Afin d’exprimer leur mécontentement face à la politique confuse de la France dans la gestion de la crise qui oppose l’Etat malien aux irrédentistes du MNLA, des milliers de manifestants ont battu le pavé mercredi dernier pour demander à la France de clarifier sa position en permettant la libre circulation de l’armée malienne à Kidal. Mais aussi, le cantonnement effectif des apatrides rebelles qui bénéficient de leur protection.
Il s’agit là d’une première manifestation depuis l’intervention française au Mali qui a permis de stopper l’avancée des obscurantistes vers le sud du pays.
« Non à la politique Française à Kidal », « Libérez Kidal », « le Mali est un est indivisible »…Tels étaient entre autres les slogans que l’on pouvait entendre et lire sur les banderoles durant cette marche de protestation, initiée contre la politique de la France à Kidal.
Une marche qui a pris son départ à la place de liberté pour finir au monument de l’indépendance où une déclaration a été faite par l’organisateur principal, Mohamed Bathily.
De prime abord, Mohamed Bathily dira qu’au début de l’attaque des mouvements djihadistes, terroristes, narcotrafiquants et indépendantistes, tous les Maliens ont tremblé de peur. Raison pour laquelle, l’intervention imminente de la France a été accueillie avec ferveur.
« L’opération Serval menée par les troupes françaises en appui à l’armée malienne pour libérer les régions de Gao et Tombouctou a suscité une sympathie pro-française… », a-t-il indiqué.
Avant de poursuivre que cette situation avait fait dire au président Français que « son pays paye une partie de sa dette à l’égard du Mali en mémoire du rôle qu’il a joué dans la libération de la France du joug allemand ».
La politique confuse de la France à Kidal
Après la libération des régions de Gao et de Tombouctougrâce au concours des différentes armées, les Maliens ont été ébahis de voir les troupes Françaises aller seules à Kidal. Et c’est de là que les interrogations ont commencé à tomber sur les véritables motivations de la France.
« Au même moment, le MNLA entra aussi à Kidal avec armes et drogues grâce à l’accompagnement technique, diplomatique et médiatique de la France », explique Mohamed Bathily.
Selon lui, c’est depuis ce jour que l’armée malienne demeure cantonnée dans un périmètre équivalent à un terrain de football. Et sous le contrôle des militaires français et de la Minusma.
En plus de cette situation humiliante dit-il, les autorités maliennes sont quotidiennement narguées, insultées et dénigrées par les servants de la tribu des Intallah de Kidal .
Les Maliens reconnaissants mais dubitatifs
Pour les marcheurs, cette marche de protestation n’occulte en rien ce que la France a fait pour le Mali dans la guerre de libération des régions du nord du pays. Mais c’est pour dénoncer la politique confuse de cette même France à Kidal.
« Nous sommes un peuple conscient, réaliste et reconnaissant. C’est pourquoi, le peuple malien salut la France pour son intervention, mais exprime sa déception pour sa politique à Kidal », explique M. Bathily.
Avant d’ajouter « Vous nous avez sauvé militairement mais nous sentons que vous planifiez de nous dépouiller de notre honneur, de notre économie et de notre souveraineté et nous asservir au grand plaisir des terroristes et trafiquants du MNLA ».
Cette situation fait monter un sentiment anti-français chez de nombreux maliens qui l’ont exprimé lors de cette marche. Car, nombreux sont les manifestants qui ont laissé entendre leur déception quant aux agissements de la France. Et le sentiment anti-français était perceptible même si les organisateurs tentaient de recadrer les marcheurs.
Le soutien de la France au MNLA décrié
Pour les marcheurs, l’attitude de la France à Kidal s’explique par son soutien au MNLA.
« Nous constatons que De Gaulle est revenu à travers François Hollande car il disait que la France n’a pas d’amis mais des intérêts », explique Mohamed Bathily.
Avant d’ajouter qu’ils déduisent que la France soutien le MNLA pour l’autonomie qui sera suivie de l’indépendance de l’Azawad.
« Nous demandons à la France qu’elle cesse de soutenir le MNLA car l’Azawad n’aura jamais son autonomie au Mali car le Mali est un et indivisible », assure M. Bathily.
C’est pourquoi, il a exigé de la France, la poursuite de la sécurité et la défense de ses intérêts, mais dans la limite et dans le respect de la sécurité et des intérêts du peuple malien.
Les initiateurs de cette marche regroupés au sein du collectif pour la défense de la souveraineté de l’Etat du Mali à Kidal entendent rester mobilisés jusqu’à l’atteinte de leur objectif : la libération totale de Kidal, la dissolution du MNLA, le retour effectif de l’administration et la libre circulation de l’armée malienne sur toute l’étendue du territoire national.
Georges Diarra