Après le feu vert des Nations unies, les dirigeants du Sahel et de la France ont donné un coup de pouce déterminant au déploiement de la Force conjointe sur le terrain.
Les chefs d’État de cinq pays du Sahel étaient réunis hier à Bamako en présence du président français, Emmanuel Macron. Les présidents Ibrahim Boubacar Keita (Mali), Idriss Déby Itno (Tchad), Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) et Mahamadou Issoufou (Niger) se sont entretenus avec leur invité spécial en la personne du chef de l’Etat français dans le but de concrétiser le projet de force conjointe du G5 Sahel.
Le rendez-vous de Bamako a permis de réaffirmer que la lutte contre le terrorisme dans le Sahel est dé-sormais un combat commun de l’ensemble de la communauté internationale. Mais il appartient aux pays concernés au premier chef de prendre des initiatives et de compter ensuite sur l’appui des pays amis.
C’est ainsi que l’idée d’une force conjointe a été annoncée une première fois le 20 novembre 2015 lors d’une rencontre des chefs d’Etat de l’organisation sahélienne à N’Djamena. Elle a été réactivée le 6 février dernier à l’occasion du sommet de Bamako.
La force conjointe traduit la volonté de mettre ensemble les moyens des 5 pays du Sahel pour lutter contre le terrorisme. Il était temps car ces dernières années, les groupes terroristes ont poussé des tentacules dans l’ensemble des pays de la sous-région. Qu’il s’agisse du Niger, du Burkina Faso ou encore du Tchad, sans parler du Mali, tous ces pays continuent à payer de lourds tribus du fait des attentats terroristes.
Président en exercice de cette nouvelle organisation née dans la douleur à un moment où l’obscurantisme gagne du terrain, Ibrahim Boubacar Keita a tiré sur la sonnette d’alarme. Le constat est établi que la présence des forces étrangères dans la zone, comme la Minusma et Barkhane ont certes porté des coups aux groupes terroristes mais elle n’a pas réussi à les mettre hors d’état de nuire.
Légitimité internationale. L’idée de la force conjointe été saluée par la communauté internationale. Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine n’a pas tardé à lui donner sa bénédiction. Ensuite, c’était le tour du Conseil de sécurité des Nations unies d’adopter à l’unanimité, le 6 juin 2017, la résolution 2359 soutenant le déploiement de la Force conjointe du G5 Sahel.
Le leadership de la diplomatie malienne a donc porté fruit. Le G5 Sahel, malgré sa jeunesse, dispose d’une force de 5000 hommes. Les chefs d’Etat ambitionnent de disposer, à terme, de 10.000 hommes sur le terrain. Selon les stratèges, ils seront concentrés au niveau des frontières sensibles, notamment aux versants burkinabé et nigérien en attendant la vitesse de croisière qui verra la Force conjointe du G5 se déployer dans l’ensemble des pays.
Selon le général Didier Dacko, précédemment chef d’Etat-major des Armées, nommé le 7 juin à la tête de la Force du G5, le poste de commandement sera basé au centre de notre pays, à Sévaré, dans la région de Mopti. La Force du G5 compte travailler en étroite collaboration avec les forces de Barkhane et celles de la mission de l’ONU.
Mais pour déployer une telle force militaire, il faut des moyens. Les pays du Sahel comptent sur leurs propres ressources et l’appui de la communauté internationale, . l’Union européenne et la France notamment. Le chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini a annoncé une contribution de 50 millions d’euros au budget de la Force du G5 Sahel.
Ahmadou M. CISSE