Le salon business de l’Aéroport international Bamako-Sénou s’est écroulé le jeudi dernier, alors qu’il est en plein chantier. Le pire a été évité de justesse. L’entreprise chargée des travaux, GRANGERAI, ne donne aucune explication ; la Direction des Aéroports est également restée muette comme une carpe, histoire d’éviter d’ébruiter l’affaire.
Jeudi, il est environ 17 heures. Les passagers à l’embarquement patientent dans la salle d’attente. Services de sécurité, agents ASAM, Securicom, police, gendarmerie, et douaniers s’activent pour contrôler passagers et bagages. Pendant ce temps, les avions stationnés sur la piste attendent l’heure de décollage, vrombissant sans arrêt.
Soudain, un bruit fracassant se produit. C’était dans la salle réservée aux personnalités les plus importantes. Présidents, Ministres, Diplomates et hauts fonctionnaires. Une salle pas ordinaire donc.
Dans sa course, un policier bouscule un collègue avant de renverser au passage quelques passagers.
Les gens courent dans tous les sens. Personne ne se donne le temps de poser des questions. D’ailleurs à qui le tour? Tout le monde étant préoccuper à se mettre d’abord à l’abri.
Un peu après, nouvelles pétarades. Toujours dans la même salle. Cette fois-ci, ce sont les ouvriers qui prennent la clé des champs avec une vitesse de compétition olympique. Chacun s’éloigne le plus que possible du bâtiment.
C’est alors donc qu’on se rend compte qu’il ne s’agissait pas d’un crash ou d’un attentat, mais plutôt un bâtiment qui tentait de prendre ses occupants en otage. C’est-à-dire, le très luxueux et le plus respectable salon VIP vient de céder. Staff, vitre, meubles, tout se réduit en petits morceaux.
Explications techniques. Au lieu d’un ouvrage digne de ce nom, l’entreprise était sur le point de présenter un vrai bricolage. Elle a été trahie par l’ouvrage. Les gens sur place n’ont dû leur vie sauve qu’à l’agilité de leurs jambes.
Et ce n’est pas la première fois. Selon plusieurs témoignages recueillis sur les lieux, il y a eu au moins quatre accidents pareils depuis le démarrage des bricolages, pardon des travaux d’extension et de réaménagement de ladite Salle. Selon nos sources, le Ministre de l’Equipement et des Transports, Hamed Diane Séméga ,aurait en personne sermonné violemment les responsables de l’entreprise chargée des travaux pour des fautes similaires.
En effet, c’est dans le cadre de l’aménagement de l’Aéroport international Bamako-Sénou que le Gouvernement du Mali a mobilisé plus de 16 milliards pour les travaux. Mais bizarrement, comme à leur habitude, les responsables du marché public ont trouvé les moyens d’attribuer cet important marché à une entreprise aussi drôle que son nom l’indique, GRANGERAI. Elle avait pour tout délai d’exécution huit mois. Mais, il y a plus de deux ans qu’elle traîne sur les lieux et pour du bricole. Impunément.
A supposer que les VIP en question se trouvaient dans leur Salle au moment du drame. Qui aurait pu éviter la pire des catastrophes ?
L’entreprise ne mérite-t-elle pas d’être poursuivie pour tentative d’homicide involontaire ? En tout cas, pour le reste du chantier, rien n’est rassurant. 17 milliards FCFA rien que pour des bricoles. C’est inquiétant !
Abdoulaye Niagaly