En augmentant de 150 hommes son effectif militaire français à Kidal, la France fait bien croire à la Communauté internationale qu’elle a la bonne volonté d’aider le Mali à libérer cette région des mains des groupes armés, notamment des irrédentistes rebelles du Mnla. En réalité, c’est pour protéger ses «amis» du Mnla et faire en sorte que Kidal ait une autonomie, sous leur coupole. De ce fait, cette région qui fait partie intégrante de la République du Mali, est une véritable poudrière qui peut s’allumer à tout moment et se répandre sur tout le front septentrional, comme Gao et Tombouctou à nouveau menacées par les attaques jihadistes. Car, Kidal est devenue synonyme d’une bombe posée en sous-main par le pouvoir français, qui n’attend qu’une étincelle pour exploser et allumer une tempête incendiaire dont les feux, alimentés par la haine raciale et une violence sans nom, risquent d’emporter le peu d’espoir pour la paix suscité par les fragiles accords de Ouaga passés entre l’Etat malien et la rébellion touareg à travers le Mnla.
Le régime socialiste de François Hollande est poussé par les jusqu’au-boutistes de tous bords à la sarkozienne, privilégiant la solution finale d’une épuration ethnique par la sécession de l’Azawad (création mythique d’apatrides faisant coalition avec les suppôts d’un néocolonialisme qui ne dit pas son nom) et l’exclusion de ces territoires des Noirs sédentaires majoritaires au Nord. Cela aura l’avantage de mettre un terme définitif, croit le lobby, à «la question touareg» montée en épingle pendant la décennie écoulée, le point de rupture tant recherché étant atteint. Rien d’étonnant donc si Kidal, une région touareg, qui a récupéré tous les sécessionnismes au nord du Mali, soit devenue le centre de mire, de par ses potentialités et sa position sur le méridien, un enjeu économique et géostratégique pour l’ancienne puissance colonisatrice, au regard de l’Occident et de toute la communauté internationale.
Même si des représentants du gouvernement malien et les groupes armés rebelles du Mnla, du Hcua et du Maa ont constaté la libération du gouvernorat et des bâtiments de la station régionale de l’Ortm, le jeudi 14 novembre 2013, à Kidal, rien n’est joué. Parce que le dilatoire est toujours de saison. Le représentant de l’Onu pense que les engagements ont été tenus. Albert Konders, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, dans un communiqué, a déclaré que «dans l’intérêt des parties et de la population, il est nécessaire d’entamer rapidement des pourparlers inclusifs de paix. Il est important de rester vigilant. La Minusma jouera pleinement son rôle dans l’accompagnement de ces efforts».
En conclusion, Albert Konders a appelé gouvernement malien et groupes rebelles à faire preuve de retenue durant cette période importante pour le dialogue, la réconciliation et la paix au Mali. Toute cette affaire est en fait de la poudre jetée aux yeux de l’opinion et un leurre pour le président Ibrahim Boubacar Keïta et les autorités maliennes, auxquelles on demande, en plus, d’ouvrir les antennes de la radio et de la télévision au Mnla et associés ! La ville n’est pas revenue, comme l’on pouvait l’espérer, dans le giron de l’administration malienne.
Il se passe que Kidal et sa région ne sont pas pacifiées, loin de là. La sécurité demeure un problème essentiel, puisque la ville demeure une véritable passoire. Les check-points de contrôle sont distants de kilomètres, toutes les sorties environnantes sont autant de portes pouvant être utilisées pour entrer dans la cité, commettre des attentats meurtriers et s’enfuir.
Le Mnla et les groupes terroristes associés, armés jusqu’aux dents, jouissent toujours d’une liberté totale de mouvement. C’est à l’avantage des groupes armés qui peuvent s’émanciper à tout moment de la tutelle française qui leur a tout donné, tout permis à Kidal.
La force militaire française Serval et la Minusma ne peuvent pas contrôler la ville, à plus forte raison la région de Kidal. C’est eux qui sont plutôt contrôlés par les rebelles qui règnent en terrain conquis, sans craindre des représailles, parce qu’ils sont intouchables.
Quant à l’armée malienne à la portion congrue, laissée pour compte, elle n’a aucune initiative propre. Elle ne jouit d’aucune considération de la part de Serval et de la Minusma, si ce n’est de servir de supplétif ou d’effectif de subordination. Sa présence est symbolique au gouvernorat et à l’antenne régionale de la radio nouvellement libérés.
A l’Etat malien donc de s’assumer, notamment de son président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta, de prendre ses responsabilités en décidant de la dissolution pure et simple du Mnla.
Bruno LOMA