Le phénomène du terrorisme ethnico-djihadiste que vit le centre du Mali a pris une nouvelle tournure dans la commune de Diafarabé. En effet, vendredi 7 avril, entre 15h et 16h, quatre hommes enturbannés et en treillis sont venus kidnapper un étranger de passage à Diafarabé.
La victime est un forgeron “noumoukai” originaire de Soumouni (un village du cercle de Ké-Macina). Il était à la recherche de ses animaux disparus depuis un moment. Selon les informations recueillies auprès de nos sources, il s’était rendu chez un certain Diowro (un peuhl du Seno, natif du village de Sene Bamanan dans la commune de Diafarabé et assiégé par des bandits se réclamant de l’ethnie peuhl).
Diowro aurait fui Sene Bamanan à cause de graves soupçons de complicité avec les bandits qui s’attaquent aux bambaras. Lui et noumoukai se connaissent très bien et d’ailleurs, ce dernier a certainement voulu jouer sur le cousinage peuhl-forgeron pour pouvoir retrouver ses animaux. Il ignorait que «ses» tueurs n’avaient rien à cirer d’un tel cousinage.
Moins de 30mn après son arrivée au domicile de Diowro, Noumoukai a été ligoté, ses yeux bandés par quatre hommes enturbannés et en treillis. Les quatre hommes l’ont embarqué sur une moto et ont disparu avec lui dans la nature. Malheureusement, on apprendra plus tard que Noumoukai a été retrouvé mort dans la brousse, la gorge tranchée.
La population de Diafarabé est aujourd’hui plus que jamais meurtrie par ces faits et bien d’autres qui rythment son quotidien. Elle est humiliée tous les jours à cause des bandits sans foi ni loi, qui viennent se pavaner dans les coins et recoins comme s’ils étaient dans le “champ de gombo de leur grand-mère”. Beaucoup de gens pensent que parmi les 300 réfugiés peuhls (venus de Ké-Macina), qui sont dans la périphérie de Diafarabé, se cacheraient des individus mal intentionnés, qui sortent souvent du groupe pour mener des opérations suspectes. On pense que c’est eux qui ont commis ce forfait sur Noumoukai.
En tout cas, depuis ce forfait, Diowro ne se tient plus tranquille, il est inquiet de subir d’éventuelles représailles de la part de la population de Diafarabé qui lui a pourtant donné une des leurs en mariage. Face à cette situation, nombre d’habitants de cette localité réclament d’autres alternatives, notamment des groupes d’autodéfense.
Lassine DIALLO