne pense pas que ces genres d’idéologies du néant et de la terreur peuvent prospérer très longtemps. On a quand même connu des terreurs. On a connu la terreur du nazisme, des Khmers rouges. Ça a duré un certain temps, ça a fait beaucoup de dégâts humains, mais après, c’est parti. Je pense que si les États arrivent à collaborer, à mettre de côté leurs ego, leurs intérêts nationaux et mettre en avant l’intérêt de la planète tout entière, on va certainement arriver à défaire ces barbares d’un autre âge.

Comment cela se passe-t-il au niveau des groupes hôteliers ? Vous soutenez-vous les uns les autres ?

Tout à fait, nous avons été très solidaires d’abord avec nos cinq collègues maliens travaillant au Radisson qui ont été tués là-bas. Nous avons vraiment soutenu l’hôtel, son propriétaire, tous les autres collaborateurs, pendant toute cette épreuve. Ensuite, entre nous-mêmes maintenant, nous essayons de voir quelle réponse donner à cette nouvelle donne et surtout comment élever le niveau de sécurité de nos hôtels. Certes, ça fait des investissements supplémentaires, mais la vie n’a pas de prix. Donc nous sommes tous en train de revoir notre politique de sécurité, nos mesures sécuritaires, en train d’investir dans de nouveaux moyens pour prendre en compte cette nouvelle donne. Elle était déjà là, c’est-à-dire qu’on savait que nos pays étaient très fragiles. Quand quelqu’un est prêt à mourir, c’est difficile de l’arrêter. Qu’est-ce que vous faites ? Il est prêt à mourir, il a une ceinture, il est prêt à se faire exploser, c’est très difficile. C’est beaucoup plus difficile d’affronter un ennemi invisible qu’un ennemi visible. Il faut vivre avec ça.

Le Point Afrique – Publié le 22/03/2016 à 16:15 – Modifié le 22/03/2016 à 17:25
* Cet entretien a eu lieu avant l’attaque de Ouagadougou du 15 janvier dernier.

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