Un bastion des terroristes a été démantelé cette semaine à Mourrah. Cette opération qui a permis de neutraliser des centaines de terroristes a été saluée par la grande majorité des Maliens. En plus de la défaite infligée aux ennemis, cette opération antiterroriste de Mourrah a une conséquence immédiate : elle a permis la délivrance d’une population qui vivait depuis plus d’une décennie sous le joug des djihadistes.
Les nombreux commentaires font l’impasse des dures conditions qui régentaient la vie et les rapports sociaux de cette zone de pastoralisme devenue une zone de prédilection pour la galaxie extrémiste religieuse de la Katiba du Macina. Cette liberté recouvrée par ces populations innocentes grâce à l’intervention des FAMA est à saluer.
Dans un communiqué, en date du 1er avril dernier, l’armée malienne a annoncé avoir neutralisé 203 terroristes dans une opération aéroterrestre de grande envergure, menée du 23 au 31 mars 2022 dans la zone de Mourrah, dans le cercle de Djenné.
En plus de nombreux terroristes appréhendés et remis à la justice, l’opération avait également permis de saisir d’importants lots de matériel de guerre, en plus de la destruction de plusieurs dizaines de motos.
La polémique a dès lors enflammé la toile relative au bilan et les conséquences de l’engagement.
Mourrah faisait partie de ces nombreuses zones de non-droit, où évoluaient les groupuscules terroristes de toute obédience, profitant du désengagement progressif de l’État et de ses services.
Les populations civiles y avaient été soumises à de mauvais traitements imposés par les groupes terroristes.
Ainsi, selon plusieurs témoignages recueillis sur place, on apprend que le chef djihadiste de la Katiba du Macina, Amadou Koufa, avait dépossédé les autorités traditionnelles, en les dépouillant de toutes leurs prérogatives et les avait remplacés par des chefs de guerre de sa phalange.
La mainmise terroriste avait bouleversé de fond en comble l’organisation sociale de ce terroir, reposant sur une hiérarchisation et une répartition des ressources pratiquement séculaire.
Les djihadistes avaient fait main basse sur les bourgoutières, ressources indispensables à la seule activité de vie du milieu, l’élevage.
L’accès aux ressources était ainsi conditionné à l’acquittement d’excessifs prélèvements par l’imposition de lourdes zakats, voire des pratiques de dépossession justifiées par des édits prétendument religieux, mais n’ayant rien à envier au banditisme de grand chemin.
Sur le plan social et des relations communautaires, la population a vu son mode de vie radicalement modifié par substitution de pratiques antédiluviennes, à travers le recours à des fatwas obscurantistes interprétées par et pour le bénéfice des seuls djihadistes.
On ne le souligne jamais assez, mais l’opération de la semaine du 23 au 31 mars a libéré une population otage qui a accueilli l’engagement des FAMa comme une délivrance providentielle.
Pour les nombreuses familles qui ont longtemps subi les affres et les contraintes djihadistes, où n’étaient pas absents les règlements de comptes, l’intervention signe le retour de la protection de l’État, à la normale et la reprise des activités.
PAR MODIBO KONÉ