Soutien de la Suisse aux rebelles touareg: Un rapport accablant

13 Sep 2012 - 00:00
13 Sep 2012 - 11:59
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[caption id="attachment_86283" align="alignleft" width="310"] Combattants du Mujao dans la région de Gao le 7 août 2012.
Reuters[/caption] Les accointances, entre la Suisse et les indépendantistes touareg, ne datent pas d’aujourd’hui. Comme en témoigne un rapport élaboré, par Pr Mady Keita, sur les activités suspectes de Mme Hochet, ex-représentante  de la coopération suisse, auprès des communautés touareg du nord du Mali. Accablant. Un rapport datant du  7 février 1984, signé  du Pr Mady Keita  et de   Gaoussou Traoré, respectivement  homologue économiste et chef de la cellule des travaux publics à Haute  Intensité de Main-d’œuvre à Niafunké, en dit long sur les activités suspectes dela Suisseauprès des communautés touareg au nord du Mali. Activités, qui ne seraient pas étrangères à l’occupation actuelle des 2/3 de notre pays par des groupes islamistes. Dans ce rapport, dont nous vous livrons le contenu, Pr Mady Keita nous relate ce qu’il a vu, lors de son passage à Nianfunké. C’était en 1984. Les activités suspectes de l’ex-représentante de la coopération Suisse au nord En effet, une mission  composée de M. Gaoussou Traoré et du Pr. Mady Keita, respectivement Chef et Economiste dela Celluledes Travaux Publics à Haute Intensité de Main-D’œuvre( CTP/HIMO), rattachée au ministère du Plan à l’époque, s’était  rendue à Niafunké du 26  janvier au 3 février 1984. Elle avait pour objectifs de préparer le terrain à l’arrivée d’une mission d’évaluation de l’aménagement de la mare de Koboro, de définir les contours d’une étude socio-économique  complémentaire et  de mener deux nouvelles études en vue de l’aménagement des mares de Goubo et de Takadji. Il s’agissait donc, pour ces deux experts maliens de prendre attache, non seulement, avec le Gouverneur de Tombouctou, les autorités administratives et politiques locales ; Mais aussi de  tenir une réunion d’échanges avec les populations  riveraines  de la mare, en vue de leur adhésion au projet. Sur place, la mission constate, à son corps défendant, les activités suspectes de Mme Hochet, la représentante de la coopération Suisse à Niafunké. Le Gouverneur et le commandant de cercle d’alors s’étaient inquiétés des déplacements incessants de Mme Hochet, qui pour eux, ne devrait s’occuper que de l’aménagement de la mare de Goubo, et dans le cadre d’une recherche-action,  tendant à identifier  des projets  promettant d’assurer le développement  intégré du cercle de Niafunké. C’est ainsi que le gouverneur a demandé au Commandant de cercle de prier Mme Hochet de bien vouloir limiter ses déplacements dans la région. Lesquels avaient  suscité moult rumeurs sur ses activités: octroie de prêts sans condition aux communautés touareg, réunions nocturnes, achat de bétail, abattage et séchage de la viande à distribuer aux communautés touareg… S’y  ajoutent l’utilisation nocturne d’appareils de transmission et réception radiophonique, des rencontres secrètes et nocturnes avec des individus qui disparaissaient avant le matin, méfiance des populations vis-à-vis de l’administration, convocation avec attroupements de personnes au domicile de Mme Hochet, refus de coopérer avec l’administration locale… Rappelée à l’ordre par le Gouverneur de la région, Mme Hochet initie une rencontre, au cours de laquelle, elle a indiqué que le ministre du Plan d’alors (Colonel Amadou Baba Diarra) lui aurait accordé pleine liberté de mouvements et d’action. Des déclarations assorties de menace à l’endroit du Commandant de cercle de Niafunké et des deux « missionnaires ». Devant cet état de fait, M. Traoré et Pr. Keita  prennent leurs  responsabilités  en envoyant un rapport aux autorités à Bamako. Avant de demander  à Mme Hochet  de remettre son rapport de travail et de ses  activités au Commandant de cercle de Niafunké. Et d’aviser ce dernier de ses déplacements, de se faire accompagner d’agents de sécurité, désignés par l’administration. Mais aussi, de rendre compte au Commandant de cercle du contenu de ses  incessantes sorties nocturnes de Niafunké et de ses rencontres en dehors de la ville avec des groupes touareg. Mais la réaction de Mme Hochet a été vive. Elle a rétorqué qu’elle n’entendait plus travailler en présence d’espions et d’agents de l’administration locale. Et de poser ses conditions: ou elle a la liberté d’action comme le lui aurait accordé le ministre du Plan de l’époque, ou elle rentre à Bamako. C’est ainsi que Mme Hochet est rentrée à Bamako  pour rendre compte au Représentant de la coopération suisse qui, à son tour, rencontre le ministre du Plan, sur la question. Alors que les deux experts maliens tentent de convaincre les populations du bien-fondé du projet d’aménagement de la mare, Mme Hochet prône le contraire. Pire, elle incite les communautés touareg à la révolte. Parce que, selon elle, elles sont marginalisées. Raison pour la quelle, dans le rapport envoyé aux autorités de Bamako, Pr Mady Keita estime que la présence de Mme Hochet à Niafunké est nocive et  pourrait être une nouvelle source de déstabilisation pour le nord. Car, elle met  les populations nomades et sédentaires dos à dos. Et qu’il y a lieu de pourvoir à son remplacement par une autre personne, qui inscrira ses actions dans le cadre de nos plans de développement régional. Une autre personne qui respectera  les consignes des autorités locales. Et qui  renoncera au transport nocturne de cargaisons d’armes de guerre, destinées aux communautés touareg. Un rapport négligé Rencontré à cet effet, Pr Mady Keita s’explique. Selon lui, ce qu’il a vu, lors de sa mission à Niafunké, en dit long sur les activités de déstabilisation du Mali entreprises parla Suisse. L’envoi de Mme Hochet, à Niafunké,  comme représentante de la coopération suisse n’était qu’une sape. Car ses activités s’inscrivaient dans l’incitation des touareg à la révolte. Dans son rapport,  il relate par le menu les activités de cette Suissesse au nord. A en croire Pr Keita, Mme Hochet  dissimulait des armes dans les cargaisons de viande séchée pour les faire parvenir aux groupes touareg. Une activité qu’elle mène la nuit à bord de camion et dans le nord du Mali. « C’est lorsque je me suis rendu compte du comportement de cette Suissesse, aux cotés des touareg, que j’ai approché le commandant de  cercle  de Niafunké pour lui en faire part. », explique t-il.  De retour  à Bamako, Pr Keita fait un rapport de mission dans lequel il raconte tout. Mais, il n’a pas été pris au sérieux. L’affaire Berbeira Détaché au Niger, Pr Keita n’est revenu au Mali que l’année de la mort d’un coopérant Suisse au nord du Mali : l’affaire dite Berbeira, au milieu des années 1990. Après la mort de ce Suisse dit-il,la Suissea donné un ultimatum au Mali pour faire la lumière sur cette mort  qu’elle qualifiait   d’assassinat. Si le Mali n’ordonnait pas une enquête pour situer les responsabilités sur la mort de son ressortissant,la Suissemenaçait de rompre sa coopération  avec  notre pays. « Quand le Suisse a été trouvé sans vie et que son pays menaçait le Mali, j’ai commencé à chercher des moyens pour aider le gouvernement du Mali à sortir de l’embarras en essayant d’utiliser mon rapport de mission. C’était pour permettre au gouvernement d’avoir une base solide pour prouver que contrairement à ce qu’on  faisait croire aux gens, la Suisse voulait déstabiliser le Mali. Et que c’est elle qui a favorisé les rebellions Touareg et par la suite, la création du MNLA. », indique  Pr. Keita. Selon lui, il a rencontré le Directeur de cabinet du Premier ministre Ibrahim Boubacar Keita à l’époque, M. Moussa Guindo. Mais ce dernier a traité son rapport  avec légèreté. Car Il n’a pas pu l’introduire chez IBK, le chef du gouvernement de l’époque. Ensuite, il est passé par M. Abdramane Niang, qui était le secrétaire permanent de l’ADEMA pour faire parvenir le rapport à IBK. Peine perdue. Pr Keita dit s’être  rendu àla Sécuritéd’Etat, avec son rapport. Mais, il avait été traité de fou. Après toutes ces actions, il a décidé de se rendre àla Directiongénérale dela Policepour rencontrer le Directeur général adjoint. Après lui avoir expliqué la situation et lui avoir remis le rapport, ce dernier l’a félicité et l’a salué pour son geste patriotique. Et c’est quelques jours après le dépôt de ce rapport àla Directiongénérale de la police, que le Premier ministre Ibrahim Boubacar Keita, face à la pression quela Suissemettait  sur le Mali, s’est rendu au nord du Mali. Selon lui, il y a fait une déclaration fracassante inspirée de son rapport. Et c’est ainsi que l’affaire dite « Berbeira » a été classée.La Suisses’est rendu compte, enfin, que le gouvernement  malien en sait beaucoup sur ses activités auprès des touareg du nord. Alors que, officiellement, Mme Hochet était envoyé au nord pour le projet de Travaux Publics à Haute Intensité de Main d’Oeuvre pour aider les populations du nord, notamment les paysans, les éleveurs à reconstituer leurs troupeaux après la sécheresse des années 70. Au lieu de cela, dit-il, elle achetait le bétail avec ces gens à vil prix, l’abattait, faisait sécher la viande  et dissimulant des armes dans les carcasses de viande transportées par un camion vers les campements touareg. Selon Pr. Keita, la création du MNLA ne date pas d’aujourd’hui. Mieux, le MNLA est très lié àla Suisse. Car dit-il, c’est depuis les années 70  qu’elle soutient les activités sécessionnistes des touareg. Selon lui, il est important que les Maliens sachent que le soutien dela Suisseaux touareg ne date pas d’aujourd’hui. Et que le financement de la rencontre du MNLA, à Ouagadougou, n’est que la face visible de l’iceberg. Il revient ainsi aux autorités maliennes de prendre leurs responsabilités. Toutes leurs responsabilités. Dieudonné Diama  

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