Situation sécuritaire au nord : Les 48 recommandations du COREN pour une sortie de crise

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Le Collectif des Ressortissants du Nord Mali (COREN) est monté, le weekend dernier, au créneau face à la situation actuelle qui prévaut dans le septentrion malien. Ce fut en la faveur d’une assemblée générale tenue dans la grande salle du Centre International des Conférences de Bamako (CICB). L’objectif de cette rencontre, qui a mobilisé plusieurs personnalités du pays ainsi que les membres et sympathisants du COREN, était de dénoncer les nombreuses exactions  commises récemment dans le nord et proposer des solutions pour une sortie de crise.
« Nous sommes réunis…pour exprimer notre douleur, nos meurtrissures et nos craintes mais également pour dire nos espoirs en tant que société civile du Nord-Mali ». C’est en ces termes que le Président du COREN, Monsieur Malick Al Housseyni Maiga, a planté le décor de cette activité aussi patriotique que fraternelle. Vues les circonstances douloureuses que le Mali a vécu ces dernières semaines, notamment les évènements de Aguelhok, Tessalit, Hombori, Léré, Niafunké, Youwarou, Menaka et leurs corolaires de pertes en vies humaines, de psychose nationale et de crise politico-humanitaire ; les ressortissants du Nord ne pouvaient aucunement rester inactifs d’où la présente assemblée générale. Autant l’occasion était opportune pour les responsables et membres du COREN pour dénoncer la situation actuelle qui sévit leur localité, autant c’était une aubaine pour affirmer leur soutien à la nation malienne, à travers l’Etat, les forces armées et toutes les victimes, tout en proposant  des solutions pertinentes pour une sortie de crise rapide et la consolidation d’une paix durable.
Issues de deux réunions de concertation, pilotées par l’Ex Premier ministre Ousmane Issoufi Maiga, entre les différents acteurs et sensibilités de ladite localité, les 48 recommandations du COREN vont à l’endroit de tous les acteurs de cette crise. Regroupées autour d’une plateforme qui sera soutenue par des actions concrètes sur le terrain, ces différentes propositions ont pour vocations essentielles de ramener la paix dans le pays, restaurer l’autorité de l’Etat, consolider les acquis démocratiques de la nation, instaurer le dialogue entre l’Etat et les autres acteurs et contribuer activement en faveur d’une résolution rapide et pérenne de  cette situation qui n’a que trop perdurer.
Le COREN prévoit aussi un plan d’urgence d’environ 112 millions pour appuyer les différentes localités et personnes qui ont été touchées par cette crise et mener des actions de sensibilisation auprès de la population et des acteurs de la communauté internationales. Une grande partie des fonds devrait aussi revenir aux forces armées pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle de protection des civiles et de défense de la nation. A noter que cette contribution du COREN est une alternative certaine pour une sortie de crise. Il est donc du devoir de l’Etat, des personnes de bonnes volontés et structures internationales de lui apporter un appui technique et financier pour la mise en œuvre de son plan d’action opérationnel. De l’espoir, cette activité en a suscité. Espérons que la matérialisation de cet espoir qui vient de renaitre, en ce qui concerne l’épineux problème du Nord Mali, ne tombera guère en désuétude comme plein d’autres.
FOUSSEYNI MAIGA
20 Recommandations proposées par le COREN à l’endroit du Gouvernement :

1. Appeler à la mobilisation et à l’effort de guerre ; 2. Entamer le processus de dialogue ; 3. Entamer une vaste opération diplomatique pour rendre lisible l’action de l’Etat ; 4. Mobiliser les ressources auprès de la communauté internationale ; 5. Engager des procédures judiciaires pour situer les responsabilités et sanctionner au besoin les auteurs des actes abominables commis sur notre territoire ; 6. Améliorer la communication pour une bonne qualité d’information et engager une contre campagne médiatique pour contenir et gagner la guerre de communication ; 7. Faire une évaluation participative de tous les accords pour s’assurer de leur faisabilité ; 8. Ouvrir un espace de dialogue et de réinsertion socio-économique afin d’obtenir définitivement la stabilité politique sociale du pays ; 9. Dans les négociations, ne s’engager que dans les solutions raisonnables, légalement acceptables, concertées, partagées  et acceptées par tous les acteurs ; 10. Impliquer toutes les communautés dans les négociations pour assurer une meilleure mise en œuvre des engagements : Instaurer la « consultation publique » comme procédure de validation des engagements et des accords pour éviter toute nouvelle crise et favoriser le dialogue intercommunautaire ;  11. Apporter de l’aide et de l’assistance aux réfugiés ; 12. Interdire la création des milices armées ; 13. Toutefois, les groupes de défenses multiethniques déjà crées, doivent être mis à la disposition de l’armée afin d’intégrer les éléments ; 14. Organiser un débat national (impliquant fortement les cadres, les OSC, et les représentants des populations) sur la question du Nord ; 15. Valoriser les initiatives et actions de la société civile à travers l’accompagnement de l’Etat et la mise à dispositions d’espaces de communications adaptées ; 16. Améliorer la gouvernance, par un meilleur découpage administratif, afin d’éviter de transformer les majorités démographiques en minorité démocratique ; 17. Impliquer les pays limitrophes, dans le scénario de gestion de la crise actuelle ; 18. Poursuivre les initiatives et actions : de recherches minières, de réalisation d’infrastructures comme les forages, la mise en eau sécurisée du système Faguibine, le bitumage des routes Gao- Kidal-Tessalit,  Gao-Bourem- Aguelhok- Tessalit, Kidal- Abeibara- Tinessako, Gossi-Rharous, Tombouctou-rahous-Taoussa, Ansongo- Ménaka- Andéraboucane, la poursuite des travaux de bitumage Goumakoro- Niono- Tombouctou ; 19. Diffuser largement sur les sites officiels, le pacte national et les différents accords signés ; 20. Développer un niveau institutionnel adapté à la problématique récurrente de la question du Nord, en créant un département ministériel dédié au développement des zones arides et semi-arides.
10 Actions proposées par le COREN en direction des forces armées :
1. Soutenir les forces armées et de sécurité à travers des souscriptions volontaires ; 2. Aider les familles victimes du conflit armé ; 3. Renforcer les moyens d’action (humain et matériels) de l’armée et améliorer la coordination des actions sur le terrain et la collaboration avec les partenaires ; 4. Renforcer la défense nationale (équipement, formation des hommes) concertation et affection budgétaire complémentaire, contribution citoyen ; 5. Féliciter et encourager les forces armées, pour leur comportement patriotique envers les populations civiles ; 6. Recruter  massivement les jeunes dont le patriotisme est à toute preuve pour défendre le pays ; 7. Améliorer la communication de l’armée  par l’ouverture d’un  espace de sensibilisation, et de mobilisation citoyenne pour combler le déficit de communication ; 8. Manifester la reconnaissance de la patrie à nos combattants tombés sur le champ de l’honneur à Aguelhok, Tessalit et autres localités en y apporter l’assistance nécessaire à leurs familles ; 9. Redéploiement massif de l’armée dans les localités du nord du mali, avec l’installation de base s militaires suffisamment  équipés ; 10. Négocier et maintenir de bons accords de partenariat dans le domaine de la défense avec les pays voisins ;
7 Actions proposées par le COREN en direction des populations déplacées :
1. Reconnaitre aux populations déplacées et refugiés leur droit à la sécurité, l’afficher et s’engager à restaurer et à les accompagner ; 2. Eviter (y compris par la pénalisation) toutes formes d’exactions, de bavures militaires ou civiles et toutes stigmatisations à l’endroit de populations pour circonscrire tout risque de ralliement à la rébellion ; 3. Sanctionner tout dérapage, toute bavure, tout sabotage et /ou frustration pouvant obliger à finir le pays et à termes grossir le rang des mecontents et des pro-rébellions, 4. Sécuriser les biens des populations, déplacées provisoirement ; 5. Apporter et orienter l’aide internationale et les appuis à toutes les populations déplacées et refugiées, 6. Mettre en place un plan de communication à l’endroit des populations déplacées ; 7. Indemniser les personnes dont les biens ont été détruits.
11 Actions proposées par le COREN en direction des organisations de la société civile :
1.    Coordonner l’action de la société civile sur la gestion de la crise ; 2. Impliquer toutes les communautés dans les négociations ; 3. Préserver et entretenir l’élan de la société civile en améliorant la collaboration entre tous acteurs de la société civile (leaders communautaires, notabilités cadres, associations et organisations) pour la synergie d’action et pour l’efficacité ; 4. Constituer des groupes pour rencontrer les refugiés et leurs fournir aide et assistance ; 5. Mobiliser des contributions citoyennes comme un devoir civique ; 6. Mettre en place à Bamako une commission centrale de veille et de sensibilisation pour le retour des populations ; 7. Organiser des missions de terrain dans toutes les régions pour la sensibilisation et la mise en place de relais, cellules de veille par cercle et par commune ; 8. Mobiliser la solidarité nationale aux populations déplacées sous forme de souscription citoyenne volontaire ; 9. Faire recours à toutes les associations et réseaux œuvrant dans le domaine de la paix et de la sécurité ; 10. Créer un dispositif permanent de communication et de relais de la bonne information entre le niveau national, régional, local, communal et infra communal ; 11. Mettre le COREN au centre de toutes négociations ou de gestion de la question du nord, et organiser toutes les rencontres importantes de négociations ou de signature dans les capitales régionales du nord.

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