La situation humanitaire dans notre pays est de plus en plus inquiétante. En effet, dans son dernier rapport, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies (Ocha) révèle que 5,9 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire, en début 2021. Aussi, plus 300 000 personnes sont estimées être des réfugiés ou des déplacés internes. Les besoins d’assistance alimentaire restent importants : 950 000 personnes sont concernées. Dans son rapport, l’ONG humanitaire attire l’attention sur les violences intra-communautaires qui ne cessent d’augmenter dans le centre-sud du pays : Sur la totalité des incidents de protection, 35% ont été répertorié à Mopti.
Selon l’Ocha, le contexte humanitaire en 2020 a continué de s’aggraver en raison des effets immédiats des conflits et de la violence multiformes. Cette tendance continue en 2021. Les conflits inter et intracommunautaires, l’activisme des groupes armés non étatiques (GANE), les conséquences des opérations contre insurrectionnelles, la criminalité et le banditisme continuent de fragiliser le contexte malien. A ces chocs s’ajoutent les contraintes naturelles (sécheresses et inondations) et la COVID-19, qui, avec ses impacts sanitaires et non sanitaires touche tous les secteurs sociaux de base ainsi que la protection des moyens de subsistance des ménages. Dans ce contexte complexe, les civils, toutes communautés confondues, continuent d’être la cible d’attaques, en particulier dans le Centre. Le monitoring de protection de l’UNHCR a enregistré 3 040 incidents de protection entre janvier et septembre 2020, contre 1 882 incidents pour toute l’année 2019, ce qui constitue une information alarmante. Bien que les incidents soient fortement concentrés dans la région de Ségou et celle du Liptako-Gourma avec des dynamiques transfrontalières importantes (notamment avec le Burkina Faso et le Niger), une nouvelle tendance s’ajoute. Les violences intra-communautaires augmentent au centre et au sud du pays et ceci complexifie davantage les dynamiques de confit et détériore l’environnement de protection.
950000 personnes en besoin d’assistance urgente
Dans son rapport, l’Ocha indique aussi que les derniers chiffres du Cadre Harmonisé de novembre 2020, près de 440 000 personnes sont actuellement en insécurité alimentaire, dont 3 227 en phase d’urgence et 423 090 en phase de crise.
Si la situation sécuritaire a un fort impact sur l’accès à la nourriture, cette année les effets secondaires de la pandémie COVID-19 ressentis par la population sur le court et moyen terme, mettent davantage à risque cet accès à la nourriture. En dépit de ces difficultés qui ont poussé 950 000 personnes vers un besoin d’assistance alimentaire d’urgence, l’analyse des tendances montre qu’en 2020 une amélioration de la sécurité alimentaire s’est confirmée en comparaison avec 2019. En effet, environ 8% de la population en phase 3 a pu être enregistrée ainsi qu’une réduction significative d’environ 70%, de la population en phase 4.
Des mouvements de populations en augmentation
Par ailleurs, l (organisation humanitaire constate que le contexte reste dominé par une combinaison de chocs ayant des impacts multiples sur les modes de vie des personnes et communautés. L’instabilité politique, l’insécurité et les conflits, le sous-développement, la pauvreté, les catastrophes naturelles et l’insécurité alimentaire continuent de provoquer des mouvements de populations.
Le nombre de déplacés ne cesse d’augmenter depuis 2017 avec une augmentation importante au cours de cette dernière année. Le nombre de déplacés est en effet passé de 187 139 en octobre 2019 à 311 193 en octobre 2020 : soit une augmentation de près de 40 %. Ceci peut s’expliquer par l’augmentation de l’insécurité dans les régions de Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Ménaka. Ségou et Mopti restent cependant les régions qui enregistrent la plus grande hausse en nombre de déplacés.
Mémé Sanogo