Sommet extraordinaire du G 5 Sahel à Bamako : Les recommandations et les engagements

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Les chefs d’Etat du G5 Sahel, Roch Marc Christian Kaboré (du Burkina Faso), Mohamed Ould de la Mauritanie, Issoufou Mahamadou du Niger, Idriss Deby Itno du Tchad et Ibrahim Boubacar Kéita du Mali en plus du président français Emmanuel Macron (invité d’honneur) étaient à Bamako le dimanche 2 juillet 2017 pour un Sommet extraordinaire sur la situation sécuritaire dans le Sahel.

Durant les travaux du Sommet tenus à huis-clos, les six chefs d’Etat, selon la déclaration finale, ont procédé à un examen approfondi des défis sécuritaires dans l’espace Sahélo-Saharien et les menaces communes auxquelles les pays du G5 sahel, la France et l’Europe sont confrontés. Ils ont souligné le lien intrinsèque entre les actions de sécurité et de défense, les efforts politiques, tels que la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger et les initiatives en faveur du développement. Ces trois axes se soutiennent mutuellement et doivent donc progresser en parallèle. Le président Emmanuel Macron s’est félicité de la création de la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) endossée par la 679e réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (Addis-Abeba le 13 avril 2017 et saluée par la résolution 2359 du Conseil de sécurité des Nations Unies d 21 juin 2017. Les chefs d’Etat du G5 Sahel ont salué le rôle déterminant de la France dans l’adoption de cette résolution. Ils ont exprimé leur haute appréciation au secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres et au président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, pour leur engagement personnel dans la mise en place du FC-G5S ainsi qu’aux autres membres du Conseil de sécurité, l’Union africaine, la Cédéao et l’Union européenne pour leur soutien.

La résolution (2359) marque une étape dans le processus de rétablissement de la paix et de la sécurité dans la région du Sahel, engagé par les Etats membres du G5 Sahel,  depuis le 6 février 2017, sous la conduite de S.E.M. Ibrahim Boubacar KEITA, président de la République du Mali, président en exercice du G5 Sahel. Intégrant des unités issues des Forces armées des cinq pays du G5 Sahel, la Force Conjointe du G5 Sahel constitue une évolution majeure dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, notamment le trafic de drogue dans la zone sahélo-saharienne.  A ce titre, le G5 Sahel souhaite vivement un soutien des Nations Unies à la Force conjointe du G5 Sahel, y compris à travers la Minusma.

Les engagements de Macron

Le président de la République française s’est engagé à apporter à la FC-G5S un soutien en matière de formation, d’équipement, de logistique, et sur le plan opérationnel. Les chefs d’Etat du G5 Sahel et le président de la République française ont salué l’engagement de l’Union européenne d’apporter un soutien financier initial de 50 millions d’euros pour le déploiement de la FC-G5S. Le président de la République française s’est engagé à poursuivre ses efforts de mobilisation, en lien étroit avec l’Allemagne et l’Union européenne, afin d’assurer à la FC-G5S un soutien dans la durée. Réitérant leur détermination à concrétiser cette initiative, en comptant d’abord sur les ressources propres, les chefs d’Etat du G5 Sahel ont décidé d’allouer une enveloppe initiale de 50 millions d’Euros destinée au démarrage effectif des activités de la FC-G5 S.

Les chefs d’Etat du G5 Sahel et le président de la République française ont, également, appelé les autres partenaires bilatéraux et multilatéraux à apporter une assistance conséquente à la FC-G5S sur les plans logistique, opérationnel et financier, en vue de faire face à cette situation qui menace la paix et la sécurité internationales.

Sollicitation d’une ” Conférence internationale de planification “

Aussi, ont-ils insisté sur la convocation rapide de la “Conférence internationale de planification”, prévue par la résolution (2359) du Conseil de Sécurité des Nations Unies, et visant à assurer la coordination des efforts d’assistance des donateurs à la FC-G5S.

En addition aux actions de soutien à la Force Conjointe du G5 Sahel, les chefs d’Etat du G5 Sahel et le président de la République française se  sont engagés à poursuivre, avec l’appui de la France, la montée en  puissance du Collège sahélien de Défense devant accueillir à Nouakchott, à compter de janvier 2018, des officiers supérieurs des pays du G5 Sahel. Les chefs d’Etat du G5 Sahel se sont félicités de l’adoption, à l’unanimité, de la résolution (2364) du Conseil de sécurité des Nations unies, qui renouvelle le mandat de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Ils ont, particulièrement, salué le rôle de leadership de la France dans l’adoption de cette résolution, qui confirme le mandat robuste de la Minusma, en soutien du processus de paix et de réconciliation au Mali, renforce le soutien des Casques bleus au redéploiement des Forces de Défense et de Sécurité maliennes (FDS), et appuie la coopération entre les Casques bleus, la nouvelle Force conjointe du G5-Sahel et les forces françaises.

IBK appelé à poursuivre l’accélération de la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles

Les chefs d’Etat du G5 Sahel et le président de la République française ont salué les avancées enregistrées dans le cadre du processus de paix, et ils ont encouragé S.E.M. Ibrahim Boubacar KEITA, président de la République du Mali, à poursuivre les efforts engagés dans le sens de l’accélération de la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles, prévues par l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger. Conscients des liens indissociables entre sécurité et développement, les chefs d’Etat du G5 Sahel et le président de la République française sont convenus de la nécessité d’assurer l’accompagnement des opérations militaires et sécuritaires par des actions économiques, sociales, culturelles, d’éducation et de dé-radicalisation pour attaquer les causes profondes de l’insécurité. Dans cette perspective, les chefs d’Etat du G5 Sahel et le président de la République française ont décidé d’amorcer une action diplomatique coordonnée, y compris un plaidoyer auprès des partenaires bilatéraux et multilatéraux, visant la mobilisation des ressources techniques et financières requises en faveur du Programme d’Investissements Prioritaires du G5 Sahel (PIP), notamment dans le domaine de la gestion intégrée des frontières dans la zone sahélo-saharienne, y compris la frontière libyenne et ce, en vue d’une Table-ronde réussie des bailleurs de fonds. Les chefs d’Etat du G5 Sahel et le président de la République française ont insisté sur plusieurs priorités de développement particulièrement urgentes, en faveur de la jeunesse du Sahel en termes d’éducation et d’emplois afin de lutter contre le chômage, la menace de la radicalisation et la migration clandestine.

Dans un contexte de changement climatique aux effets dévastateurs sur l’environnement avec une accentuation de la compétition pour les ressources naturelles pouvant dégénérer en conflits, les chefs d’Etat recommandent de mettre un accent particulier sur le développement des énergies renouvelables et sur une agriculture adaptée dans un objectif de préservation de l’environnement et de renforcement de la sécurité alimentaire.

Les chefs d’Etat du G5 Sahel et le président de la République française ont convenu de faire un plaidoyer auprès des partenaires pour demander davantage de flexibilité et d’allègement dans la mise en œuvre des instruments de coopération et d’accroissement des investissements privés.

Sollicitation de la mise en place rapide d’une ” Alliance pour le Sahel “

Le président de la République française a appelé à la mise en place rapide d’une “Alliance pour le Sahel “ visant, pour les acteurs du développement, à trouver des mécanismes innovants à même de renforcer l’efficacité des actions menées avec leurs partenaires dans l’ensemble du Sahel. Il a souhaité développer cette Alliance pour le Sahel, notamment avec l’Allemagne, l’Union européenne et ses Etats membres, le Système des Nations Unies, la Banque Mondiale, et la Banque Africaine de Développement, en lien avec l’Union Africaine, la Cedeao et la Ceeac, mais aussi avec d’autres partenaires. Les chefs d’Etat du G5 Sahel et le président de la République française ont décidé d’établir un groupe de travail commun et de haut niveau, pour le suivi de la mise en œuvre effective, de façon détaillée, des conclusions du présent Sommet extraordinaire du G5 Sahel avec la France.           

                 Siaka Doumbia

 

Les dessous du sommet :

IBK oublie d’ouvrir le Sommet

On ne sait pas quelle mouche avait piqué IBK ou était-il sous le choc des piques de Macron ? Ce qui est sûr, après son discours d’ouverture, IBK, en tant que président du G5 Sahel, a oublié de déclarer solennellement l’ouverture du Sommet.  C’est quand les invités ont commencé à sortir de la salle, qu’il reviendra au micro pour leur demander de revenir dans la salle pour qu’il prononce l’ouverture du sommet. Ce qui se fera. Après cette ouverture solennelle, la cérémonie fut suspendue avant d’être reprise à huis-clos.

IBK  : “Je ne retirerai pas du circuit le projet de révision constitutionnelle”

Interrogé sur la révision constitutionnelle, IBK a laissé entendre que ” […] le président Kéita n’a pas l’ambition de faire en sorte que par un biais quelconque il puisse installer au Mali un pouvoir de dynastie, non, non. De culture, de formation et d’éducation, le président Kéita a dit urbi et orbi qu’il ferait tout pour l’honneur du Mali de faire en sorte d’appliquer ce que le Mali a signé, l’Accord pour la paix et la réconciliation signé et engagé en toute liberté. Le peuple malien, massivement a approuvé cet accord-là. Je mets encore au défi quiconque de dire que je ne suis pas d’accord pour la paix au Mali. Personne, y compris les gens de l’opposition. Mais on va essayer par des malices, par de biais divers, de mettre en cause cet accord. Et une de ces malices consiste à faire un tollé contre le Référendum au motif qu’il serait un projet d’augmentation exponentielle du pouvoir du président IBK. Rien du tout. Aucune intention personnelle. Aucune ! L’intérêt qu’il a, c’est que l’engagement du Mali soit tenu pour que l’accord pour la paix et la réconciliation soit effectif en tous ses effets. Et cela sera fait s’il plaît à Dieu pas par acte dictatorial encore une fois, parce que l’Assemblée nationale du Mali a quand même respecté en votant cette loi référendaire. Elle l’a voté. Et simplement, le vote de l’Assemblée nationale ne suffit pas, il conduit simplement au vote référendaire. Et c’est à ce niveau-là que nos amis de l’opposition sortent pour dire non, nous ne sommes pas d’accord alors qu’ils ont été d’accord avec nous puisqu’ils ont amendé tout au long et à loisir le texte soumis. Ils ont participé à un séminaire tenu dans le cadre de cette révision de la Constitution. Mieux inspiré, ils exigent de retirer le projet de révision constitutionnelle du circuit. Je ne le ferai pas. Cela dit, la Cour constitutionnelle qui est la haute autorité sans conteste dira le droit, elle dira le droit. L’article 118 de la Constitution dit qu’il ne peut pas avoir de révision constitutionnelle quand une partie du pays est occupée par une puissance étrangère. Quelle est la puissance étrangère qui occupe le Mali ? Il n’y en a pas aujourd’hui avec la mise en place des autorités intérimaires. Et progressivement l’Administration se remet en place. Les services sociaux de base, les services économiques sont également en train d’être mis en place. Donc, le Mali avance. Qu’on le reconnaisse ou pas, c’es ça la réalité aujourd’hui. Et ce débat est pour moi totalement surérogatoire. La démocratie n’est pas en cause. Elle a été respectée, totalement respectée. Ce dont il s’agit, c’est simplement de pousser l’orgueil du président Kéita à bout en essayant de l’effrayer. Non. Ils veulent qu’il n’y ait pas d’élection en 2018. On va faire l’élection présidentielle au Mali. C’est possible. L’opposition veut faire en sorte qu’il n’y ait pas d’élections présidentielles et exiger d’aller à une Transition pour permettre à des leaders de se faire une place au soleil. C’est de ça qu’il s’agit. Et cela ne sera pas. Non […] Le peuple malien sait d’où il vient, il est d’une très vieille civilisation”.

Macron par rapport à la révision  constitutionnelle : “Le président Kéita ne se laissera pas arrêter pour la mise en œuvre de la réforme constitutionnelle”

Comme pour dire qu’il est d’accord avec IBK sur la réforme constitutionnelle, le président Emmanuel Macron dira que le président Kéita ne se laissera pas arrêter dans la révision constitutionnelle. ” […] C’est un président déterminé qui va appliquer la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation. […] Avec le sommet, l’implication de la France et de la communauté internationale sera déterminante pour sécuriser le Mali, la région et lutter contre le terrorisme. Je pense que les prochaines semaines seront critiques. Je suis heureux d’entendre de la détermination qu’il vient de manifester. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que dans les prochaines semaines, le président va prendre une mesure pour le processus de révision constitutionnelle pour la mise en œuvre de l’accord de paix. Cela veut dire que le président Kéita ne se laissera pas arrêter pour la mise en œuvre de la réforme constitutionnelle dont le pilier est en particulier la régionalisation qui est indispensable dans le pays. Cela relève de la souveraineté du Mali et du peuple malien. Mais, j’ai entendu un président déterminé à appliquer les accords de paix d’Alger qui prévoit la révision constitutionnelle. C’est en juillet que cela se fera. […]. Sur le sujet, je pense que les prochaines semaines seront déterminantes et pour moi, le mois de juillet-août  sera décisif pour la bonne mise en œuvre des accords d’Alger. Je compte sur la détermination du président Kéita et il peut compter sur nous”, a-t-il soutenu.

 Rassemblés par Siaka Doumbia

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