Terrorisme dans la région des trois frontières : La pièce diplomatico-sécuritaire continuera-t-elle au Sahel

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Un changement stratégique majeur serait en préparation au Sahel dans la lutte contre le terrorisme, à entendre le président Macron et ses homologues de la force conjointe. Désormais, pour une plus une grande efficacité dans la guerre contre la horde des bandits de l’extrémisme violent, il n’y aura qu’un seul commandement commun, et à Barkhane et à la force conjointe du G5 Sahel. Aussi, 250 soldats français supplémentaires seront envoyés pour la bataille. S’agit-il là d’un réel changement stratégique ou juste d’un habile jeu de mots diplomatique ?

Le sommet tant attendu de Pau n’aura pas réellement eu comme effet un réel bouleversement dans la très difficile lutte contre le terrorisme au Sahel. Les Chefs d’Etats concernés veulent toujours autant l’implication militaire de la France, et cette dernière, aussi de par son rang de superpuissance, entend bien mener à bien cette mission qu’elle s’est donnée en janvier 2013. En attendant que les décisions prises soient mises à l’épreuve du terrain, le constat global semble le même depuis au moins trois bonnes années.

La crise sécuritaire au Sahel est la résultante du mélange de trois ingrédients. Le premier, c’est la faillite étatique, ou encore une perte totale ou partielle de la souveraineté. Les autorités en place, en particulier celle du Mali, n’ont su anticiper l’ampleur du péril sécuritaire qui pesait. Et le comble, c’est que très peu d’efforts ont été fournis dans le renforcement de l’appareil militaire, de l’armement en passant par la chaine de commandement.

Et qui dit Etat faible, dit bienvenue à toute sorte d’insurrection armée. Il est bien connu que l’Administration a horreur du vide. En l’absence de tout symbole étatique, il n’est rien d’étonnant de voir débarquer sur son territoire, rebelles, terroristes, narcotrafiquants, j’en passe. Et lorsque l’Etat n’arrive pas à faire la guerre à ses contrevenants à la souveraineté, la résultante c’est l’implication de puissances étrangères. Dans le cas du Mali, en plus de Barkhane, la mission onusienne sévit dans le cadre d’un mandat défini par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Il est un constat universel, que partout où les casques bleus sont déployés, l’Etat a failli. Quant à l’implication de l’ancienne puissance colonisatrice, elle est à mettre dans le cadre de la sauvegarde de ses intérêts géostratégiques dans la zone, dans un premier temps, et dans un second, profiter d’éventuels retombées économiques émanant des richesses du sous-sol du nord malien.

Aujourd’hui, la France semble avoir sous-estimé le combat contre le terrorisme au Sahel. Elle appelle à l’aide l’Union Européenne et implore les Etats-Unis de maintenir ses troupes dans la zone. Il s’agit là d’une sorte de piège. En l’état, la France ne peut plus se désengager militairement du combat. Elle s’attirerait les blâmes de la communauté internationale, et son statut de superpuissance prendrait un grand coup. De plus, les Etats concernés ne peuvent mener à eux seuls une lutte si ardue.

La réalité du terrain apportera une réponse claire à la question posée. Cependant, les sociétés civiles des pays concernés doivent comprendre que les missions militaires étrangères ne peuvent en aucune manière se substituer aux armées locales. Même si le sentiment anti-français grandissant est justifié, qu’elles ne perdent pas du regard l’état d’évolution de ses propres armées.

Ahmed M. Thiam

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