Terrorisme : Le gouvernement confirme «le ratissage de la forêt de Wagadou aux confins du Mali et de la Mauritanie»

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Dans un entretien accordé à l’Express.fr qui l’a publié le mardi 14 juin 2011, le ministre des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga confirme que l’Algérie, Mauritanie, Mali et Niger viennent « de lancer le ratissage de la forêt de Wagadou, aux confins du Mali et de la Mauritanie» et qu’il s’agit pour nos quatre pays «de constituer à l’horizon de la fin 2012 une force de 25.000 à 75.000 hommes, toute  s spécialités confondues: gendarmerie, police, douanes et justice».

Et de préciser: «Entendons-nous bien: l’objectif n’est pas de faire du Sahel une zone de guerre permanente, mais bien au contraire une zone sécurisée pour l’activité économique et les actions de développement. Chacun sait que les retards en la matière préparent un terreau favorable aux trafics illégaux, qu’il s’agisse de drogue, d’armes ou de terrorisme. L’espace saharo-sahélien est devenu une région stratégique majeure. En route pour l’Europe, les flux de cocaïne venus d’Amérique latine y croisent les flux d’héroïne venus d’Afghanistan. La frontière sud du Vieux continent n’est plus l’Afrique du Nord, mais le Sahel.»

M. Maïga notera cependant: «L’action armée seule ne suffit pas. Neutraliser les noyaux durs d’Aqmi, soit. Mais à quoi bon s’ils se reconstituent au moindre désengagement? Il faut donc prolonger cette action militaire, notamment par l’amélioration qualitative de la présence de l’Etat.»

Interrogé pour savoir si avec la mort de Ben Laden, il redoutait une fuite en avant des cellules locales affiliées à Al-Qaïda, le ministre malien répond: «Pour l’heure, cette nébuleuse traverse une phase de flottement. La crise libyenne, avec l’afflux massif de forces étrangères au voisinage de son théâtre d’opération, perturbe ses activités. Voilà pourquoi ses membres font plutôt profil bas. Mais qu’en sera-t-il demain, après le retour à la normale ? D’autant qu’Aqmi met à profit cette parenthèse pour renforcer ses capacités. Selon des données fiables, il y a eu acquisition massive d’armes collectives, dérobées à la faveur de pillages des arsenaux de l’armée de Tripoli: mitrailleuses de 12.7 et 14.5 mm, canons de 106mm, pièces d’artilleries anti-aériennes. Certes, les commandos estampillés Al-Qaïda attendent des jours meilleurs pour les employer, mais il ne fait aucun doute que l’on assiste à une militarisation de la région. Notre but, à moyen ou long terme, reste bien d’extirper ces groupes de leurs sanctuaires.»

Enfin, à une question relative au sort des otages français enlevés au Niger, il indique: «Leur vie ne semble pas plus en danger aujourd’hui qu’hier. Là encore, la présence de forces étrangères dans les parages a un effet dissuasif. Si Aqmi s’en prenait à ses captifs, il s’exposerait à des représailles immédiates, voire décisives. Par ailleurs, la finalité des ravisseurs demeure avant tout financière. Tout porte à croire que les négociations butent sur le montant de la facture.»
ENI

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