L'air rassurant affiché par le Président de la transition malienne a contrasté avec l'attitude du Premier ministre, Choguel Maïga, qui s’est montré plutôt inquiet.
Intervenant le jour même sur la télévision publique malienne au JT de 20h, il a appelé les Maliens à une «union sacrée» autour des autorités de la transition,
, affirme à Sputnik le docteur Moulaye Hassan, enseignant-chercheur à l'université Abdou-Moumouni de Niamey et chef du programme Lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent au Centre d'études stratégiques et de sécurité du Niger.
D’après cet analyste, les autorités maliennes pourront saisir l’occasion de cette tentative d'assassinat
, explique-t-il.
Bakary Sambe, directeur du think tank Timbuktu Institute basé à Dakar, reconnaît lui aussi que
Il voit dans cette tentative d’assassinat contre le colonel Assimi Goïta
«le symbole d’un climat politique toujours très tendu au Mali», à telle enseigne qu'il craint que cet appel à l'union lancé par le Premier ministre
«ne soit pas entendu par les Maliens». Le chercheur sénégalais fonde son appréhension sur des éléments qui pèsent lourdement sur le processus de transition en cours, d'après lui.
À titre d’exemple, il cite
«le maintien en résidence surveillée des anciennes autorités de transitions déchues par la junte au pouvoir, c’est-à-dire Bah N’Daw, l’ex-Président de la transition, et Moctar Ouane, l’ex-Premier ministre».
«Il y a un fort besoin que les autorités de transition rassurent davantage sur l’issue favorable de la transition», plaide Bakary Sambe.
Cela pourrait passer par une
«recomposition de l’équipe gouvernementale actuelle dominée par des militaires qui sont aux postes-clés». Une
«prédominance» qu'il assimile à
«un véritable problème».
Auteur de deux putschs en moins d'un an, le colonel Assimi Goïta est au pouvoir au Mali depuis sa prestation de serment devant la cour suprême le 7 juin dernier. Son premier coup d'État, qui remonte au mois d'août 2020, a eu raison du pouvoir d'Ibrahim Boubacar Keïta. Le deuxième putsch a été perpétré en mai 2021 contre les autorités de la (première) transition mise en place après la chute d'IBK, et ce nonobstant l'opposition de la communauté internationale. Il est attendu que le pouvoir soit rendu aux civils aux termes d'élections prévues le 27 février 2022.