Plus de 12 millions de personnes sont menacées d’insécurité alimentaire dans les pays comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad, a alerté mardi une agence humanitaire de l’ONU.
Le programme alimentaire mondiale, agence relevant du système des Nations-Unies, donne des alertes sur une grave crise alimentaire qui pèse sur ces cinq pays du Sahel dans un document publié, le mardi 28 juin dernier. Le PAM indique que cette crise alimentaire est provoquée à cause des crises liées aux conflits sécuritaires, les alias climatiques, de l’impact économique de la Covid-19 et l’inflation des prix des denrées alimentaires, du carburant et des engrais. Pour le PAM, ces différentes conditions vont entraîner 12,7 millions de personnes dans une grave famine en 2022 au Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie et Tchad.
Sur les 12,7 millions de personnes menacées par la faim, poursuit le PAM, 1,4 million sont en situation d’urgence (IPC4), six millions d’enfants devraient souffrir de malnutrition aiguë cette année et des millions d’autres sont menacés.
Le chargé de la préparation et la réponse aux urgences au Bureau régional du PAM en Afrique de l’Ouest basé à Dakar, Alexandre Le Cuziat, a déclaré que « La faim aiguë est principalement due au conflit qui continue de favoriser des déplacements massifs de population et la violence empêche souvent les populations d’accéder aux marchés, aux champs ou à l’aide humanitaire ». Le PAM note que cette crise malienne est également due aux conséquences du choc climatique que subissent les pays du Sahel. « Une très mauvaise saison des pluies en 2002 », relève le document de l’agence humanitaire onusienne qui ajoute que cette mauvaise pluviométrie a limité la production alimentaire. S’y ajoute des obstacles au commerce régional, les retombées socio-économiques de la pandémie de Covid-19 et des effets d’entraînement du conflit en Ukraine qui, selon le PAM, a fait grimper les prix des denrées alimentaires et de l’énergie.
« Nous constatons également une autre conséquence du conflit en Ukraine, à savoir des pénuries d’engrais alors que la saison des semis est maintenant terminée », relève Alexandre Cuziat. Poursuivant que seulement 46% des besoins en engrais des cinq pays du Sahel ont été satisfaits. « Ce chiffre tombe d’ailleurs à 12% des besoins du Burkina Faso et 24% de ceux du Mali », ajoute le chargé de la préparation et la réponse aux urgences au Bureau régional du PAM. Pour lui, cette situation de pénurie pourrait entraîner une baisse de 20% de la production agricole dans la région en 2022 par rapport à la moyenne 2017-2020
« Réduction de financement »
Malgré cette crise alimentaire qui pèse sur la région du Sahel, le représentant du PAM déplore une baisse de financement que, selon lui, signifie que « le PAM ne peut aider que 300.000 des 1 million de personnes souffrant de faim aiguë que nous avions prévu d’aider – dans 3 des 9 provinces qui ont besoin de notre soutien – et avec seulement des demi-rations ». A cause de cette situation, le programme alimentaire a été contraint de réduire l’aide au moment où les besoins sont les plus importants. Avant même que le conflit en Ukraine ne fasse grimper les prix mondiaux des denrées alimentaires, du carburant et des engrais, le PAM indique dans ce document qu’il a été contraint de réduire les rations jusqu’à 50 % au Nigeria, en République centrafricaine, au Tchad, au Burkina Faso, au Cameroun, au Mali, en Mauritanie et au Niger en raison de la réduction des financements. Et pour éviter que le Sahel ne devienne une «catastrophe humanitaire totale », l’agence onusienne a besoin d’urgence de 329 millions de dollars au cours des six prochains mois pour ses opérations dans les cinq pays du Sahel.
Synthèse de Siaka DIAMOUTENE pour Maliweb.net
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