Lundi dans la soirée, une dépêche Afp annonce l’évasion du prisonnier tunisien Bachir Simoun, l’auteur de l’attentat contre l’ambassade de France à Bamako le 5 janvier dernier. Et mardi en fin de matinée, ATT limoge l’actuel directeur de la Sécurité d’Etat, le colonel major Mamy Coulibaly, un spécialiste des télécommunications qui a fait carrière dans la « transmission » et le renseignement. Le président de la République n’y sera donc pas allé de main morte.
L’affaire de l’évasion laisse en effet pantois. La dépêche s’est gardée de préciser le lieu où était détenu le Tunisien de 24 ans qui revendiquait son appartenance à Aqmi et qui avait fait deux blessés le 5 janvier avec son pistolet automatique et un engin explosif. Mais à Bamako, les initiés savaient que le présumé terroriste avait été transféré du Commissariat de Quinzambougou à la Brigade d’Action Criminelle avant d’être mise à la disposition de la Dgse communément appelée Sécurité d’Etat.
Il n’y a pas encore d’informations précises et détaillées sur les circonstances, mais c’est là que Senoun se serait fait la belle. Dès l’info tombée, nous avons contacté le Colonel Coulibaly qui, d’un ton serein, nous l’a confirmée en reconnaissant sa responsabilité dans l’affaire. « La sanction dont je suis l’objet est juste et en démocratie ce doit être comme ça » a commenté M. Coulibaly.
Lequel avait été nommé en 2005 en remplacement du Colonel Hamidou Cissoko, présentement général et chef d’Etat major particulier du Chef de l’Etat qui fut limogé alors avec le Directeur National de la Police à l’époque, Mamadou Diagouraga, après les casses du match Mali Togo. Bien entendu, il doit s’agir de responsabilité morale car ce n’était sans doute pas le Colonel qui était en charge de la garde directe du prévenu. Reste que la nouvelle de l’évasion reprise par tous les médias du monde a, de source proche de Koulouba, à la fois embarrassé et exaspéré le président de la République dont relève directement la DGSE. En attendant la nomination officielle du successeur de Mamy Coulibaly, l’intérim, nous dit-on, sera assuré par l’adjoint de celui-ci.
Pour les commentaires, ceux qui, dans la presse, avaient l’habitude de vérifier certaines informations sensibles avec le Colonel sur le départ, se souviendront de sa grande franchise et de sa grande courtoisie. « Je vous fais appeler pour plus de détails ou nous ne pouvons pas confirmer cette information pour des raisons que nous vous prions de comprendre » : c’est toujours ainsi qu’il réagissait. Il faut l’en remercier aujourd’hui. Quant au Président, il a pris une décision prompte et juste. La gouvernance démocratique n’impose que ce genre de choix. Mais elle doit l’imposer pour tout le monde et à tout le monde. De ce point de vue, il est curieux que le Ministre de la Sécurité intérieure ait survécu aux casses du 27 mars 2005 et jusque-là à l’hécatombe du Maouloud 2011.
Adam Thiam
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