Sahel : Plus de 45 000 personnes frappées par la famine

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Pour la première fois au Sahel, 45 000 personnes devraient connaître des niveaux de faim catastrophiques (phase 5) – à un pas de la famine – dont 42 000 au Burkina et 2 500 au Mali, selon un rapport du cadre harmonisé de l’ONU. Les effets combinés de la persistance du conflit armé, des chocs climatiques, de la COVID-19 et des prix alimentaires élevés continuent d’aggraver la faim et la malnutrition dans la région.

Le nombre de personnes n’ayant pas régulièrement accès à des aliments sûrs et nutritifs devrait atteindre 48 millions avant la fin de cette année. Cette situation confirme également une tendance à plus long terme vers une expansion géographique de l’insécurité alimentaire dans la région. La situation nutritionnelle déjà sombre des communautés de la région est également en déclin avec 16,5 millions d’enfants de moins de 5 ans qui seront confrontés à une malnutrition aiguë en 2023, dont 4,8 millions d’enfants souffriront de la forme sévère débilitante, selon un rapport de l’ONU.

Il s’agit d’une augmentation de 83% de la malnutrition aiguë globale par rapport à la moyenne 2015-2022. Outre le caractère inabordable d’une alimentation diversifiée, nutritive et saine (en particulier pour les jeunes enfants et les femmes), les conflits et les déplacements de population sont l’un des principaux facteurs d’aggravation de la situation, entraînant un accès réduit aux services sociaux essentiels et affectant négativement les pratiques de soins. Entre 2019 et 2023, les incidents de sécurité ont augmenté de 79% dans la région, provoquant des déplacements massifs de population et perturbant l’accès aux terres agricoles et au fourrage.

Cette année, l’insécurité alimentaire aiguë est en passe d’atteindre son niveau le plus élevé depuis 10 ans en Afrique de l’Ouest et du Centre – selon une nouvelle étude de cadre harmonisée de l’ONU – avec une expansion inquiétante de l’insécurité alimentaire dans les pays côtiers, et des niveaux catastrophiques de faim dans les zones touchées par les conflits au Burkina Faso et au Mali où l’aide humanitaire est gravement entravée par l’insécurité.

De manière générale, la situation sécuritaire et humanitaire dans les huit pays du Sahel est extrêmement préoccupante, avec environ 35,2 millions de personnes nécessitant une forme d’assistance vitale. À ce jour, seuls 9,6 millions des 23,6 millions visés pour 2023 ont bénéficié d’une aide. Depuis juin dernier, environ 5,6 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur des frontières et le nombre de réfugiés a augmenté de 15% dans la région du Sahel central, en particulier à l’ouest du Niger.

Six travailleurs humanitaires tués

Alors que le conflit continue de s’intensifier au Soudan, des milliers de familles fuient vers le Tchad, mettant encore plus à rude épreuve les ressources d’une région où la situation humanitaire est extrêmement désastreuse. Les femmes et les enfants continuent d’être parmi les plus touchés et les plus vulnérables de la région, puisque près de 7 800 incidents de violence basée sur le genre ont été signalés au Burkina Faso, au Cameroun, au Tchad et au Mali.

Le contexte général d’intervention des agences humanitaires reste particulièrement difficile, en raison d’un grand nombre d’obstacles à l’accès et d’une situation sécuritaire tendue : depuis le début de l’année, six travailleurs humanitaires ont été tués alors qu’ils étaient en service au Burkina Faso, au Niger et au Nigeria.

Alors que l’année tire vers sa fin, les agences humanitaires n’ont reçu qu’un tiers des 4,6 milliards de dollars nécessaires à la mise en œuvre des activités prévues dans les plans de réponse humanitaire des pays pour 2023. 3,1 milliards supplémentaires sont nécessaires de toute urgence pour éviter des pertes de vies évitables et atténuer les souffrances de millions de femmes, d’enfants et d’hommes.

Cheick B CISSE

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