Sur initiative du président IBK, Bamako a abrité, le lundi 6 février, un sommet extraordinaire du G5 Sahel sur la situation sécuritaire du Mali. Ont pris part aux travaux de la session, Son Excellence Monsieur Alpha CONDE, Président de la République de Guinée, Président en exercice de l’Union africaine, en qualité d’Invité Spécial; Son Excellence Monsieur Roch Marc Christian Kabore, Président du Burkina Faso ; Son Excellence Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la République islamique de Mauritanie ; Son Excellence Monsieur Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger et Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar Keita, Président de la République du Mali
Ce Sommet avait un triple objectif. Il s’agissait, d’abord de procéder à une analyse objective de la situation sécuritaire au Mali et son impact sur l’espace commun. Il s’agissait ensuite de faire l’état des lieux de la mise en œuvre des promesses de contributions faites par les partenaires, notamment, aux plans des instruments financiers et techniques et de l’adéquation de la réponse onusienne aux réalités du terrain, d’une part, et, d’autre part, les engagements pris par rapport à la Force conjointe, les opérations militaires transfrontalières, la plateforme de coopération en matière de sécurité et la montée en puissance du Collège de défense du Sahel. Enfin, le troisième objectif consistait à identifier des pistes concrètes d’action pour les semaines et mois à venir, en vue de promouvoir la paix et le développement durables.
Les chefs d’Etat ont passé au peigne fin les résultats des travaux de la 2ème Réunion annuelle des ministres en charge de la défense, et de la sécurité, élargie aux ministres des affaires étrangères du G5 Sahel tenue la veille en prélude au sommet.
A l’issue des travaux, les chefs d’Etat ont animé, en présence du Président en exercice de l’Union Africaine SE M. Alpha Condé, une conférence de presse pour expliquer les mesures qui s’imposent pour lutter contre le terrorisme. La principale mesure avec effet immédiat, c’est la création d’une force conjointe au Sahel ayant pour mandat de lutter contre le terrorisme et le crime transnational organisé.
C’est par la résolution N°00-01/2017 que la création de la force conjointe du G5 Sahel a été entérinée par le sommet de Bamako. Cette Force conjointe, conformément à l’option I, à court terme, et l’option II, à moyen et long terme, doit prendre en compte les facteurs suivants : un mandat clair de l’Union Africaine et de l’Organisation des Nations Unies; le financement soutenu de la force conjointe et des règles d’engagements clairs en vue de combattre le terrorisme, le trafic de drogue et l’immigration clandestine. Il s’agit pour le G5 Sahel, dans un premier temps, d’opérationnaliser un format dénommé « Format 1 » qui consiste à sécuriser les frontières entre les pays vis-à-vis de la drogue et du terrorisme.
Les Chefs d’Etat ont noté que la situation sécuritaire dans la région sahélo-saharienne est marquée, d’une part, par la déliquescence de l’Etat en Libye et d’autre part, par la recrudescence des attaques terroristes menées par les mouvements extrémistes, au Nord du Mali, au Burkina Faso, et au Niger. Mais aussi, la montée de l’extrémisme violent et de la radicalisation, la prolifération des armes légères, les trafics de drogue et de migrants, la traite des êtres humains, et leurs liens avec la criminalité transnationale organisée, qui prennent également des proportions de plus en plus inquiétantes.
D ‘autres importantes mesures ont été prises par les chefs d’Etat lors de cette rencontre. Il s’agit de la suppression sans délai des visas pour tous les types de passeports, conformément aux dispositions légales en vigueur dans chaque pays et l’approfondissement de la réflexion sur les modalités de création d’un Fonds de financement des activités de défense et de sécurité.
Pour le président tchadien Idriss Déby Itno, la mise sur pied de cette force va permettre aux pays sahéliens de régler eux-mêmes leurs problèmes en matière de sécurité : « Nous ne demandons pas à nos amis, à nos partenaires européens, d’envoyer leurs soldats mourir chez nous. Nous sommes prêts nous-mêmes, avec nos soldats, à nous engager et à ramener la paix et la stabilité dans notre sous-région. C’est ce que nous disons à nos partenaires, leur faire l’économie du sang des enfants européens », a précisé le président sortant du G5 Sahel.
Quant au Président mauritanien, il a insisté sur la vision économique de l’organisation qui passe par des projets structurants, la lutte contre l’insécurité, le trafic de drogue et l’immigration clandestine. Il a, notamment évoqué les entraves juridiques et matérielles qui affectent les ambitions de l’organisation. Pour sa part, le Président Issoufou du Niger s’est réjoui des résultats du sommet qui a donné l’occasion de faire le point sur la mise en œuvre des différentes initiatives sur le Sahel dont celles du G5, de l’UE et des Nations unies.
IBK succède à Idriss Déby : Initiateur de ce sommet extraordinaire, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a été désigné par ses pairs, président en exercice du G5 Sahel. Il succède ainsi au président tchadien, Idriss Déby Itno pour un mandat de deux ans. Le président Ibrahim Boubacar Keïta n’a pas manqué de rendre un hommage mérité au président en exercice de l’Union africaine, Alpha Condé. Il a remercié ses pairs du G5 Sahel pour « leur solidarité et leur confiance ». Pour le président IBK, la présence de ses pairs pour le sommet est une grande marque de sympathie et la manifestation concrète de l’amitié et de la fraternité sincères le Mali.
Il dira que le G5 Sahel traduit la volonté commune ferme d’affronter conjointement et de façon coordonnée les nombreux défis transfrontaliers dans les domaines de la sécurité et du développement. « Il constitue, aujourd’hui, un instrument unique pour renforcer les liens humains, culturels, politiques et économiques séculaires, très forts, unissant nos peuples au sein de cet espace stratégique majeur situé au cœur de notre histoire partagée », a souligné le Président Ibrahim Boubacar Keita.
IBK a saisi l’occasion de revenir sur le développement du processus d’Alger et de sa mise en oeuvre qui, confie-t-il, est en marche. Pour le président IBK, le sommet s’est engagé à faire face aux menaces en mutualisant les efforts afin de parvenir aux objectifs de paix, sécurité et développement. Il a également pris acte de prendre des mesures immédiates pour sécuriser les frontières et mettre en place des projets structurants.
Par ailleurs, IBK a annoncé la création de la Compagnie de l’organisation dénommée Air Sahel et qui dispose déjà de ses premiers appareils avant d’annoncer que le prochain sommet du G5 Sahel se tiendra dans un an à Niamey.
Daniel KOURIBA
Encadré
« On a déjà gagné le pari de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel »
-estime l’honorable Chato-
En marge de l’ouverture des travaux de la session extraordinaire des chefs d’Etat du G5 Sahel sur la situation sécuritaire au Mali et son impact dans la région, nous avons tendu notre micro à l’honorable Haïdara Aïssata Cissé dite Chato. Dans un bref entretien, le député, membre de la commission Défense et sécurité à l’Assemblée nationale nous donne ses impressions sur la tenue du sommet extraordinaire et les attentes. Pour l’honorable Chato, le Mali a déjà gagné le pari de la lutte contre le terrorisme parce que le Mali a à ses cotés les pays voisins engagés pour la même cause. Selon Chato les conclusions du sommet vont permettre d’avoir une synergie d’actions avec un droit de poursuite des terroristes dans tous les pays membres de l’organisation. Elle a indiqué que le grand problème commun c’est aussi le problème de trafic de drogue. « La lutte contre le terrorisme passe également par la maitrise du trafic de drogue dans la zone Sahel. Il nous faut trouver une solution conjuguée à ce problème pour maitriser les autres », indique-t-elle.
Pour l’honorable Haïdara Aïssata Cissé, penser que certains pays de la région ne coopèrent pas comme il faut sur la lutte contre le terrorisme, c’est faire un mauvais procès. Pour elle, le G5 Sahel est déjà un engagement de coopération et la rencontre des chefs d’Etat dans notre capitale, sur initiative du président IBK, pour examiner la situation sécuritaire et trouver une solution est la preuve que la coopération ne fait pas défaut. Chato est confiante que dans le cadre du G5 Sahel, les chefs d’Etat vont poser des actes concrets à la hauteur des défis sécuritaires.
Par ailleurs, l’honorable Haïdara Aïssata Cissé a rassuré que l’accompagnement de la Commission défense de l’Assemblée nationale ne fera point défaut sur toutes les initiatives intéressant les questions de lutte contre le terrorisme et autres crimes transfrontaliers. « Nous, représentants du peuple, nous sommes plus proches des populations, et en tant que Commission défense, nous prendrons toute initiative pour accompagner le gouvernement » a-t-elle conclu.